L’hôtel Maeva Palace de Bamako a servi de cadre le vendredi 20 Mai 2022, au lancement du rapport de l’étude sur les besoins des victimes de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes, réalisé par la Commission nationale des Droits de l’Homme (CNDH) en partenariat avec Avocat Sans Frontières Canada Mali.
La cérémonie d’ouverture de ce lancement était présidée par Cheick Tidiane Traoré, représentant le ministre de la Justice et de Droit de l’Homme, Garde des Sceaux, en présence du président de la CNDH, Aguibou Bouaré, et Abdoulaye Doucouré, coordinateur de l’ASF Canada Mali, ainsi plusieurs autres invités de marque.
La présente étude, selon le président de la CNDH, Aguibou Bouaré, a été réalisée dans un contexte particulier marqué par des abus et violations graves des droits de l’homme avec leur lot de victimes.
En effet, il a rappelé que depuis au moins 2015, un éveil de conscience conduit des citoyens considérés comme esclaves, par d’autres citoyens supposés être leurs maîtres, à se révolter contre leur statut. Selon le président Bouaré, les premiers ont donc entrepris de se soulever contre leur condition, alors que les seconds tentaient tout pour maintenir le statu quo né de la pratique de l’esclavage par ascendance, singulièrement dans la Région de Kayes.
La radicalisation des positions ne pouvait que conduire à des violences constitutives d’atteintes souvent graves aux droits de l’Homme, entrainant des déplacements forcés, des coups et blessures, voire des assassinats.
Face à ces atteintes à la dignité humaine, la CNDH, selon son président, a très vite estimé que les réponses apportées par l’Etat du Mali restaient insuffisantes, car laissant les victimes dans une situation de vulnérabilité infra minimale.
L’Institution nationale des Droits de l’Homme ne disposait pas de données fiables permettant de quantifier le nombre de victimes ou faire un état des procédures judiciaires entamées par les organisations de la société civile, les victimes et leurs représentants légaux. De même, elle ne disposait d’aucune donnée sur les besoins et attentes des victimes en termes de réparation et/ou de justice, a-t-il déploré.
C’est pourquoi, avec l’accompagnement de son partenaire stratégique, Avocats Sans Frontière Canada (ASFC), la CNDH, dans le cadre du projet « Soutenir la lutte contre l’impunité au Mali », la présente étude a été réalisée, a-t-il informé, avant de déplorer que malgré les efforts consentis par le gouvernement, à travers les ministères de la Justice et de la Réconciliation nationale, le phénomène de l’esclavage persiste sur fond d’abus graves des droits humains. Il y a deux jours, la CNDH a été saisie de nouveaux incidents ayant fait des blessés graves, a informé le président Aguibou Bouaré. Avant de lancer un appel à une synergie d’actions avec tous les acteurs des organisations de la Société civile et la CNDH comme tête de proue pour livrer ce combat, qui ne saurait être perdu. Il a également fait un appel aux autorités politiques, traditionnelles et religieuses afin qu’ensemble nous puissions agir pour protéger les victimes de violations et abus des droits de l’Homme, en respect des instruments juridiques nationaux et des engagements internationaux de notre pays.
Le coordinateur de l’ASF Canada, Abdoulaye Doucouré, a indiqué que cette étude aura permis, entre autres, de : Documenter le traitement judiciaire des cas d’esclavage par ascendance dans la région de Kayes, les attentes, besoins et perspectives des victimes, en particulier des femmes et autres
personnes en situation de vulnérabilité, afin d’étudier les hypothèses de réparations ; Réaliser une cartographie du nombre de victimes, décrivant le type de violences dont elles font l’objet ; Faire un état des lieux en matière d’accès à la justice pour les victimes d’esclavage en insistant sur les freins à leur participation aux processus judiciaires ; Déterminer l’état des besoins, attentes et perspectives des victimes de l’esclavage dans la région de Kayes.
AMTouré
Source: 22 Septembre