Malgré les efforts pour la réouverture des établissements scolaires fermés, la détermination des jihadistes qui étendent leur toile, à travers le pays est loin de faciliter la tâche de nos autorités et des partenaires en la matière. Pourtant, les milliers d’enfants contraints de mettre un terme à leur cursus scolaire de ces écoles fermées peuvent être des proies faciles à ces sans foi ni loi.
Au Mali, l’année scolaire 2018-2019 a été fortement perturbée par les grèves à répétition des enseignants du fondamental et du secondaire. Si la situation sur le front social reste jusque-là calme dans la quasi-totalité des localités du pays, il n’en demeure pas moins que la menace terroriste pèse lourdement sur le bon déroulement de l’année scolaire, par endroit.
La pression jihadiste reste d’autant plus forte sur la sécurité et la stabilité de l’école malienne que pas plus tard qu’entre le 17 et le 18 octobre dernier, ils ont fermé une trentaine d’écoles dans la région de Ségou, dans l’Académie d’enseignement de Farako, dit-on. Sur place, les responsables scolaires tirent la sonnette d’alarme et lancent un appel pressant aux autorités à prendre des dispositions. Ils demandent la sécurisation de la localité et la réouverture des écoles fermées. Certains enseignants sont contraints de quitter les localités concernées.
Ces établissements, selon les sources, se répartissent comme suit : 17 à Farako, 11 à Niono et 2 Saro, dans la région Ségou. Sur les 32 écoles fermées l’année dernière, 2 ont pu rouvrir cette année. Cette situation perdure depuis 2017, selon des sources locales.
« Les présumés terroristes qui ont fermé ces écoles menacent la population et imposent leur idéologie. Ils brûlent les manuels scolaires », a expliqué le Directeur de l’académie d’enseignement de Ségou.
Selon le responsable scolaire, les enseignants dans ces localités sont redéployés dans d’autres zones où la sécurité est moins tendue. Selon Itous Ag Hamed Iknan, « les assaillants imposent l’arabe comme langue d’étude. Cette situation nuirait gravement au fonctionnement normal de l’école », regrette-t-il.
« Aucune patrouille ni disposition n’est prise au niveau de ces localités. Et les assaillants se promènent impunément dans la localité », dénonce M. Iknan.
En plus de la région de Ségou, des hommes armés font souvent leur apparition dans localités de Koulikoro, non loin de la capitale Bamako, troublant ainsi la quiétude des habitants.
Dans une chronique, un citoyen malien du nom de Adama DIONGO dénonce la faillite de l’État et l’installation d’une injustice éducative entre enfants de pauvres et enfants de riches. Il dénonce qu’au moment où plus de 17 000 enfants des pauvres paysans du pays dogon sont privés d’école, les enfants des dirigeants étudient dans les meilleures écoles du Mali et ailleurs dans le monde. M. DIONGO a révélé les chiffres de l’académie d’enseignement de Douentza qui informe que 371 écoles sont toujours fermées et plus de 17 000 enfants n’ont pas eu accès à l’éducation de base depuis l’ouverture des classes.
Si rien n’est fait rapidement, ces enfants deviennent des proies faciles pour les mêmes terroristes. Pour cela, il urge que des dispositions soient rapidement prises pour faire face à la situation préoccupante.
PAR MODIBO KONE