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Rwanda : feu vert du Parlement, Kagamé file vers un troisième mandat

Sénateurs et députés se sont prononcés à l’unanimité, dans leurs chambres respectives, en faveur d’une réforme constitutionnelle. Des amendements devront cependant encore être votés, puis une nouvelle Constitution formellement soumise à référendum à la population.

president rwandais paul kagame discours

« Je veux remercier tous les membres du Parlement pour leur soutien aux souhaits du peuple », a lancé, à l’issue des votes, la présidente de l’institution, Donatilla Mukabalisa.

Le président Kagamé, élu deux fois en 2003 et 2010, présente ces débats autour d’une réforme constitutionnelle comme émanant d’une pure initiative populaire. En quelques semaines, plus de 3,7 millions de Rwandais, sur un corps électoral de quelque 6 millions, ont signé des pétitions demandant au Parlement de modifier l’article 101 de la Constitution limitant à deux le nombre de mandats présidentiels successifs.

Mais, dans un pays régulièrement épinglé pour ses atteintes à la liberté d’expression, nombre d’observateurs estiment que le pouvoir rwandais est en fait à la manœuvre pour permettre au chef de l’Etat de se maintenir à l’issue de son deuxième mandat. Comme dans de nombreux autres pays de la région, notamment au Burundi et en Ouganda voisins.

« 3,7 millions de Rwandais issus de différents milieux sociaux et régions du pays ont parlé. Nous sommes ici leurs représentants et n’avons d’autre choix que d’écouter leur souhait », a lancé Nkusi Juvenal, député du Parti social démocrate (PSD), deuxième formation politique du pays et membre de la coalition au pouvoir dominée par le Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagamé.

Les débats au Parlement, largement dominé par le FPR et ses alliés, ont été ponctués de slogans en faveur du président rwandais : « Paul Kagamé, oyee ! » (oh oui). Invités à suivre les débats, de nombreux Rwandais ont répondu à l’appel, patientant dans de longues files d’attente devant le Parlement. Dans les deux chambres, les galeries réservées au public étaient bondées.

Debout sur un des côtés de la salle, Alpha Mundendke, étudiante de 23 ans, s’est ainsi dit « fière » d’assister à cette séance. « Nous souhaitons que l’article 101 soit modifié », a-t-elle assuré. Outre les pétitions soutenant une modification constitutionnelle, deux autres – émanant de la petite formation d’opposition le Parti démocratique vert et d’un particulier – réclamaient à l’inverse que l’article 101 ne soit pas modifié, a rapporté le quotidien d’Etat New Times.

Ces pétitions avaient cependant peu de chance d’aboutir : le Parti démocratique vert, qui a aussi déposé un recours devant la Cour suprême pour empêcher la révision constitutionnelle, est la seule formation politique à s’opposer à une réforme.

Le secrétaire général du Parti démocratique vert, Jean-Claude Ntezimana, espérait que le Parlement attendrait au moins une décision de la Cour suprême avant de se prononcer, et qu’un vote n’interviendrait pas dès ce mardi. Mais il n’a pas obtenu gain de cause. Les débats n’ont duré que quelques heures.

Paul Kagamé est au pouvoir depuis que la rébellion du FPR a chassé en juillet 1994 le régime extrémiste hutu et mis fin au génocide qui a fait environ 800 000 morts essentiellement au sein de la minorité tutsi, en 100 jours.

D’abord vice-président et ministre de la défense entre 1994 et 2003, il a été élu chef de l’État cette année-là avec 95 % des voix et réélu tout aussi triomphalement (93 %) en 2010. Il est considéré comme l’homme fort du Rwanda depuis déjà la fin du génocide des Tutsis en 1994.

Il est crédité de nombreux progrès économiques du Rwanda depuis la fin du génocide, mais également accusé de diriger son pays d’une main de fer et d’étouffer toute voix discordante.

Ce vote intervient alors que le Burundi voisin connaît une grave crise politique, depuis que le président en place, Pierre Nkurunziza, s’est déclaré candidat à un troisième mandat présidentiel en avril 2015.

En République démocratique du Congo, le président actuel Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, ne s’est pas encore exprimé quant aux prochaines élections présidentielles, qui se tiendront en 2016. Joseph Kabila arrive au terme de son deuxième mandat présidentiel, limite légale imposée par la Constitution.
Source: lemonde.fr

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