Qui de l’armée malienne ou de la CMA est le maître de Ber ? En tout cas, la Minusma a annoncé le dimanche 13 août dernier avoir « anticipé », pour des raisons de sécurité, son retrait du camp de Ber. Et les Forces armées maliennes affirment l’avoir récupéré « après de nombreux incidents » avec les groupes « terroristes » et malgré la convoitise de l’ex-rébellion touarègue.
« La Minusma a anticipé son retrait de Ber en raison de la dégradation de la sécurité dans la zone et des risques élevés que cela fait peser sur ses Casques Bleus », explique la Mission des Nations unies au Mali dans un message diffusé sur X (anciennement Twitter), sans précision sur la date de départ initiale prévue et les effectifs. Elle « invite les différents acteurs concernés à s’abstenir de tout acte qui pourrait davantage compliquer l’opération ».
L’armée malienne, dans un communiqué publié, le dimanche soir, dit contrôler le site, désormais.
Les Forces armées maliennes (Fama) ont expliqué dans ce texte que, « dans le cadre du processus de rétrocession des emprises de la Minusma, elles ont « pris possession du camp de Ber ce 13 août aux environs de 8h30 [heure locale], après de nombreux incidents ayant émaillé le mouvement de [ses] unités ».
Sur le chemin menant à Ber pour récupérer le camp, elle rapporte divers incidents avec « les GAT » (groupes armés terroristes), dont « une tentative d’incursion dans le dispositif et des tirs de harcèlement » contre ses troupes, le 11 août et d’autres « affrontements » ayant fait au total « six morts et quatre blessés » dans ses rangs. Des « tirs sporadiques » ont visé dimanche les soldats qui progressaient vers Ber, selon le même texte, qui ne précise pas l’identité des assaillants.
Le mouvement des FAMA’s crée la panique dans le rang de l’ennemi
Alors que la mise en œuvre de l’accord de paix est sabotée par des groupes armés et leurs alliés, la rétrocession à l’armée malienne des camps de la Minusma, en particulier à Ber, fait courir le risque d’une reprise des hostilités entre les groupes indépendantistes et Bamako. Sommes-nous proche de l’éclatement d’un nouveau conflit au Mali ? Depuis plusieurs mois, le fossé se creuse entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et l’armée malienne.
Pourquoi la situation s’est-elle envenimée ? Le retrait de la mission de l’ONU (Minusma), à la demande des autorités de transition, serait à l’origine de cette dernière crise. La CMA accuse le pouvoir de la transition de chercher à y prendre le contrôle des bases abandonnées. Le 10 août dernier, l’ex-rébellion touareg du nord du Mali par la voix du porte-parole du Cadre stratégique permanent (CSP), une coalition de mouvements politiques et militaires indépendantistes du nord du Mali affirmait ne plus être en sécurité à Bamako. Elle avait alors décidé de faire quitter la capitale à tous ses représentants. “Notre direction estime que nous ne sommes plus en sécurité dans la capitale et que les raisons de notre présence au nom de la CMA sont entièrement compromises“, affirmait Attaye Ag Mohamed, chef de la délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
Quant aux forces armées maliennes (FAMA), elles affirment avoir “riposté vigoureusement” à “une tentative d’incursion dans leur dispositif et à des tirs de harcèlement” de la part de “terroristes“. Cet affrontement a fait un mort et quatre blessés côté armée selon les FAMA. “Les terroristes dans leur débandade ont abandonné quatre corps, plusieurs motos et des matériels militaires“, ont indiqué les Fama sur leur page.
En attendant, les analystes sont unanimes que ces actes marquent, « le début des hostilités » entre les partisans de l’État indépendantiste de l’Azawad et les autorités légitimes de Bamako.
Arouna Traoré
Nouveau Réveil