La situation sécuritaire au nord du Mali reste précaire. Le massacre d’une trentaine de Touareg par des éléments soupçonnés d’appartenir à l’ex-Mujao, lequel a, par ailleurs revendiqué l’enlèvement d’une équipe du CICR, samedi dernier, en est une parfaite illustration. Nouvelle preuve de cette insécurité persistante dans le septentrion malien, le mardi 11 février dernier, des forains qui revenaient d’un marché à bord d’un véhicule ont été attaqués et dépossédés de leurs biens par des hommes armés non identifiés, dans la localité d’Aglal, commune de Lafia, située à environ 45 Km de la ville de Tombouctou.
Comment mettre fin aux violences périodiques qui ravagent certaines localités du nord du Mali ? C’est la question qui taraude actuellement les autorités maliennes qui redoutent de voir la zone s’embraser de nouveau. Ainsi, depuis quelque temps, les obus ne cessent de tomber sur la ville de Gao sans que l’on sache qui en sont les auteurs. De la bouche même du maire de la ville qui participait à une réunion avec le ministre délégué de la coopération espagnole en visite dans notre pays, » ces obus sont tirés à 8 ou 9 km de la ville de Gao « .
Sans compter les multiples attaques terroristes qui ont lieu çà et là, dont la dernière en date remonte à décembre passé, lorsque deux casques bleus sénégalais ont péri dans un attentat-suicide perpétré à la représentation locale d’une banque à Kidal. La semaine dernière, l’annonce du massacre d’une trentaine de Touareg dans la localité de Tamkoutat par des éléments du Mujao (selon la thèse officiel) a été perçue comme un coup de poignard dans le dos de tous ceux qui déploient des efforts en vue de sécuriser cette zone. Pas plus tard que le samedi dernier, cinq membres du CICR dont quatre humanitaires et un vétérinaire ont été enlevés sur le tronçon reliant Kidal à Gao.
Cette fois-ci, c’est dans la région de Tombouctou que cette violence s’est transportée. En effet, mardi 11 février dernier, vers 18h, une bande de malfrats a attaqué un véhicule transportant des forains. Ces derniers ont été menacés avec des armes à feu puis dépossédés de tous les biens qu’ils avaient par devers eux. Ceux, parmi eux, qui ont tenté de résister ont été tabassés et laissés pour mort. Heureusement, on ne déplore aucune perte en vie humaine, seulement quelques blessés.
Il faut dire que les attaques du même genre se multiplient dans la région. Une source qui a requis l’anonymat pointe du doigt des rescapés des mouvements terroristes qui ont déserté le nord du Mali après le déclenchement de l’opération militaire franco-africaine. Ces derniers auraient trouvé refuge près de la frontière avec le Burkina d’où ils opèrent en toute impunité. Cette source déplore par ailleurs l’absence de patrouilles pour dissuader ces terroristes qui tentent ainsi de se reconstituer sans que l’on ne sache à quelle fin. Est -ce pour reconquérir le septentrion malien ? La question reste posée d’autant plus que certains terroristes avaient juré de se venger de la France et ses alliés après la cuisante défaite infligée à eux au nord du Mali.
Selon nos informations, même l’administration ne serait pas présente dans ces localités qui sont laissées à la merci de ces terroristes qui y sèment la terreur avant de regagner leur base. Il faut reconnaitre que malgré la libération de la quasi-totalité des régions, des poches de résistance subsistent encore, car aussi bien l’armée malienne, la force Serval ou les casques bleus de la MINUSMA ne sont présents dans ces localités. Il convient donc de renforcer les mesures de sécurité dans ces localités afin de permettre aux populations d’y vivre paisiblement.
Autrement, les mêmes causes qui ont conduit à l’occupation du nord Mali, une année durant, risquent de produire les mêmes effets.
Massiré DIOP
SOURCE: L’Indépendant