L’histoire, si elle n’est pas un remake, semble avoir clairement choisi de bégayer aux bords du fleuve Niger. Trente ans après les tueries en masse d’enfants mineurs et de femmes aux mains nues évalués en procès crimes de sang à 23 morts, en juillet 2020, une allégation de répression sanglante et aveugle de jeunes manifestants pacifiques qui cassent et incendient les édifices publics et la télévision nationale est mis au goût du jour pour frayer le chemin de la sortie à un dirigeant devenu manifestement autiste et totalement coupé de la réalité de son peuple.
Pour les besoins de la cause, on s’est accordé à porter le chapeau des «tueries des 10, 11 et 12 juillet 2020» à la FORSAT, dont on a dit avoir vu déployé dans tous les coins de rue de Bamako, et partout où il y a eu manifestation, y compris à Sikasso et à Kayes. Du fameux chiffre magique des «23 morts», on est revenu à 13 morts, parce qu’entre temps, le temps des réseaux faisant, certains morts n’étaient pas morts tandis que d’autres morts n’étaient pas du nombre des morts pour la cause. En dépit de la protestation de la grande muette contre sa mise en cause dans ces évènements et l’action commune concertée de l’ensemble des forces de défense et de sécurité qui a conduit au 18 août 2020, les combinazione politiciennes ont du mal à se mettre à jour. L’armée parle d’une seule voix, à contrario, la politique fait dans la cacophonie.
Il faut rappeler que l’article 3 de l’arrêté N°2016-0592/MSPC du 22 mars 2016 portant création et composition de la Force spéciale anti-terroriste de la sécurité est sans équivoque sur compétence de la Force Spéciale Anti-Terroriste (FORSAT), ses conditions de déploiement sur le terrain pour l’exécution de missions précises. L’article 3 de l’arrêté ci-dessus cité explicite en effet : si « la FORSAT a une compétence nationale (elle) n’intervient que sur ordre du ministre de la Sécurité».
En absence de ministre de la Sécurité et de la protection civile, qui a bien pu ordonner aux Forces spéciales anti-terroristes (FORSAT) de massacrer les jeunes manifestants innocents du M5-RFP qui n’ont fait que casser et brûler quelques édifices, la télévision nationale, des biens publics et privés ?
Comme lors du procès crime de sang, la question ne sera pas répondue. Le Général Moussa TRAORE, paix à son âme, en vrai Chef militaire, a assumé : voici ma tête, je l’offre si mon sacrifice permet à mon peuple de retrouver à paix, la cohésion et la concorde. Où est la hauteur des chefs qui l’ont suivi ? Sans justifier ni amnistier le mouvement d’humeur des Policiers, disons que la question n’est pas aujourd’hui si c’est le Commandant Oumar SAMAKE qui a donné l’ordre à ses hommes de tirer sur les manifestants (parce que tout le sait que légalement et techniquement il n’en avait ni l’autorité ni les moyens) mais qui a donné l’ordre de le libérer du cachot où les juges l’ont traîné sans ménagement comme Soumeylou Boubèye MAIGA, ancien ministre de la Défense et des anciens combattants et ancien Premier ministre ? Qui ? Qui est cette autorité discrète qui a discrètement donné l’ordre de libérer le commandant ?
PAR BERTIN DAKOUO
Source : Info-Matin