La direction du journal a accordé quelques semaines de congés à la rédaction. Nous profitons de la reprise pour témoigner toute notre reconnaissance à nos fidèles lecteurs et inconditionnels de la rubrique “Que sont-ils devenus ? ” Pendant cette période de repos ils nous ont appelés de l’intérieur comme de l’extérieur pour s’enquérir des nouvelles de la rubrique. Ils ont pour noms : Me Ousmane Thierno Diallo, ancien secrétaire général de la Fémafoot, Mamadou Doumbia dit l’Homme de Radio Kledu, le doyen Amara Diombera, Ousmane Abou Samba Ouleye dit Boubou Diallo de Kayes, Boubacar M. Diallo dit Sepp Maër du COB, le jeune Ibrahim Dembélé de l’agence de voyage “Continent Tours”, Lamine Souley Sidibé, ingénieur-conseil. Bref, nous avons profité de ce break pour rencontrer l’ancien gardien international du Stade malien de Bamako, Aly Diop. Il est issu d’une famille où tous les enfants savent garder les buts. Difficile pour lui d’expliquer cet état de fait, mais il est évident que cela est une réalité dans leur famille. De Maciré Diop à Moriba Diop en passant par les neveux… En un mot, le poste de gardien est une réalité dans la famille Diop. Qui est Aly Diop ? Sa carrière ? Ses aventures ? Sa retraite ? L’enfant de Bolibana est notre héros de la semaine pour l’animation de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”
Il est difficile d’analyser pour comprendre les raisons qui ont fait qu’Aly Diop ne fut pas ce grand gardien à la dimension de son talent qui devait plutôt le conduire loin, non seulement en équipe nationale, mais aussi dans les grands clubs africains et pourquoi pas européens ? Oui l’homme avait des qualités rares chez un portier modèle.
Aly Diop régnait en maître absolu dans les duels aériens, il avait l’air de jouer des pieds chaque fois qu’il était sollicité pour les passes en retrait par ses défenseurs. Il soutient mordicus que les gants n’ont aucun impact sur les prestations d’un gardien de but. Celui-ci peut trouver des faux fuyants pour accuser les gants à la suite d’un but encaissé ou d’une bourde monumentale. Ses prises de balles étaient rassurantes. Voilà pourquoi le ballon ne lui échappait jamais au grand dam des renards de surface comme Tostao.
Cela nous rappelle ce match-aller de carré d’as du championnat national en 1989 entre l’AS Firhoun de la Commune III et le Stade malien de Bamako. Aly Diop a tellement sorti de ballons, que les attaquants Stadistes ont créé un incident, occasionnant l’arrêt du match. Tostao a profité d’une sortie de balle pour s’engouffrer dans les buts pour chercher cette chimie noire, qui en réalité n’existait pas. Seulement Aly Diop était imbattable ce jour-là. Et le journal Podium trouva ainsi les mots justes pour illustrer son poster central en le titrant “Les gris-gris d’Aly Diop”. Pour être honnête, très précis et concis, l’homme était un gardien exceptionnel, pour lequel la nature en a décidé autrement.
Sans complexe
Actualités obligent, nos premières questions ont porté sur la Coupe d’Afrique des nations qui se joue présentement au Cameroun. Ses impressions sur la Can-2021 ? Quelles explications aux difficultés des favoris ? Voilà ce qu’il en dit : “Dans cette compétition, tous les matches sont difficiles parce que les temps ont changé. Autrefois, il y avait des favoris réels, l’ordre préétabli était respecté. Aujourd’hui, le constat est que les centres de formation portent fruit. La preuve ? La Guinée équatoriale a battu la championne d’Afrique en titre, l’Algérie. Donc pas de sous-estimation ! Les difficultés des favoris ou des grands sont dues à l’évolution du football dans le monde. Pratiquement tous les pays ont des professionnels, qui se côtoient dans les différents championnats européens. Dans ce cas, il n’y aurait pas de complexe. Les niveaux techniques se valent. Ce qui n’était pas la même chose dans le temps.
Sa présence comme spectateur aux séances d’entraînement de l’AS Réal a influé sur sa volonté d’emboîter le pas à son aîné, Maciré Diop. Surtout que celui-ci lui faisait garder les buts quand il jouait dans le vestibule familial. Ses prestations dans le quartier avec ses copains l’ont conduit au centre de formation du Djoliba en 1985. Dans la catégorie d’âge des Rouges, Aly Diop n’aura passé qu’une saison et demie. Au début de la saison 1986-1987, il rejoint l’AS Firhoun de la Commune III à laquelle les autorités politiques avaient assigné la montée en première division. Elles réussiront le pari la même année.
