A l’instar du monde entier, le Mali a célébré, le 05 décembre 2018, la Journée mondiale des Sols. Le thème cette année est : « Pollution des sols : soyez la solution ». En marge de cette célébration, le Journal Scientifique et Technique du Mali (JSTM) vous faire découvrir deux techniques de régénération naturelle assistée : Le Zaï et la demi-lune.
La Journée mondiale des Sols a été proposée, en 2002, par l’Union Internationale des Sciences du Sol (IUSS). Elle a été approuvée, en 2013, lors de la Conférence de la FAO et instaurée à la date du 5 décembre lors de la 68e Assemblée générale des Nations Unies de 2013. C’est une journée qui vise à sensibiliser sur les sols comme élément essentiel du système naturel et du bien-être humain. En Afrique de l’Ouest, les sols sont surtout victimes de sécheresse et les superficies désertiques ne cessent de croître. ¾ de la superficie totale du Mali est désertique. Pour inverser cette tendance des techniques de régénération naturelle assistée sont pratiquées au Mali, au Burkina et au Niger.
Le « zaï » vient du mot « zaïégré » qui veut dire, en Mooré (langue parlée au Burkina), « se lever tôt et se hâter pour préparer sa terre». Longtemps ignorée par les chercheurs, la technique est aujourd’hui classée parmi les techniques de Conservation des Eaux et des Sols (CES). Des chercheurs estiment que le Zaï a été importé du pays Dogon au Mali. La technique a été alors adoptée et améliorée par les agriculteurs du nord du Burkina Faso après la sécheresse des années 80. Dans le village de Komki au Burkina, à 35 km de Ouagadougou, commune de Komki- Impala, on admire la victoire des paysans sur le « Zippéllé », un sol aride et pauvre. A travers le Projet de Gestion Intégrée de la Sécheresse en Afrique de l’Ouest (PROGIS-AO) financé par Global Water Patnership West Africa, le Parc agroforestier multifonctionnel de Komki devient une réalité, grâce à la pratique du Zaï.
La culture en demi-lunesLa technique du Zaï consiste à effectuer des poquets (trous) remplis de compost. La pratique permet de préparer la terre très tôt dans la saison sèche de novembre à juin, en creusant à l’aide de daba (houe à manche court) tous les 70-100 cm, des trous de 15 à 20 cm de profondeur. Grâce aux poquets, le compost n’est pas entraîné par l’eau de pluie. De plus, les éléments fertiles sont situés au plus près de la plante. Il a été prouvé aussi que cette méthode nécessite une moindre quantité de compost par unité de surface.
La culture en « demi-lunes » utilise le même principe que le zaï. Cependant, c’est une technique plus adaptée pour les terrains fortement inclinés. Elle consiste à creuser des trous de 2 à 3 mètres d’envergure en forme de croissant (demi-lunes). Installées perpendiculairement à la pente du terrain, les demi-lunes ont l’avantage d’avoir un côté ouvert, permettant de collecter les eaux de pluie qui ruissellent le long de la pente. Cela permet non seulement de stopper l’érosion des sols, mais aussi de garder au pied de la plante, les éléments nutritifs pour sa croissance.
A la différence du Zaï, où la forme des poquets dépend de la culture, en demi-lunes les trous sont identiques. La demi-lune est l’une des techniques utilisées au Mali dans le cadre du Projet de Gestion des Ressources Naturelles et Changement Climatique (PGRNCC). Face à la surexploitation de la forêt de Wagadou, quatre communes du cercle de Banamba, situé à 145 km de Bamako, bénéficient de cette technique dans le cadre de la campagne test du PGRNCC en application des nouvelles technologies de culture.
@mamadou_togola
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