Suite à la dernière réunion du Conseil Supérieur de la Défense Nationale présidée par Ibrahim Boubacar Keïta, le Premier ministre a annoncé l’ouverture des classes pour le 02 juin prochain. Mais cette mesure semble bien être juste un effet d’annonce.
Le Gouvernement a même joué sur ladite annonce en faisant savoir sur le tard que la reprise des cours concerne uniquement les élèves en classes d’examens. Ce qui signifie, ni plus ni moins, une école sélective et expéditive, qui laisse en tout cas le plus grand nombre sur la rade. Faut-il d’ailleurs rappeler que c’est le coronavirus qui a servi de bon prétexte au président de la République et à son gouvernement de procéder à la fermeture des écoles alors qu’en réalité celles-ci n’étaient plus fonctionnelles depuis de longs mois, laissant même planer le spectre d’une année blanche?
Les populations maliennes, les parents d’élèves et les organisations de la société civile en particulier, avaient beau monter au créneau, IBK et Boubou Cissé ont été incapables de trouver les bonnes solutions. L’école a continué à aller à vau-l’eau. En violation flagrante de l’article 2 de la constitution malienne qui stipule que « Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs », l’État autocratique a dénié aux enseignants les avantages légaux du désormais fameux article 39 du statut particulier des fonctionnaires. Un manquement intolérable aux principes démocratiques contre lequel la corporation a manifesté pacifiquement, mais qui lui a valu une féroce répression. Conscients de leur bon droit reconnu du reste par l’ensemble du peuple malien, les enseignants, à travers leurs leaders syndicaux, sont résolument demeurés sur la position de ne rien négocier tant que les salaires injustement bloqués depuis plusieurs mois ne seront pas payés sur l’ensemble du territoire national. Une séance prévue entre les deux parties le 20 mai dernier a ainsi capoté pour ce motif.
Mais qu’est-ce qui pousse IBK et Boubou Cissé à refuser aux enseignants leurs droits? Personne n’a pu à ce jour donner une explication cohérente à cette question. L’ancien Premier ministre Moussa Mara a donné néanmoins un avis jugé pertinent par beaucoup et qui donne à comprendre que les enseignants sont dans la légalité et dans la légitimité : » Il y a des solutions qui nécessitent une forte volonté politique du Gouvernement. L’une de nos priorités de députés sera d’interpeller fortement le Gouvernement afin qu’une solution soit trouvée à la question de la crise de l’éducation. Il faut impérativement mettre les enseignants dans leurs droits et rapidement. Si on a été capable de dégager 500 milliards de FCFA pour faire face à la pandémie du COVID 19, on doit pouvoir trouver 10% de cette somme pour l’éducation qui engage notre avenir. »
Les tenants de l’État ont peut-être entendu de bonne oreille son message. En effet, aux dernières nouvelles, le gouvernement serait en train de préparer une réaction positive. Il voudrait accepter l’application de l’article 39 au profit des enseignants, et même consentir un rappel des salaires bloqués à compter de janvier dernier jusqu’à mai 2020. Si cela s’avérait, pourquoi avoir perdu tant de temps et réprimé sauvagement les enseignants ?
Bogodana Isidore Théra
LE COMBAT