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Sans Tabou: cérémonies officielles, l’instrumentalisation abusive des enfants

Les mauvaises habitudes ont la vie dure, a-t-on habitude de dire. Au Mali, ces mauvaises habitudes deviennent la règle surtout si elles arrangent les autorités. Au nombre de ces pratiques peu orthodoxes, l’instrumentalisation des enfants lors des cérémonies officielles qui occupe une place de choix. Cette pratique est loin d’être un mauvais souvenir. Après la mobilisation des enfants lors de l’investiture du Président de la Transition Assimi GOITA, les élèves ont été privés de cours ce mardi pour acclamer le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA, lors du lancement de l’opération d’évacuation des décharges solides de Bamako et de Kati. À quand la fin de cette pratique honteuse?

Les autorités de la Transition qui clament sur tous les toits leur volonté de rompre avec les anciennes pratiques jouent la carte de la continuité dans la manipulation des enfants. À chaque cérémonie officielle, les élèves sont privés de cours pour servir de spectateurs à des causes auxquelles ils ne comprennent rien. Cette semaine, les Bamakois ont été écœurés de voir des centaines d’élèves, lors du lancement des opérations d’évacuation des décharges solides de Bamako et de Kati.
Le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA a lancé, le mardi 22 juin, les opérations d’évacuation des décharges solides de Bamako et de Kati ainsi que de curage des collecteurs du district de Bamako. À cette occasion, plusieurs autorités ont été mobilisées comme le veut le protocole.
Mais, les élèves également ont été mis à contribution pour applaudir les nouveaux maîtres, contrairement à tout protocole en la matière.
L’on se demande pourquoi tout ce boucan autour d’une telle cérémonie? La question mérite d’être posée si l’on sait que l’évacuation des déchets solides est logiquement un travail permanent et régulier. Si les déchets s’accumulent dans les dépôts de transit sans être évacués et causent des ennuis aux riverains, cela est synonyme de l’échec des autorités compétentes chargées de leur évacuation.
Malheureusement, au lieu de s’acquitter de cette tâche en catimini, nos autorités trouvent le plaisir s’organiser des cérémonies grandioses avec des habillements des grands jours. Le chic est que les enfants sont privés de cours pour assister à ce qui est normalement un non-évènement.
Le phénomène n’a pas commencé aujourd’hui. Partout où les autorités se rendent, les enfants désertent les salles de classe pour former des haies vivantes au bord du goudron pour les ovationner à leur passage. Ils sont également appelés à la rescousse pour remplir salles de meeting et lieux de rencontres.
Ce triste spectacle est loin d’être conjugué au passé. Les autorités de la transition qui prétendent rompre avec les mauvaises pratiques ont également pris goût à cette manifestation tendant à leur faire croire que le peuple les soutient.
Ces autorités qui disent être là pour rectifier la transition et refonder l’État devraient s’en passer de ces pratiques honteuses. Surtout que cette année scolaire 2020-2021 a débuté avec trois mois de retard à cause de la pandémie du Coronavirus. Ainsi, au lieu d’une année scolaire normale de 9 mois, les élèves n’auront droit qu’à 6 mois de cours. Au lieu de chercher des solutions pour combler ce retard, les autorités cautionnent la fermeture des classes au profit d’une cérémonie où les enfants n’ont rien à faire si ce n’est applaudir.
Il est temps que nos dirigeants arrêtent avec cette comédie qui ne garantit pas leur popularité pour un pays qui est en retard dans presque tous les domaines.

PAR MODIBO KONÉ

Source: Info-Matin 

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