Le Mali veut se doter d’un cadre juridique et réglementaire régissant le secteur médiatique, adapté aux exigences et à l’environnement actuel de notre pays. L’atelier de quatre jours qui se tient, à cet effet, a débuté hier dans les locaux de l’institution commune à la presse nationale.
La cérémonie d’ouverture était présidée par le ministre de de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration, Harouna Mamadou Toureh. C’était en présence du ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les institution, Ibrahim Ikassa Maïga, du président de la Maison de la presse (MP), Bandiougou Danté, des représentants des partenaires techniques et financiers et des faîtières des médias. Cette rencontre a été initiée par la MP, en collaboration avec la Haute autorité de la communication (HAC) et le ministère en charge de la Communication.
Le Mali compte aujourd’hui près de 500 radios privées (commerciales, associatives, communautaires), 200 publications écrites en français et en langues nationales, une soixantaine de médias en ligne (portails, journaux, web TV) et une quarantaine de chaînes de télévisions. Cet essor extraordinaire des médias maliens a été favorisé par la mise en place d’un cadre législatif et réglementaire consolidé au fil des différentes journées de réflexion.
La dernière remonte à 2009, a expliqué le président de la MP. Bandiougou Danté a aussi rappelé qu’une des recommandations des 3è Journées de l’information et de la communication était d’engager un processus de relecture des textes et règlements régissant le secteur de l’information et de la communication au Mali. En 2010, a-t-il ajouté, des textes avaient été proposés aux pouvoirs publics. «Plus d’une décennie après, ils sont devenus obsolètes et ne répondent plus aux exigences d’un monde qui évolue rapidement», a noté Bandiougou Danté.
Dans le contexte actuel de refondation de l’État et avec l’arrivée de nouveaux acteurs dans le paysage médiatique, il est nécessaire d’évaluer le chemin parcouru, d’analyser sans complaisance les forces et faiblesses de notre arsenal juridique et réglementaire afin de dégager des pistes pour l’adapter à l’environnement actuel, a précisé le patron de la MP.
Il s’agira, selon lui, de redéfinir le statut du journaliste professionnel, la presse en ligne édité à titre professionnel, clarifier le statut des sites Internet personnels et les blogs édités à titre non professionnel. Le travail consistera également à définir les délits de presse et proposer des sanctions pécuniaires plutôt que la privation de liberté mais aussi de préciser les contours de la Convention collective de la presse, a exposé Bandiougou Danté.
S’agira-t-il également, selon lui, de mettre l’accent sur le caractère obligatoire et l’indexation de l’aide publique directe et indirecte aux recettes de l’État, de réviser les critères d’éligibilité à cette aide, renforcer les critères du régime de déclaration d’organe de presse et de proposer des solutions concrètes pour sauver d’une mort certaine le secteur de l’audiovisuel. Ce travail préalable est nécessaire et devrait être prioritaire. Car, aucune refondation n’est possible dans une démocratie sans une presse libre, indépendante et responsable, a interpellé M Danté.
Pour lui, seule une réelle volonté politique peut aider à trouver des solutions appropriées et durables aux maux des médias dans le cadre de la refondation de notre pays, souhaitée par les plus hautes autorités et par l’écrasante majorité des Maliens.
Cette volonté politique existe déjà, à croire le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration. S’adressant aux hommes de la presse, Harouna Mamadou Toureh a revélé qu’il a reçu des instructions du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta et du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, de s’approcher de la presse à travers la MP, la suivre, l’écouter, l’aider et la soutenir.
«Nous avons le devoir, hommes de presse et hommes d’État et citoyens maliens tout court, de refonder notre pays, de lui donner une seconde chance», a sensibilisé le ministre Toureh, confirmant que la refondation de l’État passe nécessairement par l’implication active des hommes de médias.
Makan SISSOKO
Source : L’ESSOR