Quelques heures après le verdict de la Cour d’Appel de Bamako, qui a abandonné les poursuites Ras bath, un de ses avocats revient sur les détails d’un procès à rebondissements. Selon Me Abdourahamane Ben Mamanta Touré, « cette procédure s’inscrit dans les pages sombres de la justice malienne et dénote d’un grand malaise dans la machine judiciaire qui traverse une crise, tant les rapports fonctionnels qu’hiérarchiques ».
Ce jugement était attendu, Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath vient d’obtenir la relaxe. La défense était celle de la bravoure, non la rupture. Oui il a tenu des propos, il a dénoncé la ponction de la prime générale alimentaire des soldats maliens au front par la hiérarchie, il a dénoncé le manque d’anticipation et de stratégie des officiers qui a été à l’origine de la tuerie de 17 soldats lors de l’attaque de Nampala. Ces faits dénoncés sont documentés par Jeune Afrique, l’indicateur du Renouveau, le rapport du Vérificateur général de 2014. A aucun moment l’accusation n’a pu établir que ces allégations sont fausses. Il lui était simplement reproché d’avoir fait ces révélations qui, selon l’accusation, sont de nature à inciter les troupes à la désobéissance. Ce dont était saisi la Cour, ce n’est pas le sort des soldats affaiblis sous alimentés sans moyens, mais la dénonciation de cette paupérisation. Leur sort importait peu. On vole les primes, on vole le carburant des militaires, c’est une vérité, mais il ne faut pas le dire, en tout cas pas Ras Bath.
Un procès historique
Cette poursuite en réalité n’est que celle du ton du chroniquer qui dérange. Lorsque la cause a été appelée ce matin, le ministère public a demandé le renvoi de l’affaire à 1 mois pour production des supports audio des émissions incriminées ou leur transcription, parce que Ras bath est poursuivi pour des propos et en l’absence de supports. Il lui était impossible de vérifier la réalité de l’infraction et requérir dans le sens de la confirmation du jugement de première instance, frappé d’appel. http://bamada.netLa Cour n’a pas accédé à cette demande et l’affaire a été débattue au fond et en l’absence éléments matériels probants, le ministère public a requis l’abandon de poursuite et la Cour a statué ainsi qu’il suit : La Cour reçoit les appels des prévenus
Les déclarent bien fondés
Infirme le jugement en toutes ses dispositions
Statuant à nouveau et par évocation
Déclare les prévenus non coupables
Les relaxes des fins de la poursuite
Cette procédure s’inscrit dans les pages sombres de la justice malienne et dénote d’un grand malaise dans la machine judiciaire qui traverse une crise, tant les rapports fonctionnels qu’hiérarchiques. Les relations entre parquetiers, unités d’enquêtes et le département de la justice ainsi que les rapports entre juges au siège, parquetiers et le département. Tout cela contribue à rendre notre justice incomprise. Nous devons protéger les magistrats gardiens de nos libertés.
Me Abdourahamane Ben Mamanta Touré
Avocat au Barreau malien
Source: journaldupeuple-Mali