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RÉINSERTION DES REBELLES : EXORCISER LE SPECTRE DU PASSE

Demander de tenir compte de leur situation particulière ; parce que n’ayant appris que le métier des armes ; c’était la pièce de la monnaie de l’hospitalité que les suppléments touareg de l’armée libyenne, arrivés chez nous en catastrophe, avaient rendue au Président ATT en son temps.

combattants rebelles mnla nord-mali

 

Mais une reconversion n’est au-dessus des forces de personnes quand le besoin l’impose. C’était lors d’une rencontre, au Palais de Koulouba, avec un groupe d’ex-combattants rentrés de Libye au moment des soulèvements populaires qui ont conduit à la chute du Guide Mouammar KHADDAFI. Avant ces touareg, à la nationalité malienne douteuse jusqu’à preuve du contraire ; d’autres ont entonné cette même chanson au cours de différentes négociations de paix. « Nous ne connaissons que le métier des armes », se plait-on à seriner chez les rebelles. Le jeu en valait du reste la chandelle puisque cela leur a servi de passe-droit pour essaimer au sein des différents corps habillés et de l’administration publique avec tous les avantages disproportionnés. Douloureuse expérience Loin de vouloir remuer le couteau dans la plaie, dans un contexte de réconciliation nationale ; il convient d’aborder la question du Désarment, démobilisation et réinsertion (DDR), en ce moment sur toutes les lèvres, avec beaucoup de lucidité. Cela, parce que le spectre des dernières expériences reste encore vivace. Il n’est en effet un secret pour personne, que la plupart des rebellions sont nées de l’intérieur, au sein des Forces armées et de sécurité, où des éléments intégrés prennent la clé des champs emportant tout l’arsenal militaire à portée de main et n’hésitant pas ensuite à en faire usage contre leurs anciens « frères d’armes ». Des individus qui ont été bombardés colonels de l’armée malienne ont particulière brillé dans cet exercice de mise en péril de la vie de leurs anciens « compagnons ». Dans cette veine, le colonel Hassane Ag FAGAGA, promu chef d’état-major adjoint de la Garde nationale ; le commandant BA Mossa qui serait devenu colonel et commandant des unités spéciales mises sur pied à la suite de l’Alger d’Alger du 4 juillet 2006, entre deux coups de tête, sont en passe de battre tous les records d’inconstance et de désertion. Naturellement, ils ne sont pas seuls dans ce mouvement de va-et-vient. Ces individus et tous ceux qui sont dans la même situation qu’eux ne sont pas pour rassurer. Ils n’inspirent confiance ni à la population civile à laquelle ils n’apportent que désolation ; ni aux militaires pour qui ils représentent la première menace et la plus dangereuse, en tant qu’ennemis intérieurs. Une crise de confiance En clair, il y a une profonde crise de confiance. Avant les événements de mars 2012, l’armée, la grande muette, pour une fois ne cachait plus son opposition nette et tranchée quant à une réintégration d’anciens rebelles qui ont sur la main le sang de soldats maliens. Mais, il est aussi vrai qu’en république le militaire se soumet aux politiques dont il exécute les décisions. Il revient donc aux politiques de décider, en ne perdant néanmoins pas de vue de prendre en compte la dimension rupture de confiance entre l’armée et les anciens intégrés. La lucidité est d’autant plus de mise que les individus qui soutiennent n’avoir appris que le métier des armes pourraient abuser des bonnes dispositions des autorités et de la communauté internationale sous le couvert du DDR. La menace est en effet réelle que tous les touareg tombés en disgrâce en Libye pour avoir loyalement servi l’ancien régime ne soient infiltrés dans les rangs des rebelles. Dès lors l’on pourrait se retrouver avec des individus de toutes les origines candidats à intégrer les Forces armées et de défense. Or, à ce qu’on sache, l’armée malienne est républicaine et non une armée de mercenaires. Le gonflement des effectifs auquel l’on assiste depuis quelque temps, de la part du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) autorise à croire à une vaste machination. En effet, alors que leurs effectifs sont estimés à moins de 2 000 combattants, ces deux mouvements rebelles trouvent le moyen d’en revendiquer 10 000. Il y aurait-il chez eux une génération spontanée de combattants ? Nul n’est dupe. Il existe ailleurs un réservoir de personnes ils voudraient faire passer pour d’anciens combattants pris en compte par l’Accord préliminaire de Ouaga, notamment par le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion. Éviter les écueils du passé La lucidité s’impose également pour éviter de mettre dans le même panier les chèvres et les choux. Et pour cause dans cette affaire d’anciens combattants, il y a à boire et à manger ; il y a réellement les vrais ex-rebelles ; mais il y a également les anciens terroristes jihadistes. En l’absence d’étanchéité entre les deux camps (terroristes aujourd’hui et rebelles demain ou inversement) ; il est impossible de dire qui est qui. Et ce ne sont pas les listes fournies par les chefs rebelles qui feront foi la double casquette de certains d’entre eux étant notoirement connue. Ainsi le risque est grand d’intégrer dans l’armée de vrais terroristes sous la peau d’ex-rebelles. Ce qu’il faut aussi prendre en compte, c’est que le fait de n’avoir appris que le métier des armes ne saurait en aucun cas dispenser d’une reconversion. On a vu des militaires de carrière quitter l’uniforme et se livrer à d’autres activités professionnelles sans pour autant en mourir. Il ne serait donc pas au-dessus des forces de jeunes, dont certains n’ont même pas l’âge requis pour porter une arme, de s’adonner à ce qui leur permettra de se prendre en charge dans la vie. L’armée n’a jamais été une panacée. Aussi, importe-t-il d’éviter soigneusement les écueils du passé. Une démarche que la communauté internationale devrait pouvoir comprendre, elle qui a dû intervenir au pied levé pour parer aux conséquences des impertinences des groupes armés menés d’anciens soldats de l’armée régulière malienne et qui ont ouvert le Nord aux jihadistes-terroristes. Les rebelles, en ce qui les concerne, sont désormais à la croisée des chemins quant au choix stratégique à opérer suivant leur posture du moment. En tout état de cause, c’est aux autorités politiques qu’il incombera la dernière décision, en toute connaissance de cause.

Par Bertin DAKOUO

Source: Info-Matin

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