Le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron a annoncé la mort officielle de Barkhane en novembre 2022.
Les forces françaises au Sahel. C’est ainsi qu’il faut appeler désormais les militaires français présents dans cette région de l’Afrique en proie à une insurrection jihadiste. Selon le général Bruno Baratz, commandant de ce nouveau dispositif qui remplace Barkhane, « il n’y a plus de d’opération française au Sahel ».
L’officier français qui répondait aux questions de RFI a insisté sur le nouveau concept consistant à ne « pas conduire d’opération à notre niveau, mais plutôt de venir amener des capacités pour que les armées africaines réalisent leurs propres opérations ». « Aujourd’hui, notre aide part d’abord du besoin partenaire », a-t-il précisé, relevant que cette nouvelle philosophie inclut le formatage des « esprits de nos militaires ». « Beaucoup de nos unités sont passées au Mali, ont connu Barkhane. Or, ce que font les forces françaises aujourd’hui au Niger et au Tchad, ça n’a rien à voir en termes d’esprit ».
Si la présence de l’armée française au Niger a été validée par Niamey, à travers une loi votée dès avril 2022 alors que le dernier contingent de militaires français a quitté le Mali en août de la même année, en France, des ONG protestent contre ce nouveau format.
Pour le Comité catholique contre la FAIM et pour le Développement (CCFD –Terre Solidaire), ce redéploiement souffre d’un manque de transparence et de consultation parlementaire. « Serval est passé à Barkhane sans vote alors son périmètre d’intervention s’était étendu et ses objectifs diversifiés », fait remarquer Robin Guitard, porte-parole de CCFD-Terre Solidaire. A en croire ce dernier, « les autorités françaises semblent disposées à maintenir 2500 militaires sur un théâtre extérieur sans préciser le statut sous lequel ils opèrent ». Même préoccupation pour Tournons La Page, un mouvement citoyen international qui regroupe plus de 250 organisations et dont la principale mission consiste à promouvoir l’alternance démocratique en Afrique.
Son porte-parole, Mathieu Pourchier, estime que « l’acceptation de la politique menée par la France ne peut se faire que si celle-ci fait l’objet d’un minimum de consultation et débat public », notant que les 10 ans passées à lutter contre les groupes jihadistes se sont soldés par un échec.
Barkhane s’est retirée du Mali dans un contexte de tension diplomatique entre Paris et Bamako. Les nouvelles autorités maliennes issues de la « rectification » de la transition faisant suite au coup d’Etat d’août 2020, ont reproché à la France d’avoir abandonné le Mali « en plein vol » et se sont rapprochées de Moscou, faisant recours selon les chancelleries occidentales aux mercenaires du groupe paramilitaire Wagner même si Bamako indique qu’il s’agit d’« instructeurs russes ».
AC/APA