Aly Asmane Ascofaré
Au Mali, de plus en plus, les pièces de théâtre laissent place aux one man shows des comédiens. Ce qui menace fortement la pratique dans le pays.
Qu’il semble loin le temps où le groupe dramatique Kotéba National du Mali, créé en 1969, interprétait la pièce de théâtre « la Mort de Chaka » de Seydou Badian Kouyaté. Ou que le groupe Nyogolon faisait de cet art une arme pour sensibiliser contre les phénomènes sociaux néfastes. La pratique du théâtre, autrefois tant appréciée, a tendance à disparaitre au Mali.
« Plusieurs raisons peuvent expliquer cela. D’abord, le pays n’a pas de mécanisme pour aider la création. Pour faire une création, il faut en effet des moyens. Il n’y a pas non plus pas de lieux où répéter. Ajoutez à cela les contrats des comédiens, les autres dépenses, les costumes et les accessoires… », énumère le metteur en scène Adama Traoré, Président de l’association culturelle Acte Sept. Selon lui, pour une véritable renaissance du théâtre malien, il faut également « des programmateurs, des salles et une politique pour faire venir le public. Le théâtre, ce sont beaucoup de métiers ».
C’est en raison de toutes ces contraintes, aux dires des certains observateurs culturels, que le stand-up (one man, ou woman, show) a pignon sur rue au Mali. En effet, ce genre comique apparu à la fin du 20ème siècle donne l’opportunité à un humoriste seul, sans décor, ni autre personnage, ni accessoires, de raconter des anecdotes ou de faire des caricatures du quotidien. « Cela est facile à filmer et à mettre sur les réseaux sociaux », explique M. Traoré.
Pour la comédienne Alima Togola, il y a aussi une manque de formation. « Même ceux qui sont formés ne font pas souvent la différence entre le stand-up et le théâtre », regrette-t-elle. Selon elle, on parle de pièce de théâtre quand il y a un texte écrit par un dramaturge et une mise en scène réalisée par un professionnel. « Avec une succession de répétitions qui peuvent durer jusqu’à trois mois, voire plus, pour maîtriser son texte par cœur. Alors que l’humour est basé sur des « vannes ». Il y a des humoristes qui écrivent, mais en général ce ne sont que les grandes lignes ».
À l’Institut national des Arts (INA), où ont été formés plusieurs acteurs maliens, on ne reçoit ces derniers temps « qu’une quinzaine d’étudiants en théâtre par an. Ce qui est insuffisant si on veut développer cet art », estime Ali Sankaré, Secrétaire général du comité AEEM.
Source : Journal Du Mali