Avec la récente évolution : les violents combat entre deux groupes signataires de l’Accord issu du processus d’Alger à savoir le GATIA et la CMA, la prise de la région de Ménaka par la même CMA, une sérieuse confusion dans la gestion de la crise au nord-Mali s’est manifestée. Depuis, de plus en plus, des voix s’élèvent pour demander le retrait des forces étrangères et plus précisément françaises.
Mais dans la logique est-ce que les partisans du départ des forces françaises ont pensé aux avantages et aux conséquences de ce départ dans un pays où les autorités ont toutes les peines du monde à assurer l’intégrité du territoire national ; à assurer la sécurité des maliens et de leurs biens sur toute l’étendue du territoire ; à mettre en place une armée nationale bien équipée avec des éléments bien formés et prêts à se battre pour la cause du Mali ?
C’est insensé, aberrant de demander le retrait pur et simple des forces françaises et onusiennes tant que nous n’aurons pas mis en place, construit une digne de ce nom, une armée nationale équipée, des éléments bien formés et prêts à se sacrifier pour la Nation. C’est cela le préalable à toute autre démarche tendant montrer notre nationalisme.
Les populations maliennes uniquement pas les autorités avec l’opposition politique y compris, doivent pousser la France à dévoiler sa stratégie dans le Nord. Parce que la réalité elle est autre, elle est différente de celle que les maliens sont sensés connaître.
Nous avons le choix soit de nous prendre en charge avec bien sûr l’aide de nos partenaires, soit continuer à subir l’humiliation de la France. Le retrait des forces étrangères ne veut pas dire les chasser, à notre sens. Selon nous, il s’agit de permettre aux forces étrangères de préparer l’armée malienne à être maîtresse de son destin dans un temps limité, de pousser la France à dévoiler sa stratégie dans le Nord du Mali. Le retrait veut dire permettre à l’État du Mali de jouir de toutes ses prérogatives d’État indépendant.
Le retrait ne doit pas être destiné à abandonner l’État malien à faire face seul aux terroristes. Les pays qui sont confrontés au terrorisme et au jihadisme bénéficient de l’aide des puissances étrangères tout en sauvegardant leur indépendance. Pour notre cas, aujourd’hui l’attitude de la France montre clairement que le Mali n’est plus maître de son destin.
« Aucun pays n’a reçu à ramener la paix chez lui sans un État fort et une armée forte »
« Si vous chassez la France du Mali, elle a les moyens d’infiltrer le Mali sans l’accord des autorités », prévient un observateur de la scène politique. Et d’ajouter : «
Aucun pays n’a reçu à ramener la paix chez lui sans un État fort et une armée forte ».
C’est pour ça que nous disons que les groupes armés ne déposeront jamais les armes. Sur le terrain, ils tuent et terrorisent, et leurs responsables vivent dans les hôtels et autres villas à Bamako, sans être inquiétés. Alors Pourquoi renoncer aux armes qui leur procurent des avantages pécuniaires ?
Sans armée puissante, une police forte avec un système justice fonctionnel et non une justice qui réprime la liberté d’expression comme le cas de Madou et de Ras Bath l’avenir est très sombre pour le Mali.
Dépassionnons le débat, sinon, ça sera la catastrophe pour nous tous. Le retrait actuel des troupes étrangères peut avoir des conséquences désastreuses pour la survie du Mali. C’est le droit des maliens de proposer des solutions pour la crise. C’est une bonne chose. Mais, à partir du moment où les forces françaises sont déjà sur place, il est mieux de chercher une autre alternative. Ce sont les autorités maliennes qui leur ont fait appel, c’est à elles de revoir leur mandat.
Pour ce qui est de la mise en œuvre timide de l’Accord, pour notre part, il serait mieux de renégocier certains aspects, aussi de provoquer une conférence nationale uniquement sur la crise. A titre de rappel, les accords de Tamanrasset sous Moussa Traoré, le Pacte National sous Alpha Oumar Konaré, les Accords d’Alger sous ATT, ceux d’Alger actuels, la présence de Minusma et Barkhane n’ont jamais empêché la violence et l’insécurité, au contraire. Il est temps qu’on comprenne que les problèmes de ce pays ne font du mal qu’à nous maliens, pas les algériens, pas les français encore moins les autres. Les forces étrangères aident le Mali à se stabiliser pas à régler nos problèmes profonds !
C’est vrai, la France ne règle pas tous nos problèmes à notre place. Mais la France ne peut être nullement tenue pour responsable, parce que comme un adage du terroir le dit: « On ne saurait accuser son point de chute, mais plutôt l’endroit où on a trébuché ». Le Mali a trébuché par le choix de ses dirigeants respectifs… Donc c’est d’abord une lutte interne qui pose la thématique de ce que le Malien d’aujourd’hui veut, de quel type de Malien est-il, peut-il être et quel avenir veut-il construire pour la postérité ? Elle est à mener ensuite par étape avec beaucoup d’intelligence.
Moussa Mamadou Bagayoko