Au Mali, la polémique enfle autour de l’état de santé du Premier Ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga.
En effet, dans une déclaration sur les réseaux sociaux, des maliens regroupés en association, demandent au PM de se mettre en congé du pouvoir, assurant que son état de santé ne lui permettaient plus de diriger le pays. Ils prient instamment le PM de « suivre les indications de ses médecins et de se reposer sans plus rien attendre ». Peu avant ces organisations de la société civile, c’est l’opposition démocratique, qui s’interroge sur l’état de santé du PM avec un ton empreint de colère en ces termes : « Pourquoi le PM nous cache-t-il son état de santé ? » « Il devrait comprendre qu’il appartient au domaine public », avait-elle ajouté.
En tout cas, les absences prolongées de Choguel à la Primature et aux Conseils des ministres, ont nourri la spéculation et la rumeur, si fait que de nombreux hommes politiques, de la transition comme de l’opposition, ne cachent pas leurs inquiétudes quant à la situation de blocage que cela pourrait engendrer. C’est pourquoi tous lui demandent de se conformer aux conseils de son médecin. Reste maintenant à savoir si ces appels du pied seront entendus. Car, sous nos tropiques, on a vu et voit toujours des dirigeants politiques grabataires s’accrocher à leur fauteuil, refusant ainsi de s’imaginer une autre vie en dehors du pouvoir.
Que devient le PM Choguel?
Il y a plus d’une semaine que le chef du gouvernement de la transition au Mali a cessé le travail. La Primature indiquait que Choguel avait été mis au « repos forcé » par son médecin après «quatorze mois de travail sans répit ». Depuis, plus aucune information officielle, ce qui alimente les rumeurs, notamment sur les réseaux sociaux.
« Il va bien », rassure l’un de ses proches, « rien d’inquiétant », enchérit un autre. Selon plusieurs de ses proches, Choguel Maïga se remet de son malaise.
De nombreuses sources affirment que le Premier ministre a été victime d’un AVC ou, en tout cas, d’un problème cardiaque. Ce que l’un de ses proches dément, sans préciser.
Choguel Maïga a d’abord été hospitalisé dans une clinique privée de Bamako : s’y trouve-t-il toujours ? A t-il été évacué à l’étranger ? Pourrait-il l’être ?
Sur les réseaux sociaux et chez de nombreux interlocuteurs, les interrogations vont bon train : la Tunisie, le Maroc, l’Algérie, l’Arabie saoudite ou encore la Turquie sont cités. Sur ce point, les proches de Choguel Maïga préfèrent ne pas répondre.
Même réaction à la Primature, où l’on refuse de commenter des «rumeurs ».
Quid de l’intérim ?
Sur la question de l’intérim : en vertu d’un décret adopté en juillet 2021, c’est le ministre de la Défense, le premier par ordre de nomination, qui remplace le Premier ministre en cas de besoin. Mais cet ordre protocolaire n’a pas été respecté. Le colonel Abdoulaye Maïga, le ministre de l’Administration territoriale et le Porte parole du gouvernement, l’un des cinq colonels à l’origine de la fin du pouvoir d’IBK, en août 2020, assume depuis le dimanche soir cette fonction d’intérimaire du PM.
Le colonel Assimi Goïta l’a désigné pour remplacer le Dr Choguel Kokalla Maïga, hospitalisé depuis plus d’une semaine.
La Primature indiquait que Choguel «reprendra[it] ses activités Inch’Allah» au cours de la semaine dernière. Et toujours est-il que les maliens attendent impatiemment.
C’est le lieu même de reparler plus globalement de la santé de nos hommes d’État sur le continent. Très peu de dirigeants africains acceptent de rendre public leur bilan médical. Si fait que même quand ils souffrent dans leur chair, ils tentent de le cacher. C’est le cas, par exemple, de l’ex-président nigérian Umaru Yar-Adua, décédé en 2010, de problèmes rénaux longtemps cachés au grand public. On oublie volontiers les cas des grands timoniers comme Omar Bongo Ondimba du Gabon, Gnassingbé Eyadema du Togo qui, jusqu’aux dernières heures de leur vie, s’efforçaient de nier l’évidence. Peut-être oubliaient-ils que la nature, très jalouse, ravit, au fil des ans, par petites doses, les forces qu’elle nous a prêtées.
En attendant, il faut espérer que le PM Choguel, lui, entendra le cri de cœur de ses compatriotes, en reconnaissant qu’il est juridiquement “empêché”. Il y va non seulement de son intérêt mais aussi de l’avenir du Mali qui, depuis l’arrivée de Choguel, connaît jusque-là des hauts et des bas.
Jean Pierre James
Source : Nouveau Réveil