Mon ami,
Le monde s’est souvenu du 11 mai 81 qui a vu partir Bob à 36 ans. Les générations hip hop gardent fraîche en mémoire ce 13 septembre 96 qui leur a arraché Tupac à 25 ans. Les adeptes de pop music ont eu plus de chance de voir leur roi partir à 50 piges ce 25 juin 2009 tragique. Mais il y a aussi que l’Afrique du Sud qui tue en ce moment d’autres Noirs avait ôté la vie à Lucky Dube un 18 octobre 2007 d’émoi. La planète a été secouée par les disparitions de ces stars, vraies légendes de notre histoire contemporaine.
Ces dates et d’autres encore nous sont revenues en mémoire au lendemain du jour d’Arafat, quand, cabrant sa moto, le Daïshi, prenait un rendez-vous brutal avec la grande faucheuse. C’était dans la nuit du 11 au 12 août dernier. Ce jour-là, il y a à peine un mois, le monde entier a décerné un trophée longtemps refusé au Yorobo, le Sao Tao de sa “Chine” de fanatiques : la reconnaissance de sa suprématie sur la music urbaine du coupé-decalé et sur la philosophie qui en découle.
Les Chinois, mon ami, sortant de terre comme des Ashantis Kotoko, sont apparus partout : à Abidjan dans tous les âges, dans toutes les corporations et de tous les quartiers ; de Kinshasa la belle à Brazza l’historique, à Douala comme à Yaoundé où tu séjournes, de Paris à New York, de la Russie à la Chine continentale, du Canada au Brésil, mon cher, DJ Arafat a gagné des milliers de cœurs. Un mois après son décès, l’illusion d’un retour miraculeux ne nous quitte toujours pas. Car tous, nous nous sentons un peu Chinois. Demain, il faudra que les sociologues définissent le profil du Chinois et que les philosophes décryptent les vraies profondeurs de cette affaire et de son mode de vie. Mais en attendant…
Il semble que notre époque veuille saisir l’occasion de ce départ tragique pour rendre un hommage éternel au Yorobo parti de zéro pour écrire sa légende. Au stade qui le célébrait, on a entendu des chansons dédiées. On annonce ici un musée, là une fondation, là encore un livre là où il en faudrait plusieurs… Et j’en passe. Même si certains se plaignent de ces nouveauté, je dis : ” Il faut bien commencer quelque part. “
Il est sans doute trop tôt pour faire le point de la question DJ Arafat. Je tais volontairement ses clash et buzz, qui participaient du game. Je regarde aujourd’hui le paysage musico-artistique de Cote d’Ivoire et, pour sûr, un ressort est cassé. Le coupé-decalé ne fait pas plus de bruits que le rock ‘n roll ; décomplexons-nous donc.
Qui était DJ Arafat pour vous ? Quelle mémoire gardez-vous lui ? Qui doit écrire son histoire ?
Ce sont des questions africaines ouvertes. Vos avis nous intéressent.
Paix sur le Yorobo ! Yako aux Chinois !
À lundi.
Source: afrikmag