Parmi les réformes majeures à effectuer pendant la transition figure la révision constitutionnelle. Et le nouveau Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA, à l’entendre, veut maintenir cette réforme. Mais en faisant une comparaison de ses déclarations, il joue à la duperie lorsqu’il affirme « la révision constitutionnelle respectera l’article 118 ». Est-ce à dire que dans six mois que le pays sera totalement pacifié alors que l’armée est absente sur une grande partie du territoire national ?
Après l’échec de plusieurs tentatives de réviser la constitution du 25 février 1992 devenue caduque au fil des années. Sa révision pour les acteurs politiques et de la société est aujourd’hui une nécessité. Comme son prédécesseur, le chef du gouvernement Choguel Kokalla MAIGA envisage également de faire des réformes politiques et institutionnelles dont la révision de la loi fondamentale, malgré l’opposition d’une partie de la classe politique qui évoque le problème de légitimité de la transition.
Ainsi, pour afficher son attachement à ces réformes, le Premier ministre lors de la série de rencontres avec les partenaires sociaux et acteurs politiques, n’a cessé d’évoquer le sujet. Parce que Choguel estime qu’en résumant la transition seulement à l’organisation des élections sans de nouvelles bases de gestion, le pays ne finira pas avec les coups d’Etat. Donc, pour rassurer des partis politiques qui le soupçonnent de créer les conditions de prolonger le mandat de la transition, le Premier ministre affirme qu’en six mois, il peut tenir les réformes politiques et institutionnelles.
Mieux, il déclare que le contenu de ces réformes va être élaboré par des experts nationaux au détriment des experts étrangers qui sont payés à coût des milliards de FCFA.
« En 1960, en 1974 et en 1991, ce sont des Maliens qui ont élaboré notre loi fondamentale. Pourquoi en 2017, les autorités ont sorti 1 million d ‘Euro soit plus de 650 millions de FCFA pour faire un projet de Constitution pour le Mali, pour ensuite annuler la procédure de révision. Et pourquoi en 2020, l’Etat Malien fait de nouveau recours à un cabinet étranger pour l’aider à faire des réformes, alors que nous en avons les compétences nationales ? Avec notre gouvernement ses pratiques sont terminées. C’est l’expertise nationale qui sera systématiquement mise à contribution pour toutes les réformes. Il y va de notre crédibilité », a déclaré Choguel MAIGA.
A travers ces propos, l’on note la volonté sans équivoque du Premier ministre de conduire les réformes tout en restant fidèle à la Charte de la transition sur les 18 mois. Mais en faisant une comparaison de ses déclarations avec son discours tenu lors de son premier Conseil de cabinet, il y a matière à équivoque.
En effet, ce jour, Choguel lie la révision consensuelle et inclusive de la Constitution au respect de son article 118. Or, cet article stipule qu’aucune révision constitutionnelle ne peut être engagée lorsqu’une partie du territoire national est occupée. S’il faut respecter cette exigence, toutes les déclarations du PM sur la révision constitutionnelle est une leurre. Parce que ce n’est pas en trois, quatre mois que le pays pourrait récupérer son territoire occupé.
Alors même qu’au même moment, le village Dinagourou est assiège par des groupes terroristes depuis des semaines. Avant, c’était Farabougou pendant 6 mois. Le blocus des terroristes sur ce village a été levé grâce à une médiation du Haut conseil islamique. Alors on se demande quel fait d’armes peut nourrir l’espoir du peuple malien qu’en 6 mois, le Mali sera entrera en possession de l’entièreté de sa superficie ?
En somme, la révision de la constitution ne peut pas se dissocier de la reconquête des zones occupées par des terroristes.
Face à la situation, puisqu’il a promis de rompre avec l’ancien système de gouvernance, sans faire de jeu politicien, il doit oser informer clairement l’opinion nationale que la situation actuelle ne permet pas une révision constitutionnelle. C’est ça aussi la rupture dans la gestion.
Par Sikou BAH
Source : INFO-MATIN