L’équipe communale a donc accédé à l’élite avec les Oumar Diarra dit Eder, Mamadou Maïga dit Parisien, Faliké Diarra, Ibrahima Diarra dit Batché, Moussa Fofana dit Herbin, Amadou Koné dit Champion, Soumaïla Coulibaly, etc.
L’encadrement technique pour ne pas démotiver Aly Diop au profit du titulaire Pancho, va opter pour l’alternance entre les deux portiers. La saison suivante, suite à la blessure du gardien de but principal, le jeune Aly Diop s’impose incontestablement, jusqu’à son départ au Stade malien de Bamako au début de la saison 1990- 1991.
Avec la Commune III, il remporte la Coupe de la ligue contre les Blancs de Bamako, joue le Carré d’as (1988-1989) et s’incline en demi-finale de la Coupe du Mali face à l’AS Réal (3-2) en 1989. Cerise sur le gâteau : Aly Diop est sélectionné en équipe nationale pour le tournoi Red Star en France.
Au Stade malien, il passe cinq saisons (1990-1995) couronnées par : trois coupes du Mali (1992, 1994, 1995), trois titres de champion (1993, 1994, 1995), deux doublés, une Coupe Ufoa. Sélectionné pour la première fois en équipe nationale en 1990, il n’a quitté les Aigles qu’après le match contre la Guinée-Conakry en éliminatoires de la Can de 1996. Aussi, il a participé à la Coupe Cabral à Dakar en 1992, aux Jeux africains en Egypte (1991), les éliminatoires de trois Can (1992, 1994, 1996).
Bonne foi contre mauvaise foi
Du Stade malien Aly Diop transfère au Djoliba AC, mais il n’a joué qu’un seul match avant de s’envoler pour l’Egypte. Cette aventure fut un fiasco. Que s’est-il passé ? Quelle a été l’issue des autres opportunités ? ” En 1994, le club d’Assouan d’Egypte m’a contacté pour un contrat professionnel. Après le test qui a été concluant, les dirigeants m’ont demandé d’attendre la période des transferts. J’ai rejeté cette proposition, et je suis retourné au Mali. Mais la lourdeur administrative liée à la délivrance du passeport, m’a mis en retard, ce que je ne savais pas. Une fois sur place, la surprise désagréable a été que le délai des transferts était clos. Très déçu, j’ai regagné Bamako. Quelques semaines après, mon manager m’a proposé une équipe au Qatar, El Ahly. Pour le respect des règles de la Fédération, il fallait que je change de nationalité. J’ai été utilisé comme junior. Malheureusement, j’ai été découvert par un entraîneur égyptien, qui était fréquent au Mali, Amany. Il a dit que j’ai joué dans toutes les catégories de l’équipe nationale du Mali. J’ai écopé d’une suspension de quatre matches. Au bout d’une saison, j’ai plié bagages pour le Mali” ”
Aly Diop décide ainsi de mettre un terme à sa carrière. Sur instance de Daouda Diakité dit Darou, il joue quelques matches avant de prendre sa retraite footballistique. Excellent formateur de gardiens de but, Aly Diop fera le tour des différentes équipes : la Jeanne d’Arc pour quatre saisons, le Stade malien (deux saisons). Avec les Blancs de Bamako son départ frôle la rupture. Et pour cause !
“Ce qui s’est passé quand j’étais dans l’encadrement technique du Stade m’a choqué. Parce que ma bonne intention a été mal interprétée. En effet, j’ai recommandé un jeune joueur très talentueux au coach Kamel Djabour. Celui-ci en bon technicien n’a posé aucun problème. Mais c’est plutôt Cheick Diallo qui en a fait une affaire d’Etat. Au-delà des remontrances à mon égard, suivi de mes excuses, il n’a pas mis balle à terre. Quarante-huit heures après, Cheick Diallo m’a dit que sur ordre du président, mon contrat sera résilié à la fin du mois. Très exacerbé par cette attitude, j’ai immédiatement mis fin à mes fonctions de préparateur des gardiens, et j’ai quitté Sotuba. Dougoutigui ayant appris que je ne fais rien m’a fait appel par deux fois : d’abord à l’AS Police, puis à l’AS Douanes. Actuellement, j’entraîne les gardiens du FC Siman de la Commune III”.
Les bons souvenirs d’Aly Diop se résument aux deux doublés qu’il a réalisés avec le Stade malien de Bamako et la Coupe Ufoa. Au tableau des mauvais souvenirs, il retient le carton rouge qu’il a pris contre la Guinée-Conakry, en éliminatoires de la Can, et cette demi-finale de la Coupe du Mali de 1999. Après le match, des gants ont disparu dans les vestiaires. Le lendemain ses mains se sont enflées, du coup il a raté la finale. Aly Diop est marié et père de cinq enfants. Dans la vie, il aime la vérité et déteste le mensonge
O. Roger
Tél (00223) 63 88 24 23
Source: Aujourd’hui-Mali