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Sahel : Quelles stratégies contre le terrorisme ?

Depuis le sommet extraordinaire de la CEDEAO, élargie à la Mauritanie et au Tchad de Ouagadougou, le 14 septembre 2019, la question de la lutte contre le terrorisme au Sahel a plus d’écho. En plus des forces armées nationales, il y a celles du G5 Sahel et l’opération Barkhane, qui peinent depuis plusieurs années à éradiquer le phénomène. Lacunes stratégiques ou impuissance ?

 

« 25 morts, 4 blessés évacués par aéronefs FAMa sur Sévaré, une soixantaine de portés disparus et des lourdes pertes en matériel », annonce le communiqué du gouvernement du 1er octobre, suite aux attaques ayant visé le camp de Boulkessi, sous commandement du G5 Sahel, et le détachement des FAMa de Mondoro, dans la nuit du dimanche à lundi dernier. Ce bilan provisoire dénote de la gravité de ces attaques. Le communiqué affirme qu’au moins 15 terroristes ont été tués et 5 véhicules détruits par les frappes aériennes lors de la reprise du camp. Une opération conjointe d’envergure des forces armées maliennes et des forces armées burkinabé, appuyées par la force Barkhane, était toujours en cours mercredi pour « neutraliser les assaillants ».

Conscient de l’ampleur de la menace, les 15 pays de la Communauté  économique des États de l’Afrique de l’Ouest, plus la Mauritanie et le Tchad, ont tenu le 14 septembre à Ouagadougou un sommet extraordinaire sur le terrorisme. Ils ont annoncé un plan d’action 2020 – 2024, qui sera adopté en décembre, d’un milliard de dollars, pour lutter contre le terrorisme. Ce plan, décliné en huit axes, tournera  autour de la mutualisation et d’une coordination accrue des efforts dans la lutte contre le phénomène, mais également d’un partage de renseignements entre les États membres, la formation et l’équipement.

Boubacar Bocoum, analyste politique, perçoit la problématique du Sahel autrement. « Le problème aujourd’hui dans le Sahel n’est pas militaire. Même si débarque ici toute l’armée des États Unis, le problème ne sera pas résolu », dit-il avec conviction. « C’est un problème géopolitique et géostratégique. Tant que les États de l’ex OCRS (Organisation commune des régions sahariennes) ne décideront pas de mettre à disposition de l’Occident leurs ressources naturelles, ces pays ne seront jamais tranquilles. Tous ceux qui sont dans la MINUSMA aujourd’hui sont des gens qui attendent les retombées de cette histoire. C’est la triste réalité », soutient Bocoum.

Quelles stratégies ?

Selon Abdoulaye Tamboura, Docteur en géopolitique, les difficultés multiples des pays du Sahel résident aussi dans l’absence de stratégies communes. « Toutes ces forces ont un objectif bien précis, lutter contre le terrorisme. Maintenant, ce sont les moyens et les stratégies qui diffèrent », précise-t-il.  L’immensité de cet espace de 11 millions de kilomètres carrés, allant du Mali jusqu’au Darfour, met à rudes épreuves les différentes initiatives. « Les membres de la force Barkhane ne sont que 4 000 et quand on en parle il faut se rappeler qu’il y a des mécanos et des cuisiniers. Sur les 4 000, il y a à peu près 2 000 combattants. Or Barkhane est implantée dans 4 pays, le Mali, le Niger, le Burkina et le Tchad », évalue le Docteur, ajoutant que « la responsabilité incombe aux États du Sahel de sécuriser leurs propres pays ». Le Burkina Faso et le Mali semblent être les maillons faibles et « manquent de moyens, de soldats bien aguerris et de stratégies communes », explique-t-il.

Boubacar Bocoum se demande comment s’arment et se ravitaillent les terroristes, dans une zone où même à travers un téléphone on peut géolocaliser un individu. « Il y a quelque chose qui ne va pas. Qu’on ait le courage de dire que le problème est  celui de partage des ressources minières entre nos pays et les pays européens », répète-t-il.

La dernière attaque au Mali, mais aussi celles au Burkina et au Niger, laissent perplexe. Pour Abdoulaye Tamboura, l’histoire se répète. « Quand on a des soldats qui n’ont pas conscience de leur état de soldats, qui n’ont pas conscience qu’être en guerre n’est pas être dans un état de paix, que quand on est dans un camp il faut respecter les consignes, c’est ce qui arrive. Soit on manque de moyens pour combattre, soit on a une armée inefficace ou bien des soldats qui se soucient très peu de la défense de la patrie », se questionne-t-il. Il base ses espoirs avant tout sur la formation des soldats des pays du Sahel pour assurer leur sécurité.

Journal du mali

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