Investi de la confiance des Maliens qui l’ont porté à la tête du pays avec 77% des voix, lors du deuxième tour de l’élection présidentielle 2013, pour lutter contre la corruption, le népotisme, redresser l’école et restaurer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta a fondamentalement échoué dans toutes les attentes du peuple malien qui s’impatiente de plus en plus. En clair, considéré comme étant le candidat le plus présidentiable (homme de poigne) parmi tous les prétendants pour le fauteuil présidentiel, le Président IBK, après 10 mois à la tête du pays, traîne aujourd’hui derrière lui la mauvaise réputation « du plus mauvais président que le Mali n’ait jamais eu ». Pour cause, chuchote-t-on, de plus en plus, dans les « grins » et dans les coulisses de la haute administration, « il a échoué là où ses prédécesseurs se sont bien défendus ». S’achemine-t-on vers un revers de la médaille pour le régime ?
Avec IBK au pouvoir, combien de Maliens étaient prêts, en octobre 2013, à jurer la main sur le cœur que le Mali sera un Etat de quiétude et digne, qui suscitera l’admiration et l’envie des autres. Ils sont nombreux, voire très nombreux. Mais aujourd’hui, après 10 mois de gestion du pouvoir de celui que la quasi-totalité des Maliens voyaient venir en « prophète » ou encore en « sauveur », la surprise est indescriptible et le constat est accablant. La montagne a accouché d’une souris au regard de la précipitation avec laquelle le pays s’enfonce, de jour en jour, dans le gouffre. Car, le KO s’est installé dans tous les secteurs d’activités du pays. Plus étonnant, à défaut de maintenir le pays dans l’accalmie et la dignité que les autorités de la transition lui ont apporté, le Président IBK venu, disait-il, pour « restaurer l’honneur et la dignité des Maliens » est entrain de détruire tous les acquis de ses devanciers. L’Etat a cessé d’exister à Kidal depuis la visite forcée et populiste de Mara; la famille, les parents et amis du Président se sont emparés de tous les postes clés de l’Etat, l’école a été mise à terre par la fuite généralisée au DEF et au Baccalauréat, le pouvoir s’offre le luxe au détriment du peuple qui rase de plus en plus le mûr au moment que le pays perd ses partenaires stratégiques (le FMI, la Banque mondiale, l’EU) qui ont décidé de suspendre leurs aides à la suite de l’opacité constatée dans certaines dépenses effectuées par le pouvoir. En un mot, partout c’est le désespoir et l’inquiétude sur les visages. La preuve : après l’opposition et certains partis politiques de la mouvance présidentielle,c’est le peuple malien, longtemps resté dans le mutisme, qui commence de plus en plus à afficher son agacement contre la gestion calamiteuse et solitaire du pays par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita.Le ton de cet agacement des Maliens a été donné par l’Union nationale des travailleurs du Mali suite à la décision du gouvernement d’augmenter le prix de l’électricité et de l’eau. Pour ce faire le syndicat bande ses muscles et dénonce la mesure qu’elle qualifie de nature à détériorer le très faible pouvoir d’achat des Maliennes et des Maliens dans un contexte économique particulièrement difficile où les prix des denrées de première nécessité ne cessent de grimper. Aussi, le syndicat déplore le manque de volonté des autorités à recourir à la concertation et au dialogue avec les partenaires sociaux. C’est donc dire qu’après la déception des partenaires techniques et financiers du pays, c’est le peuple qui commence de plus en plus à manifester sa grogne contre le régime.
Youssouf Z KEITA