La justice a émis la semaine dernière des mandats d’arrêt internationaux contre quatre personnalités. Parmi eux, trois anciens ministres de l’ère IBK.
Les quatre personnalités visées par ces mandats d’arrêts sont : Dr. Boubou Cissé, ancien Premier ministre et ministre des finances, Tièman Hubert Coulibaly, ancien ministre de la défense et des anciens combattants. Mamadou Igor Diarra, également ex ministre de l’économie et des finances. La quatrième personnalité visée par la justice est l’ancien directeur de la banque malienne de solidarité BMS, Babaly Bah.
Ces personnes sont hors du pays pour la plupart. Selon un communiqué de la Cour suprême, elles sont poursuivies dans le cadre de l’affaire des détournements dans l’achat des équipements militaires. Un dossier dans lequel, plusieurs officiers supérieurs et des anciens ministres ont déjà été placés sous mandat de dépôt. Parmi eux, Soumeylou B Maïga, ancien ministre de la Défense (décédé en détention), Mme Bouaré Fily Sissoko, ex ministre de l’économie et des finances, Général M’Bemba Moussa Keita, ex chef d’état-major des armées, et l’ancien patron de la direction du matériel, des hydrocarbures et des transports de l’armée
Tiéman Hubert Coulibaly, l’ancien Ministre de la défense qui a pris la poudre d’escampette depuis plusieurs mois a été au cœur de certaines opérations d’achats d’équipements militaires. Dans ce cadre il pourrait éclairer la lanterne des enquêteurs. Le ministre Tiéman, fut débarqué du gouvernement en septembre 2016, suite à la prise de la ville de Boni (région de Mopti) par des djihadistes, Auparavant, une base des FAMa avait été attaquée à Nampala, au centre dans la région de Ségou, le 19 juillet 2016. Sollicité, le renfort n’est jamais arrivé faute d’équipements. Finalement, Tiéman Hubert fut éjecté du Gouvernement.
Boubou Cissé, ministre des Finances, à l’époque des faits, et Premier ministre du gouvernement, jusqu’à la chute d’IBK, a toujours cumulé la gestion de ces deux portefeuilles. Si les premiers scandales ne l’ont pas trouvé à l’hôtel des Finances, ceux relatifs à l’achat des hélicoptères cloués au sol ainsi que d’autres scandales financiers ont été commis pendant qu’il avait la main sur les Finances du pays.
La troisième personnalité vise par le mandat est Mamadou Igor Diarra, lui aussi ancien ministre de l’Economie et des Finances sous IBK. A ce titre, son nom est apparu dans le dossier.
Le dernier mandat d’arrêt concerne l’ancien directeur de la banque malienne de solidarité BMS, Babaly Bah. Quel rôle ce banquier a-t- il joué dans ce scandale financier ? La justice veut en savoir.
Ce scandale financier, parmi beaucoup d’autres, est intervenu sous la magistrature calamiteuse d’IBK. A l’époque, les autorités avaient attribué ce marché de 60 millions de dollars à la société sud-africaine Paramount, pour l’achat de véhicules blindés dont une grande partie n’a jamais été livrée… Le mandat d’arrêt daté du 25 juillet 2022, “fait suite à l’ouverture par la chambre d’instruction de la Cour suprême du Mali d’une information judiciaire sur les faits qualifiés de crime de faux et d’usage de faux, d’atteinte aux biens publics et de complicité de ces infractions, faits liés à l’affaire du marché public dit Paramount. » , précise un le communiqué de la cour suprême.
Il est à préciser, c’est un pactole de 1230 milliards de francs CFA qui avait été décaissé pour l’exécution de la loi d’orientation et de programmation militaire. Cependant, c’est un véritable festival qui a été organisé autour de cette colossale somme. Conséquence ? Des enquêtes sont ouvertes sur la gestion de cette Loi d’orientation et de programmation militaire sous l’ancien régime.
Selon un Rapport élaboré en 2018 par le Canada, les Autorités maliennes ont dépensé de manière irrégulière 1,3 milliard $ de ressources publiques entre 2005 et 2017 et 35,5% de ce montant relèverait de la fraude.
Cette corruption endémique a d’ailleurs eu des répercussions sur les performances du pays au plan sécuritaire.
En effet, sous le Régime défunt, l’Assemblée Nationale avait adopté, en février 2015, une Loi d’orientation et de programmation militaire. L’adoption de cette Loi devrait permettre d’enclencher le processus de la réforme progressive de l’Armée. Ce programme quinquennal (2015-2019) devrait permettre de mobiliser un fonds spécial de plus de 1000 milliards de francs CFA. Cette Loi prévoyait également la transformation en profondeur de l’Armée en termes de ressources humaines, de formation, d’effectifs et d’équipements militaires modernes, mais aussi d’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel et du commandement.
Cependant, des faits avérés de surfacturation dans la dotation des FAMA de matériels et d’équipements militaires neufs avaient été dénoncés par le Fonds Monétaire International en 2014 et attestés par le Rapport du Vérificateur Général. Sur l’achat des équipements militaires et de l’avion présidentiel, il y a eu aussi de forts soupçons de détournements, de surfacturations et d’escroquerie dans la passation des contrats.
Ces initiatives prises par les autorités judiciaires, visent à faire la lumière dans cette affaire de détournements de fonds d’armes. Depuis leur arrivée au pouvoir, les autorités ont fait de la lutte contre la corruption, leur cheval de bataille.
Mémé Sanogo
Source: L’Aube