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Réunion en urgence à l’ONU (à la demande de Moscou) après les frappes américaines en Irak et en Syrie

Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira en urgence lundi à la demande de la Russie au sujet des frappes menées par les Etats-Unis en Irak et en Syrie.

La Russie a été entendue. A la demande de Moscou, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira en urgence ce lundi au sujet des frappes menées vendredi par les Etats-Unis en Irak et en Syrie, ont annoncé plusieurs sources diplomatiques à l’AFP. La réunion est prévue à 16h00 à New York (21H00 GMT). Le représentant russe à l’ONU Dmitri Polianski avait dénoncé samedi ces frappes comme une « menace pour la paix et la sécurité ».

 

Représailles

 

Vendredi, près d’une semaine après la mort de trois soldats américains dans une attaque de drone le 28 janvier en Jordanie, les Etats-Unis ont en effet mené « avec succès » des frappes de représailles en Irak et en Syrie contre plus de 85 cibles liées aux gardiens de la Révolution iranienne et à leurs forces supplétives. L’Irak a fait état d’un bilan de 16 morts, parmi lesquels des civils, et 29 blessés. En Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 25 combattants pro-iraniens incluant neuf Syriens, six Irakiens et six Libanais du Hezbollah, ont été tués dans ces frappes à Deir Ezzor et Al-Mayadine dans l’est du pays. La Syrie et l’Irak ont dénoncé samedi les frappes américaines  sur leurs territoires, qui ont fait au total au moins 45 morts, dont des civils.

 

Ces frappes, dont certaines ont été menées par des bombardiers B-1 partis des Etats-Unis, sont la première d’une série d’opérations promises par le président Joe Biden. Des attaques que Washington attribue à des groupes soutenus par l’Iran. Les Etats-Unis assurent en effet que le drone a été fabriqué par l’Iran.

 

D’autres frappes américaines en vue

 

Si elles n’ont pas visé l’Iran, ces frappes, dont certaines ont été menées par des bombardiers B-1 partis des Etats-Unis, constituent un sérieux avertissement à l’encontre de la République islamique. Les Etats-Unis attribuent en effet les attaques contre sa base en Jordanie à des groupes soutenus par l’Iran. Selon eux, le drone qui a tué trois soldats américains a été fabriqué par l’Iran. Washington accuse également l’Iran de soutenir les Houthis du Yémen qui multiplie les attaques contre des navires commerciaux en mer Rouge et déstabilise le transport maritime.
Dans un communiqué, l’armée américaine dit avoir ciblé des centres de commandement et de contrôle, des entrepôts de roquettes, de missiles et de drones, ainsi que des installations logistiques et des chaînes d’approvisionnement en munitions. Au total, 85 cibles ont été visées sur sept sites, quatre en Syrie et trois en Irak, a-t-elle ajouté. L’objectif des militaires américains était la force Al Qods du corps des gardiens de la Révolution, chargée des opérations extérieures.

 

 L’Irak et la Syrie fustigent cette « agression flagrante »

 

Dénonçant une « agression aérienne flagrante », le ministère syrien de la Défense a déclaré que des militaires et civils avaient été tués et blessés et signalé d’importants dommages.

« L’occupation par les forces américaines de certaines parties du territoire syrien ne peut pas continuer (…). L’armée syrienne affirme poursuivre sa guerre contre le terrorisme jusqu’à son élimination et elle est déterminée à libérer l’ensemble des territoires syriens du terrorisme et de l’occupation” » a-t-il dit dans un communiqué.

 

Le ministère syrien des Affaires étrangères a estimé que l’initiative américaine allait alimenter les tensions régionales « de manière très dangereuse ».

 

L’armée irakienne a fustigé une « violation de la souveraineté irakienne » et une « menace qui pourrait avoir des conséquences terribles pour l’Irak et la région ». Elle a précisé que les raids en territoire irakien avaient eu lieu dans une zone désertique frontalière.
L’Iran a de son côté « fermement condamné » les actions américaines, par la voix du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, dénonçant une « erreur stratégique et aventureuse » porteuse de nouvelles tensions et d’instabilité dans la région.

 

Pour les Etats-Unis, cette attaque n’est que le début de leur réponse.

« Notre réponse (à l’attaque de drone du 28 janvier contre des troupes américaines stationnées en Jordanie, Ndlr) a commencé aujourd’hui. Elle continuera quand et où nous le déciderons », a averti le président américain dans un communiqué.
Plus tôt dans la journée, le président américain et des responsables du Pentagone avaient assisté à la base aérienne de Dover, dans l’Etat du Delaware, au retour des dépouilles des trois soldats américains tués.
Le Pentagone a toutefois affirmé qu’il ne voulait pas de guerre avec l’Iran, malgré les pressions des faucons du camp républicain qui réclament des frappes directes contre Téhéran.

« Nous ne cherchons pas de conflit au Moyen-Orient, ni où que ce soit, mais le président et moi ne tolérerons pas les attaques contre les forces américaines », a souligné Lloyd Austin,  le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.

Le président iranien Ebrahim Raïssi a fait savoir vendredi, avant le lancement des frappes américaines, que la République islamique ne déclencherait pas de conflit mais que Téhéran « répondrait fermement » à toutes les tentatives d’intimidation.
L’armée américaine compte environ 2.500 hommes en Irak et 900 en Syrie, dans le cadre de ses opérations antiterroristes. Depuis le 7 octobre, les troupes américaines ont été attaquées plus de 160 fois dans les deux pays. Bagdad et Washington sont convenus récemment de mettre en place une commission pour entamer des négociations sur l’avenir de la coalition dirigée par les Etats-Unis en Irak, avec l’objectif de fixer un calendrier de retrait graduel du contingent américain.

 

L’Union européenne appelle à la désescalade

 

De son côté, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, a appelé samedi chacun à « éviter une escalade » au Moyen-Orient et bien comprendre qu’une « étincelle » peut provoquer un incident plus grave,

« Nous ne pouvons qu’appeler chacun à comprendre qu’à tout moment de cette série d’attaques et de représailles, une étincelle peut provoquer un incident plus sérieux », a-t-il déclaré devant la presse à l’issue d’une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE, samedi à Bruxelles.

« Tout le monde doit essayer d’éviter que la situation ne devienne explosive », avait déclaré Josep Borrell, interrogé sur ces frappes américaines, peu avant le début de cette réunion.
Evoquant plus généralement la situation à Gaza et dans le sud du Liban et les frappes en Irak et en Syrie, Josep Borrell avait averti sur le risque d’escalade.

« Le Moyen-Orient est une chaudière qui peut exploser », avait-il affirmé. « C’est pourquoi nous appelons tout le monde à éviter une escalade ».

 

Source : La Tribune

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