La première raison est relative aux ambitions divergentes entre les leaders du mouvement et ses militants. En réalité tous les leaders du M5 (l’imam Dicko, Choguel, Cheick Oumar Sissoko, Mountaga Tall, Me Mohamed Ali Bathily, Modibo Sidibé, Mme Sy Kadiatou Sow…) sont tous persuadés que le départ du président Ibrahim Boubacar Keita est devenue impossible. Même la démission du Premier ministre, Boubou Cissé, ou son éjection par le chef de l’Etat n’est plus à l’ordre du jour. Pour autant, ces leaders qui perdent en crédibilité et en notoriété de jour en jour, ne peuvent plus renoncer publiquement à leurs revendications et accepter les propositions faites par le président IBK et les différentes missions de la CEDEAO. Tout simplement, parce qu’ils ont peur d’être taxés de traîtres par leurs militants.
Ainsi pour maintenir le jeu, la plupart de ces responsables se cachent dernières les caméras pour essayer de calmer les jeunes toujours intraitables sur le maintien du chef de l’Etat et son Premier ministre à leurs postes. Ce qui est certain, c’est que le M5 du 10 juillet 2020 n’est plus celui d’aujourd’hui. Beaucoup de choses ont évolué et la confiance entre les responsables dudit mouvement et leurs militants n’est plus au beau fixe.
Pour maintenir ce cap, toutes les propositions semblent être actuellement bonnes. La semaine dernière, le président du Comité stratégique du M5-RFP, Choguel Kokala Maïga, a encore utilisé son intelligence visant à rassurer les militants de la réussite de leur lutte. « Nous avons aussi décidé, pour l’histoire et pour le présent, d’éditer un livre blanc sur le combat du M5-RFP, sur les objectifs du M5-RFP, sur le parcours du M5-RFP et sur la vision du M5-RFP ; sur ce que le M5-RFP propose au peuple malien comme alternative à la gestion catastrophique actuelle qui a mis l’existence de notre État en péril. Ce document servira de guide et de bréviaire à informer tous ceux qui ne sont pas bien informés sur la situation réelle du Mali. Et permettra de contrer la propagande du pouvoir qui consiste à faire croire que le M5-RFP est un mouvement dirigé par un chef religieux qui veut installer un État islamique au Mali et qui se retrouve avec quelques politiciens mécontents pour s’en prendre au pouvoir en place », a-t-il déclaré dans une vidéo.
Ces déclarations pourront-elles toujours suffire pour maintenir les bonnes relations entre les militants du M5 ? Rien ne pourra le garantir actuellement. D’autant plus que la mobilisation d’hier n’a pas pu égaler celle du 10 juillet dernier.
La seconde raison de la perte de vitesse du M5 RFP est relative à la suite réservée à la désobéissance civile par la justice. Au moins huit personnes ont été arrêtées, jugés et mis en prison, suite aux dégâts causés au cours des manifestations du 10 au 12 juillet 2020. Aujourd’hui, il y a un important dispositif sécuritaire qui a été déployé par le gouvernement au niveau de tous les grands services de l’Etat. De même, le ministre de la Justice, Me Kassoum Tapo, a déclaré le weekend dernier que « s’il y a dérapage, les organisateurs répondront devant la loi. Personne n’a le droit de casser ce pays ».
Cette nouvelle mesure pourra jouer sur les prochaines mobilisations du M5-RFP, dont la plupart des militants ne se sentent plus en sécurité ou soutenus par leurs leaders dont le combat a été finalement réduit au discours politiques. Ce qui est évident, c’est que ces mouvements permettent désormais aux gouvernants de comprendre que le peuple peut, à tout moment, se redresser pour dire non, ça suffit !
Ousmane BALLO
Source : Ziré