Au lendemain de son agression dans la grande mosquée de Bamako, dans la passion et l’émotion commune face à cet ignoble acte que tout en le Malien reprouve, les services de communication du Président Assimi Goïta ont annoncé le lancement un vaste projet de réhabilitation d’infrastructures scolaires dégradées. La cérémonie de lancement d’un vaste projet de réhabilitation de salles de classe était sous la présidence effective du Président de la Transition, le Colonel Assimi GOITA, le jeudi 22 juillet dernier au Groupe scolaire Inemassa Cissé de Niarela (CAP de Bozola).
Il s’agit, selon Mme SIDIBE Dédeou Ousmane, ministre de l’Éducation nationale, de réhabiliter deux mille (2000) salles de classe, dans une vingtaine d’Académie d’enseignement (A.E) et quatre-vingt-dix-neuf (99) centres d’Animation Pédagogique (CAP), à l’échelle national. Ce projet louable de réhabilitation de salles de classes délabrées procède naturellement de la volonté du Président de la transition de fournir aux élèves et aux enseignants de meilleures conditions d’études et de travail. Coût total du projet : cinq milliards (5 000 000 000) de francs CFA.
Dans les conditions qui sont celles du Mali d’aujourd’hui il faut applaudir des deux mains l’initiative présidentielle généreuse ou reprouver un projet présidentiel guidé quelque peu par l’opportunisme pour ne pas dire le populisme ?
Au regard de l’indignation suscitée par l’agression de la Tabaski et l’euphorie qui a accueillie l’annonce, personne ne s’est posé la question du d’où vient l’argent au moment où le gouvernement a maille à partie avec les enseignants par rapport à l’application de l’article 39 dont l’incidence financière annuelle avait été estimé par le ministère de l’Économie et des Finances à au moins 40 milliards de francs CFA par an. Car solde fait de tout compte, les montants totaux des fonds de souveraineté auxquels le président Assimi Goïta dit avoir renoncé au profit des œuvres sociales et caritatives ne valant pas les 5 milliards. Sortez vos tablettes avant vos injures grossières pour noter que le Président du Mali a 150 millions de fonds de souveraineté par an sur lesquelles l’actuel locataire de Koulouba a renoncé aux deux-tiers. Même si on va du principe que la Transition c’est 18 mois, l’ensemble de ces fonds ne peut représenter que 2,7 milliards ( 150 millions multiplié par 18 mois) soit environ la moitié du montant total du projet de réhabilitation des salles de classe. Donc il est clair que ce projet de réhabilitation ne peut être l’initiative du Président Assimi Goïta qui n’a pas suffisamment de ressource pour y faire face.
Or, dans un contexte normal on aurait dit la réhabilitation des salles de classes faisait partie des chantiers prioritaires du Président Assimi GOITA qui a tenu à rassurer les acteurs ainsi que les partenaires de l’école malienne de toute son attention sur la bonne conduite de ce processus de réhabilitation de nos structures d’enseignement. L’ambition de notre Président de Transition étant de doter le Mali d’infrastructures scolaires plus descentes, afin de fournir à nos enfants un espace d’apprentissage beaucoup plus sécurisé, la question est où trouver les fonds disponibles. Voici les effets boomerang de la démagogie et du populisme de ceux qui ont conseillé le Président Assimi à réduire ses fonds de souveraineté : priver le chef de l’État des moyens opérationnels pour réaliser ses ambitions et mettre en œuvre ses chantiers prioritaires.
Or, dans les conditions actuelles, privé de ressources déjà limitées, le Président Assimi Goïta sera obligé d’utiliser des brouilles (5 milliards) pour mener à bien une ambition si noble. N’est-ce dérisoire de réhabiliter que 2000 salles de classes à l’échelle nationale ? Et encore : à quel coût ? Deux millions cinq cent mille par salle de salle ! Pour quoi y faire ? Peut-être badigeonner les murs, rafistoler les toitures, souder les tables-bancs, choisir entre portes et fenêtres… Même à Bamako ici, 2,5 millions dans une salle de classe ne représente strictement rien.
Après la légende dira que c’était la réhabilitation de Assimi Goïta dont le nom sera désormais associé à une vaste opération de saupoudrage qui n’aura servi à rien du tout.
Qu’on se le tienne pour dit : les fonds de souveraineté de votre Président ne représente pas grande chose à côté de ceux de ses homologues voisins. Avec ce que le Président malien gagne, il ne pourra rien faire de potable et aucun chantier prioritaire ne pourra être conduit à son terme à coût de milliard par an. La preuve, le président veut mettre l’école dans les meilleures conditions de travail. Faute de moyens, on le conseille de faire du saupoudrage à travers la réhabilitation. En d’autres termes faire du nouveau avec l’ancien. Pour faire croire au Mali-Koura ? Donnez les moyens à votre Président, sinon il ne pourra rien faire.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin