L’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite (NIMD) a lancé le 3 juillet dernier, le projet des écoles politique et démocratique. Le projet est le fruit d’un partenariat avec l’Union européenne sur 18 mois afin de contribuer à l’élan national de renouveau des codes et pratiques de gouvernance tel qu’exprimé par les forces vives de la nation.
En marge des 15 modules qui seront dispensés dans les sept écoles (trois politiques et quatre démocratiques), des cafés politiques seront organisés pour renforcer l’esprit critique des apprenants, le dialogue multi-acteurs, et le réseautage social. Ces rencontres servent à faciliter un débat politique inclusif et de proximité entre les populations locales et les futurs leaders sociaux et politiques formés dans le cadre de ce projet.
C’est dans l’atteinte de cet objectif que le premier café politique s’est tenu jeudi dernier, dans un hôtel de la place, sur le thème : «Le rôle des partis politiques dans le renouveau de la gouvernance démocratique au Mali». Ce panel était animé par l’ancien Premier ministre Moussa Mara, représentant le parti Yelema, le président du Front africain pour le développement (Fad), Nouhoum Sarr et l’avocat Me Abdourahamane Ben Mamata Touré. Les représentants des partis politiques, des organisations de la société civile ont participé à la rencontre.
Les panelistes ont souligné le rôle essentiel des partis politiques dans le renouveau de la gouvernance démocratique. à cet effet, ils ont abordé plusieurs mécanismes dont la bonne organisation contribuera à la consolidation de notre démocratie. Au nombre duquel le financement public des partis politiques et leur multiplicité. Aujourd’hui, notre pays compte plus de 230 partis politiques.
Selon l’ancien Premier ministre, le financement des partis politiques doit être mixte pour permettre de prendre en charge les coûts de la vie publique. «Nous devons travailler pour que le financement public serve véritablement le parti et les activités utiles à la collectivité», propose le leader politique, estimant qu’à côté du mécanisme actuel, nous devons avoir un financement privé encadré.
Quant à la solution pour gérer la multiplicité des partis politiques, Moussa Mara a affirmé qu’il faut mettre l’accent sur la définition des partis, les critères de création et le dispositif mis en place pour que ces regroupements respectent les critères et remplissent les attentes des citoyens politiques.
Le président du Fad a indiqué que le progrès d’un pays ne dépend pas de la multiplicité des partis politiques. Selon Nouhoum Sarr, la floraison de ces formations prend sa source après les élections de 1992 avec comme objectif de conquérir le pouvoir pour contrôler notamment les ressources et les postes. Il a regretté que les «grands partis» ont magnifié l’importance de l’argent dans la politique. S’agissant du financement public des partis, le responsable du Fad a estimé que c’est un non-sens de distribuer les 14 milliards Fcfa. «Nous encourageons l’état à ne pas donner un centime aux partis», a-t-il insisté.
Selon Me Abdourahamane Ben Mamata Touré, c’est dans le dialogue qu’on pourra résoudre la question de la multiplicité des partis. Il faut travailler sur les critères, a-t-il défendu, pour amener les partis à concourir davantage au suffrage et à être plus représentatifs et proches des populations.
L’avocat a précisé qu’en 2018, le financement public des partis politiques s’élevait à 0,25% des recettes fiscales. De 2001 à 2018, il a indiqué qu’environ 27 milliards ont été distribués au titre de l’aide publique aux partis politiques. D’autres sujets tels que la marchandisation de la vie politique, le désenchantement des partis politiques, la multiplicité des partis et le mode des élections ont été au cœur des débats. S’y ajoutent le parrainage des citoyens, l’achat des consciences et l’alternance politique.
Mohamed D. DIAWARA
Source : L’ESSOR