Le 24 octobre 2020, en communion avec le peuple malien l’Ambassade de la République Populaire de Chine à Bamako a organisé une cérémonie commémorant le soixantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine nouvelle et le Mali indépendant. Le 25 octobre 1960, la Chine est devenue le deuxième pays au monde, après la République Fédérale d’Allemagne, à reconnaitre l’indépendance et la souveraineté de la République du Mali, proclamées, le 22 septembre 1960.
Le choix du Mémorial Modibo Keïta pour abriter cette cérémonie solennelle et l’exposition photos retraçant les soixante (60) années des relations Sino-maliennes relèvent d’un symbolique fort. L’Ambassadeur de Chine, M. ZHU Liying puisera dans les profondeurs de la riche culture chinoise pour expliquer ce choix: «Quand on boit de l’eau, il ne faut jamais oublier celui qui a creusé le puits». Cet édifice dédié à la mémoire de Modibo KEITA, premier Président de la République du Mali, est un don de la Chine. Sa vocation est de recueillir et présenter comme un Centre culturel, un musée, à titre éducatif, les œuvres du patriote, nationaliste, panafricaniste, chef d’État du Mali.
Ce mémorial compte parmi les monuments et les infrastructures (tous œuvres de la Chine) sans lesquels Bamako serait à présent à l’état d’un gros village. Il s’agit entre autres: des Monuments de la Paix, de l’Union Africaine (UA), de l’Indépendance; des Monuments Cabral, Nkrumah, CAN; des bâtiments abritant le Secrétariat Général de la Présidence, le Protocole de la République, le Conseil Économique et Social et Culturel (CESC), le Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, la Maison de la Femme et de l’Enfant, l’Université de Kabala (unique en Afrique de l’Ouest), le Stade du 26 Mars, l’Hôpital du Mali, le Centre International des Conférences (CICB); des échangeurs routiers, du troisième pont, des deux routes de Kati …La liste n’est pas exhaustive.
En ce lieu de mémoire, l’Ambassadeur de Chine a puisé dans les profondeurs de la riche culture chinoise pour rendre un vibrant hommage aux dirigeants visionnaires, Modibo Kéita et chairman Mao Zedongqui ont creusé le puits dont l’eau arrose le champ verdoyant des relations Sino-maliennes et étanchent la soif de générations de chinois et maliens dans tous les domaines. Tel un poète-conteur, M. ZHU Liying dira: «soixante (60) ans dans la philosophie culturelle chinoise signifie un cycle qui repart aussitôt après accomplissement». Ce cycle est comparable à une horloge dont les aiguilles une fois arrivées au 12, repartent inlassablement pour un nouveau cycle, un mouvement qui se perpétue. Il serait fastidieux de présenter le bilan de ce cycle de soixante (60) années écoulées.
Au plan diplomatique, déjà un mois après la proclamation de l’indépendance du Mali le 22 septembre 1960, le Président Modibo KEITA (Ministre des Affaires Étrangères) et l’Ambassadeur de la République Populaire de Chine en République de Guinée signent à Bamako les documents par lesquels le Mali reconnait solennellement la seule et unique République Populaire Chine. La Chine reconnait l’indépendance et la souveraineté de la République du Mali.
Le 25 octobre 1960, les échanges de missions diplomatiques suivront l’acte posé. De la partie malienne, cet acte relève de la volonté du Président Modibo Kéita d’affranchir son pays du joug de l’ancien colonisateur. La Chine exprimait son attachement à l’esprit de la conférence des non-alignées, tenue à Bandung (Indonésie), en 1955 et aux principes fondamentaux de sa gouvernance adoptés par le Parti Communiste Chinois en 1949.
Du 16 au 21 janvier 1964, le Premier ministre Chinois Zhou Enlai effectue une visite qui fait date dans les annales de l’histoire des relations internationales. Dans la ville de Koulikoro (située à 60 km de Bamako) où il est fait citoyen d’honneur, Zhou Enlai déclare: «la Chine est disposée à aider le Mali à réaliser son indépendance économique…».
Depuis, les relations amicales entre les deux pays ne cessent de se maintenir à leur plus haut niveau. Du 29 Septembre au 7 novembre 1964, le Président Modibo Keita effectue la plus longue visite officielle d’un chef d’État en Chine. À cette occasion les deux (02) pays procèdent à la signature du «Traité d’Amitié Chine-Mali»,établissant le cadre juridique de la coopération bilatérale. Sur la scène internationale le Mali et la Chine témoignent constamment de leur soutien et solidarité mutuels. Ils sont fermement attachés à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à la paix à la stabilité et à l’unité nationale.
