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Sans Tabou: assemblée nationale, quelle légitimité pour ces élus de la nation ?

Conformément à la résolution n° 1 du Dialogue national inclusif (DNI), le Gouvernement du Mali a organisé les deux tours (29 mars, 19 avril) de l’élection des députés à l’Assemblée nationale du Mali. Au moment où les nouveaux députés s’apprêtent à prendre fonction, nombreux sont les observateurs qui s’interrogent sur la légitimité d’un tel parlement et sa capacité à conduire les réformes souhaitées par les Maliens ? Et pour cause ?

 

L’objectif de cette recommandation, faut-il le rappeler, était de doter notre pays d’un parlement ‘’dont la légitimité ne souffre d’aucune d’ambigüité avant le 2 mai 2020’’. Si les autorités ont relevé le défi de la légalité en respectant le délai imparti pour l’organisation de ces échéances électorales, force est de constater que la légitimité de beaucoup de ces élus reste contestée par la rue. Dans beaucoup de localités du pays, l’on a du mal à accepter les nombreuses annulations des voies par la Cour constitutionnelle qui proclame les résultats définitifs du vote.

À Bamako et dans plusieurs villes à l’intérieur du pays, des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre à la suite de la proclamation des résultats définitifs des élections législatives 2020 par la Cour constitutionnelle. Les manifestants dénoncent une falsification des résultats chiffrés et rejettent le verdict des 9 Sages de la Cour constitutionnelle.

Au demeurant, si les manifestations ne faiblissent pas dans les jours à venir, le pays va droit vers une crise post-électorale loin d’arranger la situation socio-sécuritaire et sanitaire. Une éventualité qui est à l’opposé des objectifs du DNI qui visait à assoir le jalon d’un Mali réconcilié et de paix entre tous les fils.

Pour rappel, la résolution n° 1 du Dialogue national inclusif (DNI) est relative à l’organisation des élections législatives avant le 2 Mai 2020. Il était également question de l’organisation d’un référendum pour la révision de la Constitution du 25 février 1992.

Dans le court terme, ces deux points devraient nous permettre d’atteindre le niveau de cohésion nationale nécessaire pour pacifier et réorganiser sur le plan administratif l’ensemble du pays. De même, cela nous permettrait d’avoir un cadre national plus propice aux entreprises militaires en vue de défaire le pays des groupes terroristes.

Une chose est claire, au DNI le consensus a été établi qu’il faut des réformes politiques et législatives pour parfaire notre système démocratique. Car, si on veut créer le Sénat, changer le mode d’inscription sur la liste électorale, il faut des lois au niveau de l’Assemblée nationale.

Donc, sans l’Assemblée nationale légitime, il n’y a pas de jeu démocratique crédible. Car c’est là, le temple de la démocratie, c’est la représentation nationale et c’est elle qui vote l’expression de notre volonté générale qui sont les lois président aux destinées du peuple.

Que vaut donc une Assemblée nationale dont l’élection des députés fait l’objet de contestations de la part des populations qu’ils sont censés représenter ? Mais au-delà de la contestation des résultats, c’est le taux de participation qui est l’autre défi que les organisateurs n’ont pas su relever à l’occasion de ces deux scrutins. Avec 35, 25 % au plan national pour le second tour, ce taux est parfois désespérément très bas dans certaines circonscriptions. Notamment à Bamako où on est resté en bas de 14 % pour les deux tours. Ce qui pose visiblement un problème de légitimité des élus.

À ce rythme, ceux qui pensaient que le DNI était un succès et que la mise en œuvre de ses résolutions va «remettre le pays en confiance en lui-même et faire en sorte que les démons de la division puissent s’éloigner de nous» risquent de déchanter très vite. Loin de poser les bases d’une paix durable, ces élections sont aujourd’hui sources de tensions dans plusieurs localités du pays, notamment à Bamako, Sikasso, Mopti et Kayes (couvre-feu).

Par Abdoulaye OUATTARA

INFO-MATIN

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