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Rentrée scolaire au Nord : Précautions et garanties pour le succès de l’opération

Les mesures sécuritaires pour assurer une reprise des classes sans accroc. Les écoles des régions de Gao, Tombouctou, Kidal et celles de Ténenkou et Youwarou en 5è Région rouvriront leurs portes le 17 octobre comme prévu par le ministère de l’Education nationale.

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Le gouvernement et ses partenaires, notamment l’Unicef, ont pris toutes les dispositions nécessaires pour permettre aux 800.000 élèves touchés par l’occupation jihadiste, qui a détruit les infrastructures scolaires et anéanti le système éducatif, de retrouver le chemin des classes. Pour ce faire, des stratégies innovantes vont aider au retour des enseignants et à l’amélioration des conditions d’études des enfants.

Grâce à la ténacité de certains enseignants et des communautés restés sur place pendant l’occupation, 14 % des 200.000 enfants en âge d’être scolarisés, l’ont été en 2012-13. Durant la même période, 115.000, enfants sont restés dans ce qui restait de leurs écoles malgré des conditions sécuritaires exécrables. 85 000 écoliers se sont déplacés, soit dans des villes des régions du sud du pays soit dans des pays d’exil. 56 % du corps enseignant manquaient à l’appel.

La rentrée scolaire intervient cette année dans un contexte marqué par un déficit important d’enseignants, de structures d’accueil et de matériel didactique. A cela il faut ajouter des effectifs pléthoriques de 80 à 100 élèves par classe selon une évaluation du « Cluster éducation ». A Kidal, depuis le début de la crise au nord du pays au premier trimestre 2012, les écoles sont restées fermées.

DES STRATEGIES CORRECTIVES. Pour la présente année scolaire, le département en charge de l’Education et ses partenaires ont entrepris de corriger les lacunes et faiblesses recensées lors de l’exercice précédent.

L’Unicef en partenariat avec le ministère de l’Education nationale, a lancé une campagne baptisée « Retour à l’école ». Celle-ci vise à faciliter et promouvoir un accès équitable à une éducation de qualité pour les filles et les garçons, en particulier ceux touchés par le conflit, grâce à une dotation minimale multisectorielle. Cette campagne dont le slogan est « la paix est de retour, l’école aussi », prévoit plusieurs activités majeures, essentiellement sous forme d’ateliers nationaux et régionaux, de sensibilisation et de consultation. Les ateliers du Nord se sont déroulés les semaines écoulées.

Des actions de plaidoyer sont également prévues comme la réunion, avec les partenaires techniques et financiers, les ambassadeurs et les médias, qui s’est tenue au mois de septembre dernier et un programme de communication pour le changement de comportement et de visibilité de grande envergure.

Les régions du Nord figurent parmi les cibles prioritaires de cette campagne. Selon Brahim Ould Isselmou, chargé de communication à l’Unicef : « Ces zones bénéficieront de formation, de fournitures, de la réparation des écoles et d’activités de sensibilisation et de mobilisation sociale ».

Compte tenu de l’urgence, l’Unicef a lancé un appel de fonds de 9,1 millions de dollars soit plus de 4,5 milliards de Fcfa pour répondre aux besoins d’éducation urgente découlant des multiples crises qui ont affecté notre pays. A ce jour, 5 millions de dollars (2,5 milliards de Fcfa) ont déjà été mobilisés. Brahim Ould Isselmou précise que l’Unicef appuie le gouvernement, notamment en mobilisant les enseignants et les parents afin de ramener les enfants à l’école pour leur offrir une bonne éducation.

Environ 9000 enseignants vont ainsi bénéficier d’une formation durant l’année scolaire 2013-14. Des espaces d’apprentissage temporaires seront ouverts en prévision de la réhabilitation et de la rénovation des écoles endommagées, 15.000 tables-bancs, du matériel d’apprentissage et des équipements récréatifs seront fournis.

L’Unicef conduit aussi des partenariats, notamment avec le PAM, pour les cantines scolaires. Globalement, il s’agit de garantir aux familles et aux enfants un paquet de mesures incitatives propre à faciliter le retour à l’école.

Dans cette perspective, l’Agence canadienne de développement international (ACDI) s’est aussi distinguée. En effet, explique le conseiller en éducation Abdoulaye Ky, le Canada qui avait suspendu son aide directe depuis le coup d’Etat de mars 2012, a cependant mis 5 millions de dollars (2,5 milliards de Fcfa) à la disposition de l’UNICEF pour l’achat de manuels scolaires. La plus grande partie de cette somme servira à acquérir et distribuer des livres dans 1085 écoles fondamentales (1er et 2è cycles) des régions du Nord et de l’académie de l’éducation de Douentza pour la rentrée 2013-2014.

