Depuis plusieurs jours, l’Iran connaît un regain de tensions après la mort d’une jeune femme arrêtée par la police, accusée de mal porter son voile. Amini, âgée de 22 ans, est décédée le 16 septembre2022, trois jours après son arrestation à Téhéran par le Gasht-e Ershad, la police des mœurs. Cette dernière applique des règles strictes sur la tenue vestimentaire des femmes, notamment le port du voile.
Après la publication de cette nouvelle sur les réseaux sociaux de nombreuses personnalités politiques, artistiques, religieuses et sportives ont exprimé leur colère dans le pays. L’indignation s’étend même au-delà de l’Iran et des rassemblements ont eu lieu samedi à Paris et Berlin.
Certes, cette bavure policière est condamnable et pour le principe, et nous partageons d’ailleurs, la douleur de la famille et du Peuple iranien face à ce qui pourrait être assimilée à ‘’une discrimination voire une violence institutionnelles à l’égard des femmes dans le pays.
Mais, l’indignation de certaines chancelleries, à l’image de la France et le USA, qui veulent se servir de cette affaire pour régler leur compte avec le régime iranien suscite des interrogations. Et cela, au regard du nombre des faits qui présente les mêmes similitudes que l’Affaire Amini, qui ont eu lieu dans ces pays dit de ‘’Droit de l’homme’’ sans suite favorable au niveau de la justice.
Par exemple, dans un passé très récent, un franco-malien, du nom de Adama TRAORÉ, est mort peu après son interpellation par la police française en 2016.
Pour rappel, Adama TRAORÉ, jeune homme âgé de 24 ans, est mort le 19 juillet 2016 à la gendarmerie de Persan, après son interpellation à Beaumont-sur-Oise, alors qu’il tentait de fuir un contrôle concernant son frère aîné.
A l’époque, les autorités françaises n’avaient usé de la fermeté que dans l’Affaire Amini pour condamner la mort de Adama TRAORE, également survenue suite à une bavure policière.
Depuis cette date, la famille de la victime se bat sans succès pour que justice soit faite dans ce pays dit des ‘’Droits de l’homme’’.
«Six ans après, l’enquête piétine», a dénoncé la sœur Assa Traoré lors de la dernière manif sur l’affaire, le samedi 2 juillet. En effet, ce jour-là, environ 700 personnes ont rejoint la marche du collectif ‘’Justice pour Adama’’ à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise). Six ans après, les militants estiment que l’enquête sur la mort de ce jeune, survenue lors d’un contrôle de police patine.
Le collectif accuse ainsi la justice de protéger les trois gendarmes, mis en cause. « Ils n’ont toujours pas été mis en examen », regrette Assa Traoré.
C’est dire qu’en France, championne des droits de l’homme, on voit la paille (Amini) dans les yeux de l’Iran alors qu’elle a, elle-même, une poutre (Adama TRAORE), plantée dans l’œil.
Un déni de justice face à l’évidence qui nous amène à se demander si le blocage de cette affaire n’est pas en lien avec la race de la victime.
En paraphrasant Jean de la Fontaine, on peut soutenir que, selon que vous soyez français de souche, ou noir comme Adama TRAORE, le jugement de la Cour (justice et police française) vous rendra blanc (innocent) ou noir (coupable).
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin