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Sanctions: CEDEAO versus CEDEAO

En dégainant une batterie de mesures aussi illégales contre le Mali, parce que violant impudemment ses propres dispositions, qu’illégitimes, parce que ne bénéficiant d’aucune espèce d’onction populaire, la CEDEAO étale au grand jour l’existence paradoxale de deux CEDEAO.

 

D’une part, il y a celle des dirigeants qui s’affublent du titre pompeux d’autorité dans leur communiqué final du mini-sommet d’Accra consacré au Mali. Il s’agit, non seulement de ceux qui ont hérité du pouvoir par suite de retro-passe de leur prédécesseur pour service rendu, de ceux qui ont opéré un coup d’Etat constitutionnel pour se tailler un troisième mandat dit constitutionnel exactement comme l’a fait Alpha CONDE en Guinée, de ceux qui ont hérité du pouvoir par transmission de père à fils, mais aussi de ceux qui ont la forte tentation d’emprunter une voie déjà bien balisée.  Ceux-là représentent la CEDEAO d’en-haut, celle qui décide au nom des populations. Ils sont dans l’inconfort total, surtout depuis que les forces de Wagner sont à leurs frontières. Ils sont dans une peur-panique d’une déstabilisation de leur pays depuis le Mali, mais en réalité d’un Coup d’Etat. En la matière, le Mali commence à faire des émules. Ce ne sont pas les Guinéens qui diront le contraire. Ainsi, la sévérité des sanctions imposées à notre pays est à la mesure de la menace qui plane sur leur boulimie du pouvoir.

D’autre part, il y a la CEDEAO des peuples qui tendent vers  l’intégration économique, qui vivent l’interpénétration sociale par-delà les frontières artificielles, en raison des liens de sang, des liens matrimoniaux… Il s’agit de cette CEDEAO qui gronde au Burkina Faso, allant jusqu’à demander l’éjection du président Roch Christian KABORE, qui s’irrite au Sénégal en fustigeant l’impact négatif sur les activités portuaires et de transport des sanctions contre le Mali. Cette CEDEAO, la CEDEAO d’en bas, est la vraie CEDEAO qui est blackboulée par ‘’l’autorité’’, c’est-à-dire la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement.

Ainsi, depuis ce sombre après-midi du dimanche 9 janvier, ce sont ces deux CEDEAO qui s’affrontent et se confrontent. Cette situation nauséeuse trahit les velléités autocratiques de dirigeants en mal de légitimité pour beaucoup qui sont obnubilés par châtier le Mali pour l’exemple.

Depuis ce dimanche 9 janvier 2022, ‘’l’autorité’’ a pris ses aises avec le but principal de la CEDEAO qui est de promouvoir la coopération et l’intégration avec l’objectif de créer une union économique et monétaire ouest-africaine.

Depuis ce dimanche, ‘’l’autorité’’ de la CEDEAO a réussi l’exploit de susciter un sursaut patriotique au Mali où le tissu social était décousu et où la devise : Un Peuple-Un But-Une Foi n’était plus qu’une vue de l’esprit pour de nombreuses personnes. En voulant atteindre les autorités de la Transition, ce sont les populations qu’elle trouve en travers de sa route.

Dans l’espace communautaire, les réactions irritées attestent que l’on n’entend pas non plus encaisser en victimes expiatoires cette forfaiture de ‘’l’autorité’’.

En somme, l’autorité ne représente pas les peuples. D’où l’impérieuse nécessité de passer d’une CEDEAO des États, pardon des chefs d’Etat, à une CEDEAO des peuples. En attendant, le Mali explore la voie de sortie. Quel gâchis pour l’intégration !

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info-Matin

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