DES MESURES INCITATIVES. Abdoulaye Ky annonce en sus le démarrage de plusieurs projets d’appui au système éducatif. Il s’agit, entre autres, d’un projet de renforcement des capacités de réparation de manuels scolaires d’un montant de 8,5 millions de dollars soit 4,2 milliards de Fcfa dont 2,5 milliards pour 2014. Il faut également retenir le projet de formation continue des maîtres du fondamental et d’évaluation des apprentissages scolaires d’un montant de 17,8 millions de dollars ou 8,9 milliards de Fcfa (1,5 milliard de Fcfa pour 2014). La coopération canadienne en collaboration avec 4 ONG internationales (Plan-Mali, Save the Children, fondation Aga Khan, World Vision) met également en œuvre un projet de construction et de réhabilitation d’infrastructures scolaires (classes, latrines, forages, points d’eau) et de mise à disposition de mobiliers. Cet engagement mobilisera environ 20 millions de dollars (10 milliards de Fcfa).

Rien d’étonnant avec ce programme que l’heure soit à l’optimisme et à la mobilisation générale au ministère de l’Education nationale. Le conseiller technique Baba Diabé Doumbia énumère avec satisfaction les dispositions prises par le département pour la réussite de cette rentrée scolaire. Pour inciter les enseignants à retourner au Nord, le ministère va verser 100.000 Fcfa à chacun en guise de frais de transports et 150 000 Fcfa, une fois sur place, comme frais de réinstallation. Cet ensemble de mesures s’ajoute à l’optimisme occasionné par la bonne tenue des examens spéciaux à Gao et à Tombouctou pour susciter l’espoir d’une bonne rentrée scolaire.

Les dispositions sécuritaires ne sont pas oubliées et les ministères concernés ont été associés à l’adoption de mesures propres à assurer la sécurité à tous. Dans ce cadre, le département envisage d’inclure dans la formation des élèves, les principes élémentaires de prudence et de vigilance afin de détecter et signaler tout matériel ou comportement suspect.

La conjonction des efforts des différents partenaires et acteurs de l’école pour amorcer une bonne année scolaire, peut être considérée aujourd’hui comme acquise. Tous ont hâte de voir les résultats sur le terrain afin de conjurer le triste souvenir de l’occupation jihadiste du Nord.

LE CAS PARTICULIER DE KIDAL

La rentrée scolaire est-elle possible à Kidal ? Pour les autorités et les partenaires, c’est oui. Quid de la situation sécuritaire très précaire dans cette ville comme en témoigne les récents affrontements entre les militaires maliens et les rebelles du MNLA ?

Il y a, de ce point de vue, un besoin urgent de réunir toutes les conditions pour que les enfants puissent retourner à l’école le 17 octobre. Le défi à relever est d’importance surtout après les 18 mois sans école dont les enfants ont été victimes. Ici, en effet, depuis le début de la crise au nord du pays en mars 2012, les portes des écoles sont fermées privant des milliers d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation.

Plus qu’ailleurs, le secteur de l’éducation figure parmi les priorités fixées par les autorités régionales. Les besoins à couvrir sont nombreux : les travaux de reconstruction et de réparation à faire dans les écoles, le mobilier à acquérir, le matériel didactique à reconstituer et le programme à adapter aux conséquences de la crise sur les enfants. Pour la représentante de l’Unicef dans notre pays, il faut s’employer afin que le droit à l’éducation des enfants de Kidal redevienne une réalité. C’est maintenant, préconise-t-elle, que nous devons mobiliser toutes les ressources nécessaires pour empêcher les enfants de rater une autre année scolaire.

A ce jour, selon un communiqué de l’OCHA (organisme européen chargé de l’aide humanitaire) sur la question, seulement une vingtaine d’enseignants sont retournés à Kidal sur un total de 400. Mais avec les incitations décidées par le ministère de l’Education nationale, des enseignants vont certainement revenir. En nombre suffisant ? Après l’évaluation des besoins, le département en charge de l’Education et ses partenaires se montrent optimistes et se déclarent prêts à réussir la rentrée.

Rappelons que la 8è Région compte 62 écoles, tous cycles confondus, pour 6000 apprenants. Les progrès étaient en cours car, en 1993, il n’y avait que sept écoles dans la région. Il faut maintenant repartir de l’avant. Et pour cela, tous devront y mettre du leur.

M. A. T. 

Source: Essor

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