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Sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali : Les universitaires maliens en conclave pour proposer des pistes de résilience

Les universités du Mali, à savoir l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako (USJPB), l’Université des sciences techniques et de technologie de Bamako (USTTB), l’Université des Lettres, des sciences humaines de Bamako (ULSHB), l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako (USSGB), l’Université de Ségou, ne comptent pas rester en marge des sanctions lourdes économiques, financières, administratives, de gel des avoirs, infligées par la Communauté économiques des états de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) au Mali le 9 janvier 2022 a Accra (Ghana). Pour apporter leur soutien, contribution à cette période difficile à la nation, les enseignants des dites universités sont réunis en conclave, du 31 janvier 2022 au 1er février 2022, à l’USJPB, en colloque. La réflexion porte sur le thème : «Le Mali à l’épreuve des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMO: contribution des universités pour les pistes de résilience. » Le Pr. Amadou Kéita, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, en compagnie de son homologue de l’Urbanisme, de l’Habitat, de Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population, Bréhima Kaména, et du Directeur de l’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin Beye, colonel Souleymane Sangaré, a ouvert les travaux des deux jours d’échanges, de débats des universitaires sur le pays sous sanctions afin de l’aider à survivre. Prennent part aux travaux, les recteurs d’universités, enseignants chercheurs, etc.

Prenant la parole au nom de tous les recteurs des cinq universités du Mali, le Recteur de l’USJPB, Pr. Moussa Djiré, s’est dit étonné des sanctions prises à l’encontre du Mali par la Cédéao et l’Uemoa.  Si  tout  le monde  s’attendait  à l’adoption  d’une  énième  série  de sanctions de ces institutions sous régionales, dit Moussa Djiré  avec regret,  le monde  entier, en premier  lieu le peuple malien  et  l’opinion publique  africaine, a été surpris par  l’ampleur et la dureté des mesures équivalant à une déclaration de guerre. « Ces sanctions sont d’autant révoltantes  qu’elles  interviennent  contre  un pays en guerre contre  l’extrémisme violent depuis une dizaine d’années et qui essaie depuis les évènements  d’août 2020 de reprendre son destin en main », a fait savoir le porte-parole des recteurs. La prise de ces mesures contre notre pays, a fait remarquer le recteur Djiré, a entrainé des mobilisations  sans  précédent  dans notre pays et à travers le monde, en faveur du peuple et  du gouvernement maliens. Les universités, étant des lieux  de production, de  conservation et de reproduction du savoir, avec  pour vocation  non seulement la formation des cadres,  mais aussi la recherche, l’expertise, l’accompagnement de la Nation dans la réflexion sur les grandes préoccupations, révèle le Pr. Moussa Djiré, ne pouvaient  pas demeurer en reste de ce débat pour ne pas faillir à sa mission.  Fidèle à cet engagement donc, a-t-il indiqué, elles ont  décidé d’apporter aujourd’hui leur  contribution à la compréhension  des tenants  et aboutissements  des sanctions ainsi  que des pistes de solution pour une sortie  de crise et une plus grande résilience. « Il s’agira en fait d’une porte d’entrée pour porter la réflexion sur les actions de refondation dans le court et le long terme, à la lumière des recommandations pertinentes des Assises Nationales de la Refondation. Ce faisant, la démarche  sera scientifique, c’est-à-dire  que les faits seront abordés  et analysés tel qu’ils existent  et non tel que l’on souhaiterait qu’ils  soient ou devraient  être, avec l’objectivité  et le recul nécessaire à la vérité scientifique. Mais, elle sera aussi patriotique ; en d’autres termes, les pistes de solutions préconisées seront celles possibles et objectivement réalisables, mais fondées sur l’intérêt supérieur de la Nation et du peuple malien», a rassuré le recteur Moussa Djiré.

A son tour, le  Pr. Amadou Kéita s’est réjoui  des responsables  d’universités et d’enseignants-chercheurs des cinq universités publiques du Mali pour avoir initié  une telle activité  scientifique. Je me réjouis que vous ayez décidé, a dit le ministre Kéita, après les sanctions  infligées à notre pays, de procéder à une analyse de la situation et proposer des pistes de résilience.  Selon le ministre, la tenue de ces deux journées de réflexion constitue, sans aucun doute, un témoignage éloquent de l’engagement patriotique de la communauté scientifique  et de la souscription  des universitaires à la recherche d’un idéal de paix et de dignité humaine pour les Maliens et les Africains.

Les sanctions  de la Communauté  sous régionale, souligne Amadou Kéita, visent  les populations civiles, les capacités militaires et la vivacité économique de notre pays. « Il s’agit en définitive  d’empêcher notre nation de mettre en œuvre les solutions durables aux multiples crises, préconisées par les Assises Nationales de la Refondation », a indiqué  le Pr. Kéita Amadou.  De son avis, après la mobilisation  historique du peuple malien suite à ces sanctions, la communauté universitaire ne pouvait  rester indifférente. « Notre  pays traverse l’un des moments les plus difficiles de son existence. Il est donc normal que vous vous mobilisiez pour permettre de mieux comprendre les dynamiques en cours»,  a déclaré le ministre à l’endroit de ses collègues enseignants. Pour conclure son allocution, il a dit : «Je demeure convaincu, qu’avec le concours des personnes ressources sollicitées et l’expérience des uns et des autres en la matière, les échanges aboutiront à des contributions remarquables des universitaires que je me ferai un devoir de porter à l’attention des plus hautes autorités».

Plusieurs communications sont prévues durant les deux jours d’échanges :« Analyse systématique des sanctions de la Cédéao  et de l’Uemoa contre le Mali et les pistes de résilience » ; « La force attente de la Cédéao à l’épreuve du terrorisme au Sahel et au prisme des sanctions imposées au Mali » ; « Suspension des transactions commerciales et financières : quels impacts sur les entreprises et le bien être des ménages au Mali ? » ; « Dynamique macroéconomique du commerce extérieur malien à l’épreuve des sanctions de la Cédéao : transformations structurelles comme solution de résilience optimale ? » ; « Face aux sanctions de la Cédéao et de l’Uemoa, le Mali doit-il créer sa propre monnaie ? » ; « Le budget de l’Etat de l’année 2022 à l’épreuve des sanctions de la Cédéao et de l’Uemoa : quelle approche pertinente adoptée comme piste de résilience et de sortie de crise ? » ; « Le gel des avoirs du Mali par la Cédéao et l’Uemoa, une sanction irrégulière » ; «Des sanctions de l’Uemoa et de la Cédéao à la problématique du positionnement de puissances internationales dans la crise malienne », «Analyse des protestations nationales, transnationales et internationales, nées de l’adoption par la Cédéao et l’Uemoa de sanctions contre le Mali, le 9 janvier 2022 », «Impacts sociaux des sanctions et pistes de résilience ».

Hadama B. Fofana

Source: Le Républicain

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