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Réflexion sur la déclaration des présidents de Transition du Burkina Faso, du Mali et Niger, le 6 juin 2024 à Niamey, sur la création d’une confédération entre les trois pays.

Dans la Déclaration adoptée par les Présidents de Transition du Burkina Faso, du Mali et du Niger à Niamey, le samedi 6 juin 2024, ils se félicitent du “retrait irrévocable et sans délai” de leurs pays de la CEDEAO. Au même moment, la CEDEAO va tenir son 65e Sommet ordinaire à Abuja ce 7 juin 2024, c’est à dire le lendemain. La sagesse voudrait que cette organisation, dans une dernière tentative de conciliation, va accorder un délai de grâce aux 3 pays jusqu’à la date d’expiration de leurs notifications respectives de retrait pour acter leur départ.

Les trois pays doivent mettre à profit ce délai pour revoir leurs copies. S’agissant de mon pays, le Mali, on ne peut pas être initiateur et fondateur d’une vision, la porter pendant 49 ans et décider de s’en retirer avec deux autres membres pour construire une Confédération opposée à l’organisation que nous allons quitter pour la raison que celle – ci est à la solde d’intérêts étrangers. Que faisons-nous de toutes les avancées réalisées en presque 50 ans d’existence et d’expérience. Que faisons-nous de la libre circulation des personnes et des biens, du passeport, de la carte biométrique, des mesures de convergence qui ont demandé autant de sacrifices. Que faisons des sacrifices consentis par nos dirigeants de l’époque et par nos troupes au sein de l’ECOMOG pour ramener la paix au Libéria, en Sierra Léone. Avons-nous pensé à notre situation de pays sans littoral dont les biens et services transitent par les pays de la CEDEAO, à défaut de l’Algérie et de la Mauritanie. Avons-nous pensé que les trois pays de la Confédération sont parmi les pays les plus en déficit en termes d’Indicateurs de Développement Humain (IDH) au monde. Concernant le Mali précisément, notre Histoire avait déjà construit la “CEDEAO” depuis l’empire du Mandé. Nous avons essaimé dans tous ces pays. Nous y avons installé des communautés bien intégrées et prospères. Nous y avons créé des alliances par le mariage. Nous y avons laissé une empreinte culturelle et lingustique indélébile que personne ne peut rayer d’un trait de plume. Nous y avons créé des corridors commerciaux pour nos Dioulas, en plus d’en avoir fait des pays de transit vers le reste du monde. Que nous nous retirions de la CEDEAO serait un reniement de cette histoire riche en hauts faits. Sachons léguer à nos enfants un héritage de construction, de rassemblement et d’intégration, pas celui du repli sur nous-mêmes. Ce n’est pas malien. Nous sommes un peuple extraverti, qui embrasse le reste du monde. Sachons raison garder et reconsidérons notre décision pour l’amour et le respect que nous pour nos compatriotes dans les pays de la CEDEAO, pour la préservation de leurs droits Je propose que: – nous cessions de nous victimiser à chaque occasion et de prendre le taureau par les cornes en nous engageant résolument dans l’organisation pour en faire la « CEDEAO des peuples » à laquelle nous aspirons. Ne boudons pas, ne quittons pas la table. – nous préservions coûte que coûte les acquis des 50 dernières années; – que nous soyons une force de proposition pour impulser des idées innovantes dans l’organisation afin d’en faire puissant instrument de construction du Panafricanisme que nous professons, car ne l’oublions pas, la CEDEAO est l’un des 5 édifices de la construction de l’Union africaine en plus de la diaspora. – Si nous ne sommes pas d’accord avec l’ “ACTE ADDITIONNEL A/SA.13/02/12 ” d’Abuja, 16-17fevrier 2012, qui nous a infligé des sanctions inhumaines, alors dénonçons-le, mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Ne quittons pas la CEDEAO à cause de ce protocole. Aucune frustration ne peut justifier notre départ de la CEDEAO. Elle est notre création. Reformons-la au besoin. Ne la quittons pas.

Cheick Sidi Diarra Ancien Secrétaire Général adjoint des Nations Unies Kelendji2@gmail.com

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