Le Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) qui a déstabilisé le régime IBK en 2020 à travers des marches, des meetings, des rassemblements, des conférences de presse et des déclarations chocs, traverse aujourd’hui à une phase critique de son existence. Après la pluie, ce n’est visiblement pas le beau temps au sein de ce mouvement hétéroclite. Au contraire, c’est la descente aux enfers. Miné par des divisions internes et plus particulièrement au sein du Comité stratégique, le M5-RFP ne représente plus que l’ombre de lui-même. Cette descente aux enfers a commencé avec la nomination du président du Comité stratégique, le Dr Choguel Kokalla MAIGA, à la Primature. À l’allure où les choses vont, le M5 ne va-t-il mourir de sa belle mort avant l’élection présidentielle ?
Après avoir contribué largement au renversement du régime IBK, des responsables du M5-RFP prennent part aujourd’hui à la gestion de l’État au plus haut sommet. Le mouvement n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Il lorgne grand et envisage de briguer la magistrature suprême lors de l’élection présidentielle à venir. Cette intention a été dévoilée par la branche politique du mouvement lors d’une conférence de presse.
Mais, selon des observateurs de la scène politique, tous les ingrédients sont réunis pour que ce projet ne prospère pas. Ce, d’autant plus que le mouvement est éclaboussé par une division qui risque d’être fatale à sa survie.
Des signes avant-coureurs montrent que le M5-RFP qui a atteint son apogée avec la chute d’IBK est désormais en chute libre, si rien n’est fait pour sauver ce qui peut l’être.
Il y a quelques semaines, le Comité stratégique a suspendu jusqu’à nouvel ordre 6 personnes à savoir : Ousmane Doumbia, Daba Diallo, Salime Makadji, Dr Afo Traoré, Nouhoum Doumbia et Konimba Sidibé. Une suspension qui a suscité la réaction de certains hauts placés du mouvement à l’image de Mme SY Kadiatou SOW et l’ancien ministre Konimba SIDIBÉ.
Encore ce mardi 10 mai 2022, à travers une déclaration qui porte les signatures de Tiémoko Mahamane Maïga, l’honorable Bouba Traoré, Aliou Sankaré, Ibrahim Ikassa Maïga, Abdel Kader Maïga, Abraham Douah Cissoko l’opinion nationale a été informée que Cheick Oumar SISSOKO est démis de ses fonctions de coordinateur d’Espoir Mali Koura (EMK), membre fondateur du M5.
Pour Cheick Oumar SISSOKO, cette décision est l’action des gens téléguidés par les promesses de postes et d’argent de Choguel. Il a déclaré que Choguel Kokalla MAIGA a échoué sur toute la ligne à réussir une bonne Transition. ‘’Choguel a trahi le M5-RFP. Alors il essaie encore une fois d’amuser la galerie pour faire oublier son échec patent provoqué par sa mythomanie, sa logomachie et sa boulimie de l’argent’’, a-t-il réagi.
De son côté, dans une réaction postée sur sa page Facebook, hier jeudi 12 mai, Konimba SIDIBE a lancé des piques à Choguel Kokalla MAIGA en ces termes : « on est désormais dans le ‘’après moi, le déluge’’, le ‘’moi j’ai échoué, après moi personne ne réussira’’, la politique de la terre brûlée, la terre Mali brûlée ».
Il regrette la tournure des événements après cette héroïque et historique lutte du Peuple malien sous le leadership du M5-RFP qui a ouvert grandement la voie à la satisfaction des aspirations profondes des Maliens qui y ont cru et s’y sont engagé au prix de sacrifices énormes, le prix du sang.
« Qu’ils se le tiennent pour dit, les patriotes ne céderont pas un pouce de terrain aux imposteurs, aux opportunistes, ni aux nouveaux et anciens prédateurs de l’État. Nous n’abdiquerons jamais.
Restez mobiliser, la victoire finale est au peuple, inexorablement. Ne permettons à personne de nous divertir, de diviser le M5-RFP, de diviser les entités membres du M5-RFP, de diviser toute la classe politique, de diviser et clasher les syndicats de travailleurs, de diviser la société civile, de diviser les notabilités et les leaders religieux en les opposant aux politiques, en fracturant le pays à travers le négationnisme de la révolution du 26 mars 1991 et le discours de restauration d’un régime de dictature et d’oppression auteur de crimes atroces contre le peuple malien, contre de nombreux patriotes et démocrates maliens, un régime qui a tiré à bout portant sur les manifestants aux mains nues (très jeunes pour la plupart) dont beaucoup peuplent aujourd’hui le carré des martyrs, qui a embastillé et assassiné le Président Modibo Kéïta en prison. Chanter les louanges de ce régime, c’est trahir tous ces martyrs de la cause Mali. Nous ne l’accepterons jamais, jamais nous ne trahirons ces martyrs et ceux de la lutte du M5-RFP », a craché Konimba SIDIBÉ.
En tout cas, de la chute du Président IBK à nos jours, beaucoup de choses sont passées au sein du M5. Après le beau temps, c’est désormais la chute libre au sein de ce mouvement qui a drainé en 2020 dans les rues de Bamako des milliers de manifestants contre le régime IBK. Pouvoir, quand tu nous divises !
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin