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Sauver le Mali d’un chaos imminent

Le discours dit de « rupture« de Choguel Maïga à la tribune de l’ONU ; les rassemblements dits de  » soutien  » aux autorités de la transition à Bamako et Nioro du Sahel ouvertement hostiles à la France, à la CEDEAO, à l’ UA, à l’ONU et pro Russie à volonté ; l’appui immodéré du puissant guide des hamallistes, le Chérif Mohamed Bouyé Haïdara, à la prorogation de la transition ; les campagnes hystériques en faveur de celle-là sur les réseaux sociaux ; l’émergence d’un groupe de choc usant de la violence verbale-y compris les menaces de destruction de biens privés et de mort- contre les adversaires de la prorogation de la transition qualifiés de « toubabs noirs pires que les Français « ; les déclarations de ralliement  confinant à  l’allégeance au pouvoir en place de divers leaders d’organisations de la société civile ou à caractère socio-professionnel. Ajoutons-y les actes de défiance posés par le gouvernement  lui-même face aux exigences de l’organisation sous-régionale et, par-delà elle, de toute la communauté internationale, d’aller à des élections présidentielle et législatives le 27 février 2022, avec des réformes limitées au seul processus électoral et de laisser la refondation du Mali, œuvre titanesque qui ne s’accomplira pas en un mois, aux autorités légales issues de ces scrutins.

Tout ce branle-bas coûteux en énergie, en temps et en argent pour un pays qui en gagne de moins en moins et manoeuvres dilatoires n’auront eu aucun effet sur la CEDEAO. Elle est restée inflexible sur sa conduite du cas malien, guidée par la seule observance des dispositions de son protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance dont le Mali est signataire. Les autorités en place à Bamako sont tenues de réaliser des avancées tangibles dans la préparation des élections à la date non révisable du 27 février 2022. Faute  de quoi , en plus des sanctions ciblées dont elles font l’objet depuis le 7 novembre, elles devront faire face à des sanctions supplémentaires notamment économiques et financières à partir du 1er janvier prochain. Autant dire que cette fois-ci ce sont le Mali et sa population qui seront frappés.

On imagine ce que cela représente pour un pays enclavé, ne produisant qu’une infime partie de ses besoins les plus courants, ne devant sa survie qu’à l’endettement extérieur, de surcroît fragilisé par une guerre indépendantiste mise en veilleuse depuis trop longtemps, des assauts terroristes à profusion et toujours plus meurtriers, une insécurité qui n’épargne aucun espace du territoire national, un conflit intercommunautaire qui prend chaque jour un peu plus des allures de guerre civile.

Le pire viendrait de ce que les sanctions de la CEDEAO soient relayées par les partenaires internationaux, ce qui a commencé à se faire depuis hier lundi. L’UE vient d’annoncer qu’ elle a modifié son régime des sanctions au vu de la situation au Mali pour pouvoir imposer des mesures d’interdiction de voyager, de gel des avoirs et d’appui financier à des personnes et entités responsables d’entraver la mise en œuvre de sa transition politique.

De son côté le Conseil de sécurité de l’ONU, dans sa résolution 2590 du 30 août 2021 reconduisant pour une année supplémentaire le régime des sanctions applicables aux personnes qui font obstacle à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, avait exhorté les autorités de la transition à organiser l’élection présidentielle le 27 février prochain,  conformément au calendrier électoral publié le 15 avril 2021, rappelant que ni le président de la transition ni son premier ministre ne peuvent participer à ce scrutin.

Il serait donc suicidaire pour le Mali de s’aliéner deux des organisations les plus puissantes à l’échelle planétaire, qui lui apportent un concours précieux au triple plan sécuritaire, du développement et du bien-être pour ses populations. Aussi urge-t-il pour ceux qui ont pris la responsabilité de porter son destin en cette période d’exception et d’incertitude de s’accorder, sans plus de retard, avec la CEDEAO pour éviter à notre pays des lendemains plus dramatiques que ceux qu’il a vécus jusqu’ici. Celle-là préconise la dissociation de l’organisation des élections des Assises nationales de la refondation de l’Etat et des signaux forts illustratifs de la volonté des autorités d’aller aux élections annoncées pour le 27 février 2022. Lesquels, dans la situation actuelle, se présentent comme l’adoption au plus tôt par le CNT du projet de loi électorale déposé sur sa table par le gouvernement et la publication par ce dernier d’un chronogramme électoral qui, à défaut de confirmer la date fétiche du 27 février prochain, s’en rapprocherait de façon acceptable par les partenaires régionaux et internationaux du Mali. C’est de cette seule façon que les tenants du pouvoir pourront sauver le Mali du chaos qui frappe à ses portes.

Saouti HAIDARA

Source: l’Indépendant

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