Le 15 décembre 2017 fut un vendredi noir pour la population de Kersigané, chef lieu de la commune de Konsiga, dans le cercle de Yélimané, région de Kayes. Les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles sur des jeunes ayant pris d’assaut la mairie du village pour exiger le départ du maire. Les mots employés par les témoins pour décrire les faits sont effroyables, tout comme les images choquante de plaies béantes sur les corps mutilés. En représailles, le consulat du Mali à Paris fut assiégé par une foule de ressortissants de la zone.
Très vite, la nouvelle de la répression du sit-in des jeunes de Kersigané a fait le tour du monde via les réseaux sociaux. «Affrontement, aujourd’hui, vendredi 15 décembre 2017, entre les forces de l’ordre (gendarmerie et Garde nationales) et la population de la commune de Konsiga (village de Kersigané, chef-lieu de la dite commune) », soulignant le poste d’un internaute indigné par les images choques circulant sur la toile mondiale.
Le bilan provisoire fait état de plusieurs blessés, au moins plus d’une dizaine, 14 personnes, selon des ressortissants de la zone. Le motif du sit-in : faire partir le maire de la commune rurale Tamassa Kébé. « Ils ne veulent que la démission pure et simple du maire. Depuis ce matin à 5 heures, dans un froid glacial, ces jeunes sont devant la mairie. Le maire fait appel aux forces de l’ordre pour qu’elles évacuent les jeunes, et ça dégénère », décrit un autre sympathisant du mouvement des jeunes.
Dans un communiqué diffusé le jour du drame, le Front d’actions pour la région de Kayes(FARK) « déplore les nombreux blessés et appelle au calme et à la retenue tout en demandant aux autorités de mettre tout en œuvre pour faire la lumière sur cet affrontement ». Jusqu’à samedi après midi, le gouvernement n’avait pas communiqué sur ce dérapage des forces de sécurité contre une population qu’elles sont censées protéger.
Le jour du drame, dans un élan spontané, l’ambassade du Mali en France a été prise d’assaut par les ressortissants de Yélimané. Qui a donné l’ordre aux forces de l’ordre de tirer à balle réelle ? Pourquoi les forces de l’ordre n’ont-elles pas fait usage du gaz lacrymogène? Telles étaient, entre autres, les questions que se posaient les proches des victimes.
La répression de ce sit-in pourrait compliquer davantage la situation politique dans le cercle de Yélimané où plusieurs acteurs s’accusent mutuellement. Entre Yelimané Dagakaané et l’ancienne classe politique incarnée notamment par des personnages comme Mamadou Awa Gassama, député élu à Yélimané.
Soumaila T. Diarra
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Liste partielle des blessés par balles, selon des proches des victimes
Papa Maro Kébé
Ehadji Mara Kébé
Samba Hatoumata Siby
Sillemanou Massita Dramé
Abdoulaye Mina Siby
Bakari Hawa Kébé
Demba Bédiara
Elhadji Maro Diakha
Naré Coulibaly
Source: Le Républicain