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Sans Tabou: la CEDEAO abandonnée ‘’en plein vol’’

Sauf un changement de dernière minute, c’est ce jeudi 17 février 2022 que la compagnie Air-France reprendra ses vols en direction de Bamako, après plus d’un mois de suspension. Une décision que les responsables de la compagnie française avaient justifiée par l’embargo de la CEDEAO sur notre pays décrété lors du sommet des Chefs d’État le 9 janvier 2022 à Accra (Ghana). Mais, contre toute attente, Air-France, selon les révélations de nos confrères de ‘’Jeune Afrique’’, a annoncé la reprise de ses vols en direction de Bamako en dépit des sanctions qui sont toujours en vigueur. À travers cette décision, la France fait faux bond aux chefs d’État de la CEDEAO. Pourquoi la France n’est-elle pas allée jusqu’au bout dans sa solidarité aux chefs d’État de la CEDEAO contre notre pays ?

 

Après avoir suspendu unilatéralement ses vols en direction de notre pays, Air France a discrètement renégocié la reprise de ses vols sur Bamako via Nouakchott. Cette reprise, si elle venait à être effective, sonne comme un camouflet, à la fois pour les Chefs d’État de CEDEAO et, dans une certaine mesure pour le régime de Macron, contraint, selon les confidences de Jeune Afrique, de revoir sa copie concernant cette suspension.
En tout cas, la reprise des vols de la compagnie française annoncée pour ce jeudi n’est ni plus ni moins qu’une violation de l’embargo que la France a salué et soutenu.
De toute évidence, la fermeture des frontières ariennes est, sans nul doute, le plus pénalisant pour le Mali et ses partenaires parmi les sanctions de la CEDEAO.
Une décision que nos autorités ont toujours dénoncée comme étant injuste et illégale. D’ailleurs, ces dernières ont toujours crié au complot international contre notre pays de la part de certaines puissances internationales, en particulier de la France.
Une accusation qui avait été corroborée par au moins par trois faits majeurs.
Tout d’abord, le premier fait qui soutient cette thèse du complot est, bien sûr, cette conférence de presse du président nigérien Mohamed Bazoum, tenue à Paris en juillet 2021. Lors de cette conférence de presse conjointe avec son homologue français, le président Bazoum, avait clairement affirmé que la fermeture des frontières n’était pas prévue dans le traité de la CEDEAO avant de s’associer plus tard à ses paires pour imposer un embargo total sur le Mali, à Accra.
Le deuxième fait qui corrobore cette main invisible derrière les sanctions contre notre pays, c’est l’annonce des sanctions de la CEDEAO faite par la ministre française de la Défense, Mme Parly, à Dakar, en marge d’un Colloque sur la sécurité en Afrique de l’Ouest tenu dans la capitale sénégalaise, en fin novembre 2021, avant le sommet d’Accra.
Enfin, le troisième fait, mais le moins troublant, est sans nul doute cette campagne internationale de plaidoyer menée par l’ex-puissance coloniale pour faire entériner les sanctions prises par ses valets de la CEDEAO au niveau de l’Union Africaine, de l’Union européenne et des Nations unies avec les résultats qu’on connaît.
Aujourd’hui, la vérité est que Air-France, en décidant de reprendre ses vols ce jeudi outrepasse un embargo que les autorités de son pays avaient appelé de tous leurs vœux dans le seul but de mettre à genou le Mali en manipulant la CEDEAO, l’UA et UE.
Ainsi, les pays de la CEDEAO se retrouvent abandonnés en ‘’plein vol’’ par la France. Pour reprendre ainsi la boutade du Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA, qui avait accusé à la tribune de l’ONU la France d’un «abandon en plein vol» avec la réorganisation de sa présence militaire au Sahel. C’était pour défendre la décision de Bamako d’engager des discussions avec la société paramilitaire privée russe Wagner.
Une vraie claque pour nos chers Chefs d’État de la CEDEAO qui ont décidé de punir leurs peuples en voulant obliger les autorités de la transition à se mettre à genou devant la France.
L’autre leçon qu’on peut tirer de cette décision de Air-France s’est qu’en Europe, c’est l’économie qui prime sur le politique. Tout le contraire de ce qui se passe chez nous.
Si on peut justifier la décision par les préjudices économiques que subit Air-France à cause de cette situation, on peut aussi s’interroger sur la coïncidence de cette reprise des vols avec l’appel lancé par le ministre Abdoulaye DIOP à l’attention des compagnies qatariennes les invitant à ouvrir une ligne sur Bamako.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin

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