Le très prévenant gouvernement de la Transition qui n’a jamais osé demander la fermeture des lieux de culte et des marchés, au cours de ce mois de janvier autorisé la réouverture des classes, des cours et tribunaux, des infrastructures culturelles, artisanales et des lieux de loisirs, mais aussi la reprise des activités culturelles, artistiques, ludiques et touristiques.
Ce retour à la presque normale qui n’a rien à voir avec le contrôle et la maîtrise de la situation de la pandémie de la Covid-19 dans notre pays, voudrait dire que chacun désormais peut désormais mener librement ses activités dans le cadre du respect des mesures barrières. En tout cas, des soutiens bruyants de la Junte ne se sont jamais privés de bain de foule et de mobilisation des centaines voire des milliers de leurs partisans, dès fois encadrés par les forces de l’ordre avec la bienveillance des autorités elles-mêmes. Depuis, c’est l’annonce et la tenue des festivals et autres évènements culturels au grand dam des mesures barrières.
Comment, dans ces conditions, notre pays, le Mali démocratique, la République du Mali, fondé sur les principes démocratiques et républicains, d’égalité des citoyens, qui prohibe entre eux toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée (article 2 de la Constitution), qui prône et cimente dans la Constitution, pour toute personne, la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion, d’expression et de création dans le respect de la loi (article 4), qui reconnaît et garantit, la liberté d’aller et venir, le libre choix de la résidence, la liberté d’association, de réunion, de cortège et de manifestation (article 5) puisse frapper certains de ses citoyens d’ostracisme comme s’ils étaient sous le coup d’un bannissement ?
Or, jusqu’à preuve du contraire Mohamed Youssouf BATHILY est et reste un Malien lakika et son Mouvement le Collectif pour le Développement de la République, une organisation légale en République du Mali.
En effet, le CDR avait convié ce vendredi après-midi ses militants à sortir massivement pour participer à une caravane à travers les six communes du District. L’objectif de cette caravane était de demander la libération de son leader Mohamed Youssouf BATHILY dit Ras Bath qui est emprisonné depuis un mois pour cause, dit-on, de tentative de déstabilisation.
Faute d’autorisation, les forces de l’ordre mobilisées par les autorités les ont dissuadées de faire leur caravane. Pour éviter toute confrontation préjudiciable à la paix sociale et à la quiétude, les responsables ont demandé à leurs militants d’y renoncer.
En refusant aux partisans de Mohamed Youssouf BATHILY de manifester comme la Constitution le leur permet, les autorités de la Transition font une application à géométrie variable des principes constitutionnels. Or, l’avènement du Mali Koura devrait signifier dans la pratique quotidienne des autorités la fin du clanisme, du clientélisme, de l’impunité pour les uns et l’injustice pour les autres, de la République à deux vitesses avec deux catégories de citoyens : ceux qui sont du bon côté et ceux qui sont du mauvais côté, non de la loi, mais du pouvoir.
Revoyons notre pratique démocratique, non à l’aune de nos agendas et ambitions personnels, mais en parallèle avec les attentes légitimes du peuple malien qui ne souhaiterait pour rien au monde un régime de discrimination entre ses filles et ses fils.
A bon entendeur…
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN