Du président Alpha Oumar Konaré à feu Son Excellence Ibrahim Boubacar Keïta, en passant par feu le général président Amadou Toumani Touré (ATT), trois (03) tentatives de révision constitutionnelle qui n’ont pas pu réussir, cette fois-ci serait-elle la bonne ?
En tout cas, avec la convocation du collège électoral et l’ouverture de la campagne électorale, en ce jour vendredi 2 juin et le scrutin référendaire prévu pour le 18 juin 2023, tout semble faire croire que le scepticisme n’a plus de place.
Ceux qui n’y croyaient pas commencent à se réveiller pour prendre le train en marche.En tenant les Assises nationales de la refondation (ANR), le colonel président Assimi Goïta et son équipe avaient promis aux Maliens une application intégrale des conclusions qui sortiront de cette rencontre, et pour concrétiser cette promesse, il avait été décidé de créer une commission de suivi de l’application des résolutions de ces assises.
Parmi les recommandations phares, il y figure en bonne place la révision de la Constitution de 1992, jugée comme une impérative pour la refondation de l’État en vue de pallier toutes les imperfections contenues dans cette dernière et qui ne permettaient pas de prémunir notre pays des multiples soubresauts qu’il a connus ces dernières années.
Il ne restait plus pour les colonels que d’honorer leur promesse.Malgré l’unanimité sur la nécessité de la révision de la Constitution de 1992 en vue de l’adapter aux nouvelles réalités du moment, aucun président démocratiquement élu, de Alpha Oumar Konaré à feu Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), en passant par le général président feu Amadou Toumani Touré (ATT), n’a pu réussi à réaliser ce projet.
Tous ont essayé de procéder à cette révision mais face à la pression populaire, ils furent obligés d’abdiquer. Donc, pour les colonels plus question de tergiverser là-dessus. C’est pour quoi ils ont mis la machine pour la révision avec la création d’une Commission de rédaction de la nouvelle Constitution.Par souci d’inclusivité et avec l’espoir d’avoir tout le monde autour de ce projet majeur, le colonel président et son équipe ont mise en place une méthodologie participative qui a constitué à aller à la rencontre de tout le monde, classe politique, société civile, autorités traditionnelles et coutumières et même les organisations syndicales et faîtières.
Tous ont été reçus par le président Goïta pour recueillir leurs propositions et suggestions. C’est ainsi que pour prendre en compte ces préoccupations soulignées par les uns et les autres, préoccupations jugées pertinentes et légitimes qu’une Commission de finalisation fut mise en place par leur soin en vue de les intégrer dedans. C’est au terme des travaux de cette commission qui lui a remis son rapport que le président Goïta a pris le décret de validation de la proposition de nouvelle Constitution qui sera soumis au référendum. C’est en ce moment que le réveil fut brutal pour ceux qui n’y croyaient pas du tout à une telle possibilité.
Depuis lors, des voies ont commencé à s’élever pour remettre en cause ce projet. Chacun s’y oppose avec ses arguments.Si pour certains, cette révision programmée est illégitime et illégale parce que n’étant pas du ressort d’un pouvoir de transition de procéder à tel acte, d’autres pensent que c’est un stratagème pour les militaires de remettre en cause les acquis de la révolution du 26 mars 1991 pour confisquer le pouvoir, d’autres également justifient leur opposition sur l’argumentaire de l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation issu de processus d’Alger qui pour eux est un projet de partition du pays, d’autres également avec d’autres arguments et non le moindre tel que le concept de laïcité.
Cependant, malgré toutes ces agitations, rien ne semble fléchir les colonels déterminés à aller jusqu’au bout de ce projet. C’est pourquoi, si certains balançaient l’argument selon lequel la carte biométrique prévue comme seule carte d’électeur n’est pas disponible, pour couper court à cela, ils ont décidé d’autoriser le vote par toute pièce administrative servant d’identifiant comme la carte d’identité nationale, la carte NINA, le passeport et même le permis. Tout est mis en place où est en train d’être mis en place pour que le dimanche 18 juin prochain, date prévue pour le scrutin, les Maliens puissent enfin se prononcer sur l’adoption ou non d’une nouvelle Constitution, même l’argumentaire évoquant le nouveau découpage territorial a été rendu caduque par l’adoption d’un décret définissant la nouvelle configuration administrative de notre pays.
Conscient qu’il est impossible, dans une démocratie d’avoir l’unanimité et fort du soutien populaire dont ils disposent, tous ceux-ci nous permettent de penser que les colonels semblent tenir le bon bout pour réussir là où leurs prédécesseurs n’ont pas pu réussir.Apparemment, rien ne semble être à mesure d’arrêter les colonels. Ce qui semble être vite compris par bon nombre de responsables qui n’hésitent plus à s’engager dans le processus en appelant leur militants non seulement à s’y implanter mais aussi et surtout à voter pour.
Daouda DOUMBIA
L’Inter de Bamako