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Sans Tabou: criminalisation de l’esclavage, le Mali toujours sur le banc des accusés

Notre capitale a abrité la semaine dernière un Forum régional sur la lutte contre l’esclavage au Mali. Organisé par le Réseau G5 Sahel de lutte contre l’esclavage, le BIT et l’Association TEMEDT, cette rencontre a été sanctionnée par une déclaration qui condamne et exige l’abolition de la pratique dans l’espace du G5-Sahel. Comme il fallait s’y attendre, notre pays a été, encore une fois, mis sur le banc des accusés.

La faute aux dirigeants qui n’ont pas su légiférer pour criminaliser le phénomène qui existe encore dans nos sociétés. Pire, l’Etat n’a pas été capable de protéger une partie des populations de la région de Kayes récemment victimes d’exactions.
Ainsi, en raison de la persistance du phénomène sur notre sol, le Mali est régulièrement indexé par les organisations de lutte contre la pratique lors des différents foras. Une humiliation de plus pour notre pays, berceau des civilisations ouest-africaines, terre jadis d’humanisme, d’hospitalité et de piété.
Au terme de cette déclaration, la rencontre de Bamako invite le «Gouvernement de la République du Mali à prendre des mesures immédiates et urgentes pour mettre fin aux exactions, humiliations et violations des droits de l’homme dans la Région de Kayes».
«Aux autorités maliennes demandons que le Gouvernement adopte une loi criminalisant l’esclavage et son application effective afin de punir les auteurs et co-auteurs de cette barbarie », exige aussi, la même rencontre.
C’est une triste réalité. La pratique de l’esclavage est marquée par des violences, assassinats et destructions de biens dans notre pays.
Pour lutter contre ce phénomène, l’association TEMEDT et ses partenaires ont tenu ce mardi 8 juin un forum à Bamako. Cet espace de partage vise à alerter et interpeller les décideurs politiques, les religieux et la société civile afin qu’ils agissent vigoureusement contre les pratiques esclavagistes au Mali.
Alors que la plupart des pays de la sous-région dispose d’une loi criminalisant la pratique, le nôtre traine les pieds en la matière.
Par exemple, aujourd’hui, l’esclavage en Mauritanie continue d’exister bien qu’il ait été officiellement aboli en 1981.Depuis 2003, l’esclavage est puni de prison. Toutefois, nombre de Nigériens exploités sont sans salaire et sans droit
Créée en 2012, la Coalition nationale lutte dans le but d’avoir au Mali une loi incriminant l’esclavage, un combat qu’elle mène depuis des années sans succès.
L’avant-projet de loi, élaboré par le ministère de la Justice, a-t-elle déploré, se trouve bloqué au niveau du Conseil des ministres depuis 2014.
La Coalition continue ses plaidoyers auprès de tous ses partenaires pour débloquer le texte.
«L’esclavage est un crime. Et il faut que le Malien arrive à l’accepter comme tel et le définir comme tel. Et, il n’est un secret pour personne, il n’y a aucune loi dans le monde qui autorise un crime », souligne les responsables de cette coalition.
Mieux, ajoutent-ils, la Constitution du Mali stipule que les citoyens naissent libres et égaux devant la loi.
Cependant, au même moment, il y a des individus qui s’arrogent le droit de vie et de mort sur leurs semblables, sous prétexte qu’ils sont supérieurs à ces derniers qui leur appartiennent, à la limite, dénoncent-ils.
Selon les observateurs, la situation est d’autant plus difficile que l’esclavage est un sujet tabou au Mali. Cette pratique existe dans la majorité des communautés disséminées à travers le pays.
Selon certaines enquêtes, il y a au moins 300.000 esclaves dans tout le Mali.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source: Info-Matin

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