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Sans Tabou: l’objectivité face à l’objectif

Sous les tropiques maliens, la vérité et le réalisme semblent avoir pris le parti des sables mouvants. Quand tu t’y aventures, tu t’y embourbes… tel dans les flots de la géhenne, pourchassé et lynché par toutes les meutes d’affidés et de coteries estampillées. L’écoute étant la chose la moins partagée par ces temps de célérité du flux informationnelle, la vérité reste un fléau comme par le passé, et le réalisme dévient un situationnisme des plus abjects. Les fonds des cartes restent toujours truqués.

 

Le problème que nous avons est politique, éminemment politique. Les politiques, de tous bords qui ont opté pour des jupes et des perruques veulent détourner l’attention de leur abdication sur les vrais faux malparlage et malgouvernance de la Transition avec comme cible prioritaire le Premier ministre dont le tort a été d’être maintenu alors que le reste de la classe politique a été jeté par-dessus bord lors du dernier remaniement.
Qui a la rancune plus tenace qu’un politicien ? Personne ne voudrait plaider la cohérence et la logique d’un Premier ministre qui s’est assujetti en parole avec les colonels plus que tous les autres politiciens : «personne ne me verra trahir les militaires», avait-il dit à l’époque. Au Mali, la parole étant d’or, comment voudrait-on que ce «fils de noble» manque à la sienne ?

Ceux qui ne connaissent même pas dans quelle phase de la transition sommes-nous pensent pouvoir déceler dans le discours prononcé à l’occasion de la présentation au gouvernement du rapport annuel du Cinsere-ANRs un manque de loyauté et fuite en avant. Ainsi, sur un extrait de 20 secondes d’un discours de 17 minutes, ils font leur religion et rendent leur verdict : Choguel le lâcheur en plein vol vient de jeter les militaires en pâture et à la vindicte populaire.
Ruminant leurs rancœurs contre les militaires que la quasi-majorité souhaite voir couler, cravater et mettre hors d’état de nuire (y compris au moyen d’une intervention étrangère, genre raid d’Entebé), certains choisissent de régler leurs petits comptes avec le locataire du 4e étage de la Cité administrative et prient tous les dieux que les militaires se débarrassent de Choguel. Pourquoi ? Peu importe le contexte, le Koroboro emmerde tout le monde.

Une phrase sortie de son contexte peut être un missile nucléaire avec beaucoup de dégâts collatéraux. Ayant fait choux blancs dans la cabale pour crime de lèse Alpha, on a cru trouver la parade à travers une phrase tronquée du discours du Premier ministre à l’occasion de la présentation du rapport du Cinsere. Il faut liquider ce PM, avant qu’il ne vous lâche. Pour la suite de la Transition, soldats vous ne pouvez pas compter sur lui, il manque de loyauté, il va vous lâcher… Parce qu’il a employé un adverbe à la place d’un autre ? Sommes-nous en concours d’agrégat de français ? Pour des gens qui ne se consolent pas toujours du départ de la France, qui en réalité est partie d’elle-même (ce n’est pas le Mali qui l’a chassé). Elle veut partir, «Allah Ka se ni aw gnouma ye» !

Sinon, le réalisme du Premier ministre n’a rien de suspect. Dans la première phase de la Transition, on a précédé à la diversification des partenariats, renforcement de l’armée, lutte contre le terrorisme par nous-mêmes. Aujourd’hui, le Mali est la deuxième puissance militaire aérienne de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel derrière le Nigéria. Donc la Défense est en train de s’affirmer progressivement avec Sadio Camara.
Dans la seconde phase, grâce au chef de la diplomatie, Abdoulaye Diop, notre pays a réussi à imposer le respect de notre indépendance et notre souveraineté à tous les partenaires qui hier seulement nous prenaient encore de haut. La diplomatie patriotique a porté ses fruits.
Il est donc logique que la troisième phase de la transition soit consacrée au Développement : relance économique à travers des projets structurants, création d’emplois pour les jeunes, soutien au secteur privé, grand pourvoyeur d’emplois, approvisionnement du pays, stabilisation des prix… Avec deux As de l’économie et des finances, Alousseyni Sanou et Moussa Alassane Diallo l’espoir est permis.


Dans la guerre informationnelle, peu importe l’objectivité face à l’objectif. Chacun sait la dédicace du Premier ministre et de tous les membres du gouvernement pour la mission patriotique et historique de mener à bien la transition. Mais, il serait très naïf de croire que les politiciens de notre pays vont accepter si simplement et si facilement d’aller au chômage sans solde sans coup férir.
Attendons voir.

PAR Abdoulaye OUATTARA

Source: Info- Matin
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