Le basketball malien est-il en train de traverser sa plus grave crise depuis le refus des Aigles seniors de Basket de jouer leurs deux premières sorties face à l’Ouganda et au Nigeria au Rwanda (Kigali), il y a quelques jours, pour le compte de la troisième fenêtre des qualificatifs de la coupe du Monde 2023 ? C’est par l’affirmative qu’on répond à cette interrogation. Le refus des Aigles A de Basket de jouer ces matchs a été synonyme de disqualification par la FIBA, conformément aux règles de la compétition. Du coup, le Mali a été éliminé de la compétition.
Les responsables sportifs, notamment le Ministère en charge de la jeunesse et des sports, la Direction nationale de l’éducation physique et sportive (DNSEP) et la Fédération Malienne de Basketball condamnent l’attitude peu courtoise, mal polie des Aigles A de Basketball. Ces derniers sont taxés d’avoir déçu, humilié, terni, sali, déshonoré le pays. Ces dénonciations des dirigeants sportifs, notamment de Basketball n’ont pas suffit. La Fédération Malienne de Basketball est passée à la vitesse supérieure. Ainsi, le 5 juillet 2022, dans un communiqué signé par le 2ème vice-président de la Fédération Malienne de Basketball, Mety Ag Mohamed, elle déclare avoir radié 7 joueurs parmi l’effectif de la sélection. Il s’agit précisément d’Ibrahim Djambo; Mahamadou Kanté; Ibrahima Saounera; Sadio Doucouré; Drissa Ballo; Oumar Ballo; et Ibrahim Sidibé. Cette sanction a été prise, selon l’instance dirigeante du basketball malien, après analyse du rapport du délégué fédéral et des pièces à conviction (vidéo postée par les joueurs réfractaires sur les réseaux sociaux) justifiant leur hargne à humilier le pays, et conformément aux articles 49, 50 et 82 des Règlements Généraux. Continuant sa justification, la Fédération du Basketball estime que cet acte inédit est contraire à nos valeurs ancestrales fondées sur l’honneur et la dignité, sur lesquelles est bâti notre comportement sportif. «Aucun motif, soit-il fondé, ne doit amener un sportif à humilier son pays », dit le communiqué de radiation. Et de poursuivre en ces termes : « En dépit de toutes assurances données par le Ministère en charge des sports à travers le bureau Fédéral, vous avez osé mettre l’image du Mali devant la scène internationale de la façon la plus négative».
Pourquoi sommes-nous arrivés là ?
Les joueurs ont refusé de joueur parce qu’ils réclamaient le paiement de leurs primes, comme cela leur avait été promis avant leur départ pour Kigali. Le non paiement de leurs primes avant qu’ils jouent, était le manque de respect de trop à leur égard et à l’égard de tous les autres basketteurs, qui n’ont toujours pas reçu leurs arriérés depuis plusieurs années. A cela, s’ajoute la dénonciation de la mauvaise préparation du voyage sur Kigali depuis Bamako, d’où l’équipe a dû partir avec dix (10) joueurs au lieu de douze (12) normalement.
A dire vrai, les joueurs ont leur part de responsabilité dans cette humiliation. Il ne fallait pas accepter d’aller sans avoir les primes. Sur ce point, ils ont fauté.
L’autre vérité crue est que ni la Fédération Malienne de Basketball, ni l’Etat malien, à travers le département de la jeunesse et des sports, n’ont la confiance des joueurs. Ces derniers ne croient pas en ces instances sportives qui, semble-t-il, les bernent toujours concernant leurs primes. Ils ont fait référence aux cas de leurs devanciers qui continuent de réclamer leurs primes depuis deux ans. Mais, on fait semblant de n’être au courant de rien. Pourquoi au lieu de sanctionner ces jeunes qui ne réclament que leurs droits, l’Etat ne se sanctionne-t-il pas lui-même ou ces agents qui ont la charge de tout faire pour éviter ces genres de situation d’humiliation au pays? Comment un Etat « sérieux et exigent » peut engager ses fils sur le champ de bataille et ne pas les mettre dans leur droit ? Des promesses sont faites, mais ne sont pas respectées pour la plupart, cela, au vu et su des responsables de l’Etat. Personne n’en parle ou n’en fait son souci. La Fédération qui est censée défendre ces joueurs pour éviter des situations tristes comme celle que nous vivons aujourd’hui, selon nos informations, semble piper dans la même pipe que le département. Sur qui alors compter entre ces deux structures ? La réponse est que les joueurs ne font confiance à aucune des ces deux instances chargées de s’occuper d’eux. Voilà pourquoi ils ont réagi ainsi pour que de telles pratiques cessent dans le Malikura que nous prônons.
Radier ces jeunes joueurs n’est nullement la solution. Parce que c’est pour fabriquer d’autres Ibrahim Djambo; Mahamadou Kanté; Ibrahima Saounera; Sadio Doucouré; Drissa Ballo; Oumar Ballo; et Ibrahim Sidibé. En somme, tant que les dirigeants sportifs, notamment les fédérations et le département de la jeunesse et des sports ne n’arrêtent pas de faire des promesses sans suite, il y aura toujours des actes de refus, d’abandon en « plein vol » de ce genre dans notre pays.
Dirigeants sportifs, responsables étatiques, soyez francs, respectez la parole donnée et cessez de faire tourner en rond les sportifs comme des mendiants derrière leurs primes qu’ils ont obtenues à la sueur de leurs fronts.
A bon entendeur salut !
Hadama B. FOFANA
Source : Le Républicain