Alors que les politiques dont le procès est en cours suspectent les tombeurs du Président Ibrahim Boubacar KEITA d’accaparer le pouvoir, ces derniers mettent un point d’honneur à les tenir à bonne distance de la gestion de la Transition. De là sont nées les objurgations de ‘’non-inclusivité’’ et de ‘’gestion solitaire’’ que brandissent tour à tour le M5-RFP qui souffre du mépris affiché de sa ‘’légitimité historique’’ dans le changement de régime, une coalition de partis politiques, les mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
Ainsi, les politiques et les organisations de la société civile montrent leurs muscles à coups de déclarations martiales à propos du décret N°2020-0142/PT du 9 novembre 2020 portant désignation des membres du Conseil National de Transition et du décret N°2020-0143/PT du 9 novembre 2020 fixant la clé de répartition du Conseil National de Transition. Le Président de la Convergence pour le développement du Mali (CODEM) Housseini Amion GUINDO proteste : « la tutelle de la politique est le ministre de l’Administration territoriale. Entre nous, il y a un cadre de concertation où des échanges et des débats sont tenus autour de certains sujets avant qu’une décision ne soit prise. Rien de tout cela n’a été fait ». Amadou GOITA, Président du Parti PS/ Yeelen Kura renchérit : «on n’a pas apprécié la façon cavalière avec laquelle les nouvelles autorités ont procédé à ces décisions. On n’aurait dû passer par le cadre de concertation qui existe entre le gouvernement, à travers le ministère de l’Administration territoriale et les partis politiques autour des grandes questions de la nation ». Moussa Sey DIALLO, élu communal URD n’en demeure pas moins amer : « la Transition qui s’efforce à se créer une opposition ».
Du côté des nouvelles autorités, on s’installe confortablement dans une logique de rebattre les cartes et de redistribuer les rôles des intervenants en gardant le plus possible la main sur le jeu politique. Le déluge d’accusations n’est pas ressenti plus qu’un coup de cure-dent dans le dos.
Dernière mise en garde politique en date, au cours de la cérémonie de présentation de vœux tenue au siège du parti à Bamako, le président de l’UM-RDA FASO JIGI, El Hadj Baba HAIDARA dit Sandy, exprime : « notre souhait est que les autorités de cette période charnière respectent le souhait des Maliens : la durée de 18 mois fixée. En clair, on ne se fait pas confiance, même si tous jurent la main sur le cœur de leur engagement pour une ‘’Transition réussie’’. Ainsi, après la pipolisation de la politique qui vaut aux politiques aujourd’hui une lapidation sur la place publique, place à la télé-réalité dans la politique avec cette plongée dans un abîme de polémiques sans fin. Face à un agenda inédit et illisible pour beaucoup et aux crispations politiques, il urge de panser la Transition. Alors le ‘’Mali kura’’ est-il un mirage ou un horizon ?
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN