Dans une interview qu’il a accordée au journal ‘’L’ALERTE’’, l’ancien premier vice-président de la Codem, Sadou Harouna Diallo, revient sur les raisons de sa démission du parti de Poulo. Il a aussi évoqué ses projets pour soutenir la transition avant de se prononcer sur les sanctions de la Cedeao qui ont ciblé les autorités de la transition. Interview !
Qu’est-ce qui a motivé votre décision de démissionner de la Codem ?
La raison réelle est que je n’ai jamais aimé une personne comme j’ai aimé le président de la Codem. Je n’ai jamais aimé la politique d’un parti comme la Codem. Mais ces 3 derniers mois, l’homme m’échappe. Comme je suis le 1e vice-président de la Codem, je pense comme tous les Maliens qu’il ne doit pas y avoir les élections. Parce que pour moi, quelque que soit l’homme qui va être élu en ce temps où nous sommes, il ne sera pas légitime. Il n’aura même pas 10% de votants. Donc pour moi, cette personne n’est pas légitime et quand on n’est pas légitime dans ce pays et qu’on a le pouvoir, on ne fait que régresser. Il a pris certaines décisions ces derniers temps. Il fait des interventions à la télé. A chaque fois qu’il parle, je le félicite parce qu’il accompagnait au départ la transition. Mais ces derniers temps, il s’acharne trop sur les autorités pour aller aux élections et moi, je ne suis pas pour. Je pense en tant que 1e vice-président du parti, on doit s’assoir et parler. J’avais compris moi-même que le respect et l’honneur que je lui donne peut-être n’est pas le même pour moi. Je continue à aimer mon parti mais je préférais déposer. Pour ne pas avoir des embrouilles avec lui, j’ai déposé ma démission. Je souhaite qu’il revienne en arrière parce que même s’il veut aller aux élections, ce n’est ni la Cédéao, ni l’Union européenne encore moins l’ONU qui peuvent faire de lui le président de la République. C’est le peuple malien. Et même les gens de sa contrée ne pourront l’élire donc il ne sera jamais légitime.
Quels sont vos projets ?
Mes projets, c’est de créer un mouvement national patriotique pour continuer à aider la transition à ramener la paix et la quiétude dans ce pays parce qu’on en a besoin. Aujourd’hui, nous avons été lâchés par nos partenaires les plus proches dont la Cédéao. Je pense que c’est le moment où on ne doit pas parler d’opposition ou de quoi que ce soit. On doit être derrière les militaires pour soutenir la transition.
Que pensez-vous des sanctions ciblées de la Cedeao ?
Pour moi, nous sommes sanctionnés depuis 2012. Les tueries qui se font chez nous, c’est plus que des sanctions. Nos éleveurs n’arrivent pas à aller au pâturage, ce sont les sanctions. Nos cultivateurs n’arrivent pas à cultiver leurs champs, ce sont des sanctions. On est sous une sanction de Dieu qui plus fort que tout cela. Les sanctions que la Cedeao a annoncées sont pour moi un non-événement. Ce qui est plus important pour nous, c’est de connaître ce que nous sommes et ce que nous voulons être. Il faut qu’on soit ensemble, qu’on ait une seule option, qu’on reste derrière la transition afin de ramener notre honneur. Parce qu’on est en train de perdre notre honneur. Les grands patriotes que je connais, les nationalistes que connais ne veulent pas accompagner la transition, cela fait mal au cœur. J’ai toujours considéré Poulo mon président comme un patriote et un nationaliste. C’est pourquoi, je suis derrière lui. Dans ma tête, je suis toujours derrière lui même si je ne suis plus dans son parti. Un nationaliste ne doit pas vouloir aller aux élections aujourd’hui. J’invite tous les Maliens, tous les hommes politiques à être un pour accompagner la transition. Là, on ne sentira pas du tout les sanctions de la Cédéao.
Quelles sont les actions que vous envisagez pour soutenir la transition ?
Mes actions, c’est de continuer à sensibiliser les hommes et les femmes à soutenir la transition. Je vais faire la tournée dans le Mali pour convaincre les gens dans ce sens. Ici, à Gao, je fais la même chose. J’essaye de réconcilier tous les partis politiques et le M5-RFP. J’invite le M5-RFP à respecter les partis politiques. Je crois en la transition et je pense s’il y a l’union sacrée entre les Maliens et qu’on pourra réduire cette insécurité. Mais les Nations Unies, ce sont les gendarmes du monde. Ils sont chez nous il y a 8 ans. Pourquoi ils n’ont pas pu éradiquer le terrorisme ? Ne demandez pas à un Etat d’éradiquer le terrorisme là où les Nations Unies ont échoué. Quelque part, nous pouvons réussir par stratégie. Tout homme qui dit la vérité gêne. Même moi qui demande aux Maliens d’être un pour suivre la transition, je gène. Je connais Choguel depuis ses années d’étudiant. C’est un homme honnête. On ne l’aime pas parce qu’il dit la vérité, parce qu’il n’est pas corrompu et dans ce pays quand tu n’es pas corrompu, les gens ne t’aiment pas. Si aujourd’hui vous voyez que mon ex-président est le seul à pouvoir parler à la télévision et dans les médias, c’est parce qu’il n’est pas corrompu. Il a su garder sa dignité et je pense qu’il saura continuer à gagner sa dignité. Mais je l’invite à regagner la transition pour qu’on puisse lutter contre les décisions de la Cédéao et de l’ONU. Nous qui habitons ici, qui sommes ensemble, parlons le même langage ne trouveront pas mieux que Choguel.
Réalisée par Nouhoum DICKO
Source : L’Alerte