L’espoir de la concrétisation de la lutte contre la corruption au Mali, qui semblait prendre son envol avec l’arrestation du président de l’APCAM, Bakary TOGOLA, suscite déjà des doutes au sein de l’opinion. À l’allure où les dossiers sont traités, l’on est tenté de croire à l’orchestration d’un grand bluff.
Au moment où le peuple s’attend à une suite concernant les grands dossiers qui traumatise la nation tout entière : l’affaire des avions cloués au sol et l’achat des équipements militaires, l’affaire des 741 milliards…, c’est plutôt d’autres dossiers moins costaux qui sont privilégiés. L’on assiste à la traque des ‘’petits poissons ‘’ alors que les ‘’gros’’ qui doivent plutôt se justifier des milliards sont loin d’être inquiétés.
L’arrestation de Bakary TOGOLA avait donné l’espoir aux Maliens que le moment tant attendu de restituer à l’État ses milliards volés était enfin arrivé. Cet espoir a été renforcé par un appel à témoin du Procureur Mamoudou Kasongué, concernant l’affaire des avions cloués au sol et toutes les autres enquêtes au niveau du Pôle économique. Mais hélas ! Depuis ce grand boucan, les choses peinent à évoluer comme le souhaitaient beaucoup de Maliens.
Pire, le procureur a été très vite contrarié lorsque le président de l’Assemblée nationale a écrit au PM pour savoir sur l’ouverture d’une enquête sur le dossier des avions cloués. La réponse était négative et donnant la voix libre aux députés de mettre en place leur commission parlementaire sur ladite enquête.
Le jeudi dernier, pour atteinte aux biens publics, faux et usage de faux, le maire de Baguinéda et certains de ses complices ont été mis sous mandat de dépôt par le Procureur du Pôle économique. Aussi, pour des affaires de spéculation foncière, le préfet adjoint de Kati a été écroué à la Maison centrale d’arrêt de Bamako-Coura. Si ces initiatives sont salutaires, le peuple du Mali assoiffé de justice attend mieux que tout ça de la part des autorités.
Aujourd’hui, les Maliens veulent connaitre la vérité sur l’affaire des avions militaires cloués au sol. Aussi, il se murmure que des douaniers sont dans le viseur de la justice pour justifier des sommes faramineuses.
Selon certaines informations, plusieurs dossiers concernant les affaires de corruption se trouvent au niveau du Pôle économique et financier.
En ce qui concerne le dossier des avions cloués au sol, des sources indiquent que les auditions se poursuivent. Des indiscrétions rapportent que 25 hauts gradés de l’armée ont été auditionnés et une vingtaine doit être de nouveau auditionné dans les jours à venir.
D’autres sources révèlent qu’un cadre de l’administration est incriminé pour avoir construit un immeuble d’une valeur de plus de 200 millions FCFA pour son fils. De même, plus d’une cinquantaine de douaniers véreux seraient soupçonnés d’avoir détourné plus d’une dizaine de milliards de FCFA au bureau du pétrole. Tous ces dossiers attendent sur le bureau du Procureur du Pôle économique.
Tout comme les menus fretins, les gros poissons, qui doivent justifier des milliards, doivent aussi répondre de leurs actes. Il ne faudrait pas que l’espoir s’estompe après avoir donné l’assurance que rien ne sera plus comme avant et que tous les délinquants financiers seront traqués et jugés conformément à la loi.
La balle est alors dans le camp des autorités compétentes qui doivent montrer à l’opinion que tous les citoyens sont égaux devant la loi et que tout le monde doit répondre de ses actes.
PAR MODIBO KONE
Info Matin