Mis en demeure depuis plus de trois ans à cause du conflit opposant le clan du maire de la Commune rurale de Falo au collectif des exploitants, le champ de 100 hectares attribué aux 26 villages et hameaux de ladite commune, dans le cercle de Bla est resté non exploité depuis 2019.
A l’origine du conflit, la malheureuse tentative du maire de la localité de spolier les femmes de leur quota au profit d’une communauté qui lui est favorable, selon les victimes. Un conflit qui bloque l’exploitation de cette terre qui, pourtant, présente beaucoup de potentialités pour le développement en faveur des producteurs agricoles de la zone.
L’amer constat a été fait par la nouvelle sous-préfète de ladite commune rurale qui était en visite dans la localité, en début de semaine, pour tenter de réconcilier les différents protagonistes.
Pour rappel, la commune rurale de Falo, une localité située dans le cercle de Bla, compte environ 250.000 âmes reparties entre 26 villages et hameaux dont l’activité repose essentiellement sur l’agriculture et l’élevage.
C’est pour soutenir le développement de la localité qu’un partenaire du Mali avait décidé de réaliser un champ rizicole en 2019.
Un ouvrage de 100 hectares qui se retrouve aujourd’hui abandonné malgré un investissement de plus de 150 millions de F CFA.
Voilà le triste résultat du vaste programme de sécuritaire alimentaire lancé, depuis trois ans, dans la localité.
Un gâchis de plusieurs millions financés par un partenaire technique et financier de notre pays (LUX-DEV).
Comme pour montrer sa bonne foi, Mme la préfète de la commune rurale de Falo a organisé une réunion avec les responsables administratifs et locaux de la commune élargie aux services techniques d’agriculteurs de la zone.
À l’ordre du jour, les voies et moyens pour sortir la commune de cette crise, afin que les efforts déployés par le programme Lux-Développement soient bénéfiques aux populations.
En campant le décor, la préfète a remercié tous les protagonistes pour leur présence.
La pomme de discorde, étant le dispatching des parcelles du site, comme prévu par le Comité d’organisation en parfait accord avec tous les membres de comité, composé des responsables de chaque village et hameau.
Après avoir distribué les parcelles à qui de droit, notamment les ressortissants de tous les villages ; en parfaite intelligence avec le Maire, Mamourou BOUARE ; les autorités administratives, dont le Sous-Préfet de Bla, et les autorités traditionnelles, notamment la Coordination des chefs de villages de la commune rurale de Falo, personne n’avait alors trouvé à redire. Mieux, le Maire, au terme de l’opération, a salué l’initiative du Programme, tout en remerciant les donateurs.
Mais quelques mois après, les habitants de Falo ont été désagréablement surpris devant le revirement du Maire qui a décidé de reprendre le quota des 30% octroyé aux femmes au bénéfice des habitants de Kombalabougou, un village qu’il convoite en vue des futures élections, selon des sources concordantes.
En conséquence, les habitants ont constaté avec consternation que les partisans du Maire se sont présentés un jour sur le site avec des bouts papier qu’il leur a donné.
Selon eux, ces nouvelles notifications leur permettent de s’approprier les parcelles réservées aux femmes ou leur mari, dans certains cas.
Pire, les propriétaires, toutes des femmes pratiquement, se voient ainsi interdits d’accès au champ au risque d’être agressés, voire frappés à mort par les partisans du Maire qui sont armés d’armes blanches et de gourdins, selon les témoignages des victimes.
Bourama SANOGO, le 3e adjoint au Maire et non moins conseiller chargé de l’Agriculture, désavoue les comportements du Maire et le met en garde.
« Personne ici dans la mairie ne soutient le Maire BOUARE en raison de ses mauvais agissements. Nous lui avons dit que le Mali n’a pas besoin de cette crise qui ne vaut pas la peine. Nous soutenons les femmes, nous soutenons notre population, notamment la minorité qui a été spoliée de ses champs au profit des amis politiques du Maire ».
Il faut noter qu’un partisan du Maire est sous les verrous pour avoir contesté la décision du juge.
Cependant au nom de la réconciliation, exception faite au maire et son clan, les autres parties ont convenu de la création d’un nouveau Comité de gestion consensuel du champ litigieux pour que reprennent, enfin les activités d’exploitation de cet ouvrage. Mais, le niet de l’autre camp ne s’est pas fait attendre.
En conséquence, le champ reste inoccupé aux grand-dames toutes ses familles qui souffrent de l’insécurité alimentaire.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : Info-Matin