C’est la chronique d’une révision constitutionnelle ratée, car mal ficelée, qui a tenu en haleine le peuple malien pendant un peu plus de deux mois et qui vient de connaître son épilogue par une série de rencontres du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, avec les différentes composantes de l’échiquier politique, de la société civile, des leaders religieux et notabilités, des représentants de la plateforme « An Tè, A Bana-Touche pas à ma constitution ! ».
Faut-il rappeler l’opacité totale, une communication déficiente qui avaient entouré ce projet de Révision constitutionnelle, des portes-flambeaux pour défendre l’indéfendable qui ont confondu délibérément leurs propres aspirations en déphasage total avec celles du peuple, aucune restitution des travaux du comité d’experts chargés de plancher sur le projet de réforme qui ont rendu ce projet si impopulaire;
Le pouvoir a reculé sans aucun doute suite aux différentes mobilisations en forme de démonstration de force lors des marches organisées et réussies des 17 juin,1er juillet et 15 juillet 2017 par la plateforme « An Tè, A Bana», constituée en une semaine, qui a réussi le tour de force de rassembler des dizaines de milliers de maliens pour battre le pavé, avec détermination, sans aucune violence, sans incident.
Le projet de révision constitutionnelle a réussi à réveiller une jeunesse en quête de désir d’avenir meilleur, rejointe par la société civile, d’autres forces vives de la nation qui se sont mobilisées spontanément pour s’opposer à cette révision de la loi fondamentale. En même temps, il est indéniable que le projet du gouvernement, initié par le président de la République, a divisé le pays au-delà des partisans du oui et du non : les religieux contre une jeunesse considérée par certains leaders comme droguée, irrespectueuse ; la majorité présidentielle et l’opposition…
La contestation, la protestation et la mobilisation de la jeunesse n’ont fait que s’amplifier sur les réseaux sociaux, le front du non s’est élargi tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, avec des manifestations qui ont gagné presque toutes les régions du pays, la diaspora en France, aux États-Unis. Une mobilisation qui n’a jamais faibli et qui sans aucun doute a fini par porter ses fruits !
Le président de la République en tant que garant de la cohésion nationale, a su saisir l’opportunité de sauver l’essentiel en décidant de surseoir à son projet de Révision constitutionnelle, il faudrait comprendre dans le jargon politique, « RETRAIT », car ce n’est pas aussitôt qu’il y aura un autre projet de Révision, du moins il faudra qu’elle soit le fruit d’un large consensus.
Après tout, c’est le Mali qui sort grandi et gagnant de cet épisode de son histoire, malgré les divisions, les prises de position, les débats houleux entre les partisans du NON et du OUI.
À un an des échéances électorales de 2018, il appartient au président IBK en tant que garant de l’intégrité territoriale, chef suprême des armées, de tout mettre en œuvre pour ramener la paix et la sécurité dans le septentrion et le centre du pays plongés dans une déferlante d’attaques terroristes, voilà une « PRIORITÉ NATIONALE » et c’est là-dessus qu’il est attendu désormais!
Sory Ibrahim Sakho
Source: L’ Aube