Ni le temps ni les péripéties internes (notamment au Mali) ou sur la scène internationale n’ébranleront l’amitié scellée. En août 2019 l’ancien Président Moussa Traoré me confiait, le respect et l’attention particulière que la Chine accordait au Mali durant sa présidence. Ses rencontres avec les autorités chinoises étaient empreintes de geste amicales, fraternelles de haute facture. L’ancien Président Alpha Oumar Konaré a réalisé un véritable exploit en réussissant l’organisation la Coupe d’Afrique des Nations de Football (CAN) 2002 au Mali, grâce à la coopération pragmatique chinoise. Dans le cadre de ce véritable programme de développement, la Chine réalisera en un temps record des infrastructures routières, aéroportuaires, sportives, culturelles et touristiques à travers le Mali, suscitant la fierté des populations maliennes et l’admiration de toute l’Afrique.
En parlant et de l’amitié sincère scellée et de la coopération pragmatique chinoise, il me vient à l’esprit cette déclaration faite par le Président Amadou Toumani Touré (ATT), lors d’une interview à la veille de la célébration du 22 septembre 2020, je paraphrase: «Je ne saurais remercier la Chine pour tout ce qu’elle fait pour le Mali. Tout ce que je demande, ce pays me le donne…alors j’ai arrêté de le solliciter».
Les rencontres entre les Présidents Ibrahim Boubacar Kéita et Xi Jinping dans le cadre du Forum sur la Coopération Sino-africaine, le Sommet Sino-africain sur le COVD-19 témoignent de l’excellence des relations sino-maliennes. Fidèle à son engagement initial exprimé par la voix de Zhou Enlai, en 1964, la Chine a activement contribué à la construction du socle de l’économie malienne.
En moins d’une décennie, une vingtaine de sociétés, d’entreprises et d’industries seront réalisées. Les programmes d’ajustement structurels imposés aux pays Africains par les puissances occidentales, anciens colonisateur sont sapé la marche du Mali vers le progrès et brisé l’élan de développement imprimé par la coopération chinoise.
En 2010, à l’occasion de la célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Mali et de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux (02) pays, la Chine manifeste son amitié en offrant au Mali à titre de don, le troisième pont (Pont de l’Amitié Sino-malienne)dont la ville de Bamako avait tant besoin.
Au plan culturel, la Chine offre chaque année des bourses d’études et de formation au Mali. Fermement attachée à la paix, à la sécurité et à l’intégrité du Mali, la Chine contribue avec près de 400 soldats dans la Mission des Nations Unies pour le maintien de la paix au Mali (MINUSMA). Déployés dans les régions Nord du pays, ces soldats assistent les populations en menant souvent des opérations médicales, réalisant des travaux d’intérêts communautaires. Leurs actions ont suscité l’admiration des populations et la reconnaissance des hautes autorités du Mali qui ont attribuées des distinctions honorifiques au contingent chinois, au mois de février 2020.
Au sein du Forum sur la Coopération Sino-africaine, de l’«Initiative Nouvelle Route de la soie», les deux pays œuvrent ensemble afin d’engranger de nouveaux succès pour la construction d’une communauté de destin encore plus solide. Dans ce cadre l’Ambassadeur Zhou met l’accent sur le renforcement de la diplomatie des peuples et exprime le souhait de la revitalisation de l’industrie nationale, de l’économie numérique, de la formation professionnelle, de la médecine en ligne, du jumelage, de la ville intelligente de la télécommunication à 5G.
Nous partageons pleinement la vision du Président Xi Jinping qui dit: «C’est en restant fidèle à notre engagement initial que nous pouvons accomplir notre mission».
Quel serait le visage du Mali d’aujourd’hui sans l’apport de la Chine ? Le Mali a beaucoup à apprendre de ses relations avec la Chine, notamment: la vertu du travail, le patriotisme, la gouvernance visionnaire.
Professeur Yoro DIALLO, Chercheur Principal/Directeur Exécutif du Centre d’Études Francophones-Directeur du Musée Africain
Institute of African Studies, Zhejiang Normal University, CHINA
E-mail: inadial@yahoo.com /Tél.: (0086)15888991173
Source : l inter de Bamako