En cas de victoire d’IBK, tous les signes avant coureurs sont réunis pour que le pays retombe dans le scénario qui a jeté le régime d’ATT dans le gouffre. Un système politique sans opposition forte marqué par l’instrumentalisation des autres pouvoirs (parlementaire et judiciaire) par le président de la République.
Comme un coup de pied dans la fourmilière, dès l’annonce des résultats provisoires de nombreux candidats déchus se sont bousculés au portillon du QG du président du Rassemblement pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar Kéita. Comme en 2002 avec ATT, ces arrivistes ne jurent plus que sur un seul nom : IBK.
Pourtant, il y’a quelques semaines seulement, l’hypothèse sur les adhésions tous azimut de ces ‘’vautours’’ de la scène politique malienne, à la cause du tisserand en chef n’était pas évidente. Mine de rien, en véritables chasseurs de strapontins, les concernés ont commencé à mettre en exécution leur stratégie, après l’avoir soigneusement peaufiné. En la matière c’est le patron du parti du soleil levant, Me Mountaga Tall qui en est le plus doué. En effet, pour rien au monde, l’enfant de Ségou ne veut revivre ses déboires du COPPO (Collectif des Partis Politiques de l’Opposition), durant les dix ans d’Alpha Oumar Konaré. C’est pourquoi, il a plus d’un tour dans son sac pour s’approcher chaque fois de celui qui fait la côte, même si celui-ci ne partage aucune valeur avec son parti. Il s’agit pour lui seulement, de pouvoir placer quelques cadres de son parti dans le gouvernement et à la tête de quelques directions stratégiques de l’administration publique. Pour ce faire, il détient tous les astuces et ne manque jamais de propos politiques diplomatiques pour appâter le prince du jour. Au demeurant, il est prêt même à aller au charbon pour réaliser son dessein. Cela a été le cas lors de l’avènement au pouvoir de l’indépendant Général Amadou Toumani Touré . A son temps au sein de l’ADP, c’est Me Tall et Dr Choguel Kokalla Maiga qui avaient la tâche d’assumer la riposte politique. Cette année encore il est revenu à la charge. Sans tirer les leçons de la cuisante défaite de son parti, CNID FasoYiriwa Ton (l’un des plus vieux Partis de l’échiquier politique malien), et d’attendre la fin du processus de traitement des résultats Me Tall s’est empressé de féliciter le candidat du RPM. Un parti, avec lequel, le CNID ne s’est retrouvé en regroupement, depuis les années 1990 au sein de ‘’l’espoir 2002’’.
Ce virement à 90° du président du CNID FYT, a laissé la porte ouverte à la cohorte des grands opportunistes, se disant politiciens au Mali de s’engouffrer vite dans la cour du ‘’mandé massa’’. Ainsi à tour de rôle, le jeune Yéa Samaké du parti… a pointé le bout du nez, suivra le sali ex ministre de la Santé, Oumar Ibrahim Traoré de l’ARD, Choguel Kokalla Maïga du MPR, le jeune sans ambition Dramane Dembélé de l’ADEMA…
Comme sous ATT, nous risquons d’assister à un régime où tout le monde est de la majorité et le Président de la République, le nombril du monde.
Il faut le reconnaître, nombreux sont les partis du FDR qui affichent une peur bleue pour l’opposition.
Ainsi, chaque parti au gré de sa technique, essaye de s’approcher à celui qu’il croit détenir déjà les clés de Koulouba, IBK. Dans le lot des contestataires du FDR, c’est le candidat de l’ADEMA, Dramane Dembelé, qui fut le premier à jeter les armes. De lourds soupçons pèsent sur d’autres pontes du même regroupement, qui veulent trahir à visage caché le candidat de l’URD.
Un coup fatal pour la scène politique ?
Pour un paysage politique équilibré, l’idéal serait d’avoir en face du pouvoir , une opposition forte, composée de grands Partis politiques. Mais à cause de l’appât aveugle des postes faciles offerts sur des plateaux d’argent, nombre de ces grands partis convergent désormais vers les futurs tenants du pouvoir, selon leur boule de Crystal. Du coup, toutes les alliances et autres plateformes électorales sont foulées au pied.
Pour de nombreux observateurs politiques, en cas de victoire d’IBK, au regard de la manière dont il est pris d’assaut par ces alliés de 25ème heure, aura une marge de manœuvre très réduite pour conduire à bien son programme et exécuter à bon échéant son sens d’autorité d’Etat. Comme son prédécesseur au pouvoir, ATT, il risquera de fermer les yeux sur les dérives de ses alliés et laisser libre court à la pratique de la mauvaise gouvernance. Bonjour donc les dégâts.
S’il s’agit d’IBK, on n’a pas besoin de consulter un livre d’histoire politique pour déterminer ses vrais alliés. Ils sont comptables comme les cinq doigts de la main, il s’agit : de son parti RPM et ses acolytes du regroupement IBK 2012 , des clubs de soutien dont le plus culminant est le club des amis de Yacouba Traoré, de la coalition ‘’Mali d’abord’’ dont les têtes de proue sont Soumeylou Boubèye Maïga et le minier Alou Bocar Diallo de l’ADP-Maliba, du chef religieux, très vénéré Chérif de Nioro avec l’association Sabati 2013 et l’ex junte.
Au-delà, tous les autres arrivants qui se donnent voix au chapitre ces derniers temps pour IBK, sont là pour rééditer le scénario PDES d’ATT. En effet les dix ans du régime exceptionnel d’ATT, dit de la gestion concertée du pouvoir, ont fait émerger une nouvelle race de politicards doués au partage de gâteau. Lesquels se sont tous attroupés autour du pouvoir et laisser le terrain de l’opposition vierge. Sans contre pouvoir, le général ATT a accumulé des erreurs et laissé le pays plongé dans l’abîme. Ce qui devait arriver arriva.
Moustapha Diawara