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Sans Tabou: Choguel n’est pas laché

Un nouveau Premier ministre à la Primature ; le colonel Abdoulaye Maiga remplace Choguel Kokalla Maiga ; les colonels font main basse sur tout le pouvoir ; un troisième colonel à la tête d’une institution contrairement aux engagements souscrits ; Choguel Kokalla Maïga mis à l’écart à travers un «repos forcé» ; le Colonel Assimi Goïta perpètre son troisième coup d’État… voilà des réflexions souvent toxiques non dénouées d’opportunisme qui ont accompagné la désignation du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation pour assurer l’intérim du Premier ministre, chef du gouvernement. Mais, entre la communication et la vérité, les faits et l’interprétation des situation, les actes du gouvernement et leur analyse, l’évidence est loin d’être la chose la plus partagée surtout en cette période de guerre informationnelle.

 

Il y a onze (11) jours, le samedi 13 août 2022, la Primature annonçait sur sa Page Facebook que le Premier ministre, chef du gouvernement avait été «mis en repos forcé » après 14 mois de travail sans répit, et qu’il allait reprendre ses activités la semaine prochaine Insh’Allah. Au bout d’une semaine, le Premier ministre n’ayant pas repris, et compte tenu des urgences et du contexte national qui ne peut souffrir de laisse-guide au sommet de l’État, le président de la Transition, chef de l’État, a désigné le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale pour assurer l’intérim du Premier ministre, chef du gouvernement. Que s’est-il passé ?

Nous sommes en temps de guerre informationnelle et donc, la maîtrise de la communication et de l’information, de même la rapidité qu’on met à les véhiculer, sont des vecteurs de succès. La Primature a-t-elle sous-estimé que la tête de son patron était mise à prix par une multitude d’adversaires au nombre desquels, pas que les politiciens, des chercheurs de place qui salivent à la perspective et des revanchards français. Alors, les uns font dans la subtilité langagière pour dire basta à Choguel, les autres plus euphoriques indiquent carrément son remplacement à la tête du gouvernement par le Colonel Abdoulaye Maïga qui a eu les félicitations les plus enthousiastes pour la confiance renforcée en sa personne et pour qu’il mettre en œuvre la politique d’ouverture, de dialogue et de consensus à l’occasion de la formation du futur gouvernement qu’il aura à former, sic !

Il faut aussi reconnaître que le mystère épais entretenu au haut sommet de l’État autour de l’état de santé du Premier ministre titulaire Choguel Kokalla Maïga a donné l’occasion à certains de se livrer à des extrapolations immondes et à des suppositions des plus détestables. La nomination d’un Premier ministre intérimaire a amplifié les rumeurs sur fonds de fantasmes abjects et de dénigrements injustifiés des autorités de la Transition, notamment le colonel Assimi Goïta, qui en prend pour son grade.

Accusé de «lâcher en plein vol» son Premier ministre dans un lit d’hôpital, le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, est également accusé d’avoir opéré un troisième coup d’État en deux ans. Comme si, Chef d’État, le Colonel Assimi Goïta avait besoin de subterfuge intérimaire, de la permission de la CEDEAO ou de la Communauté internationale pour changer de Premier ministre (article 38 de la Constitution du 25 février 1992). Selon l’article 11 nouveau de la Charte de la Transition : «le Gouvernement de la Transition est dirigé́ par un Premier ministre nommé par le Président de la Transition. Il exerce les prérogatives définies par la présente Charte et la Constitution du 25 février 1992 ».

Il est vrai que lors de sommet tenu le 15 septembre 2020 à Aburi au Ghana, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’était accordé avec le CNSP (Comité national pour le salut du Peuple) que «la transition politique sera dirigée par un civil, conformément aux décisions de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO. A cet égard, le Président et le Premier Ministre de la transition seront des civils pendant toute la période. » Mais depuis, beaucoup d’eau est passée sous le Pont des Martyrs. Le 24 mai 2021, a eu lieu de même que le 9 janvier 2022. Le vice-président d’alors, est devenu le Président et rien dans la Charte primaire et dans la Charte révisé n’indique que le Premier ministre ne puisse être qu’un civil. Donc, c’est possible techniquement que le Premier ministre de Transition soit un militaire. Aucun texte (ni la Constitution ni la Charte de la Transition) ne l’interdit. Alors comprendre que des adversaires politiques perfides de Choguel Kokalla Maiga qui l’accusaient de non neutralité, d’être «clivant», préfèrent applaudir sous cape un colonel non encore nommé Chef du gouvernement, espérant figurer dans son gouvernement.

Les trolls au service de désinformation française épilogue sur l’hyper-cumul des responsabilités des colonels et du Premier ministre intérimaire. Au groupe de militaires qui a renversé le régime d’IBK, on reproche un excès de concentration du pouvoir, voire une accumulation de presque tous les pouvoirs institutionnels : présidence de la Transition, gouvernement de la transition et parlement de la transition… Tous désormais dirigés par des colonels. Quant au colonel Abdoulaye Maiga, outre le fait qu’il cumulait déjà le portefeuille très chargé de l’Administration territoriale et de la décentralisation (avec les enjeux électoraux qu’on sait) avec le poste de porte-parole du gouvernement, il est encore bombardé avec un nouveau galon : Premier ministre intérimaire. Au risque d’égratigner la bille et donner de l’urticaire aux allergiques de la Transition, le nomination du Colonel Maïga est aussi instrumentalisé par les ennemis du pays pour tenter de provoquer les divisions dans les rangs. Pourquoi le président de la Transition a-t-il fait la dérogation à l’ordre de préséance du gouvernement ? Pourquoi le colonel Maiga au lieu du Colonel Camara ?

Sortons des théories complotistes pour ne pas voir le diable partout et la combine derrière chaque acte posé par les plus hautes autorités.

Primo : le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga n’a ni été lâché ni été débarqué en douce. La situation du pays exige une vigilance à chaque instant et la Bateau-Mali ne peut pas rester sans commandant. Or, quand le capitaine est alité (c’est naturel et humain de tomber malade), il faut un capitaine en second (un intérimaire) en attendant que le capitaine guérisse pour reprendre ses fonctions et non en remplacement. La preuve, le Ministre Abdoulaye Maïga n’occupe pas le bureau de Choguel Kokalla Maïga, mais est toujours dans les locaux de son département. Selon une source proche de Koulouba, Choguel n’est pas lâché. Il est simplement malade. Il n’y a rien derrière.

Secundo : le colonel Maïga a été nommé pour assumer l’intérim du Premier ministre, il n’a pas été nommé Premier ministre, chef du gouvernement. Le décret N°2021-0361/PT-RM du 7 juin 2021 portant nomination n’a pas été abrogé. Donc Choguel reste toujours Premier ministre, Chef du gouvernement. Le Colonel Abdoulaye Maïga assure l’intérim du Premier ministre mais ne le remplace pas. Même si dans les faits et pendant la période de l’intérim, il possède l’intégralité des pouvoirs attachés à la fonction qui lui était confiée à titre intérimaire.   

Tertio : la nomination du colonel Maïga ne fait pas trop jubiler les vuvuzelas françaises. Au porte-parolat du gouvernement depuis décembre 2021, l’officier de gendarmerie est connu pour son ton sans équivoque à l’égard de la France. Celui qui a prononcé le renvoi de la France le 18 février dernier, est un homme de poigne sans aucune compromission. Malgré les délations orchestrées contre lui, il n’est jamais dans la langue de bois pour réaffirmer la souveraineté du Mali et défendre les intérêts du peuple malien. La maison est donc bien gardée en attendant le retour du Premier ministre.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin

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