Le 31 août dernier, l’internationale malienne de 29 ans a annoncé la fin de sa carrière de basketteuse. C’était quelques jours, après son sacre en championnat national avec l’équipe de l’AS Police. Celle qui a joué au Djoliba, à Fath Union Sport du Maroc et dans le championnat universitaire américain, entame désormais sa reconversion et ambitionne de devenir entraîneuse. Retour sur la riche carrière de l’une des meilleures meneuses de l’histoire du basket-ball malien
«Alhamdoulillahi pour l’opportunité et toute la chance qu’Allah Soubahana Watala m’a donné pendant des années au basket-ball. Je dis : Merci ! Ayant débuté le basket-ball, un héritage familial, dès l’âge de six ans, je vide aujourd’hui ma cartouche après 13 années de carrière internationale couronnée de beaux succès et des expériences enrichissantes» ! C’est par ces mots que la talentueuse joueuse a annoncé sa retraite sur sa page Facebook, le 31 août dernier. Retraite précoce ? Pas forcément pour celle qui a commencé à jouer au basket à 8 ans et qui a passé 13 ans au très haut niveau.
Très sage, elle a pris conscience qu’il faut savoir partir à temps et laisser la place aux jeunes avant d’être poussée vers la porte, surtout que le Mali a un potentiel énorme chez les filles.Née dans une famille de sport, notamment de basket (son père, Boubacar Maïga, sa mère, Aminata Fofana Maïga «La Pantha» et ses sœurs, Hamchétou Maïga Bâ et Kaba Hawa Ba sont tous des anciennes gloires du sport malien), Aïssata Boubacar Maïga est considérée comme l’une des joueuses les plus talentueuses de notre pays. Formée au Djoliba, elle a participé à la Coupe d’Afrique des clubs champions au Kenya en 2008.
La même année, elle effectue sa première sortie avec l’équipe nationale cadette en Guinée-Bissau. Capitaine de cette sélection, elle termine 2è du tournoi avec ses coéquipières et est élue dans le «5 majeur». L’année suivante (2009), Aïssata Boubacar Maïga participe à la Coupe du monde junior en Thaïlande avec la sélection nationale U20 qui ouvre les portes de la sélection A à la jeune meneuse. Son premier grand rendez-vous avec les Aigles sera l’Afrobasket de Madagascar où les Maliennes s’adjugent la médaille d’argent (2è du tournoi).
RETRAITE SANS AUCUN REGRET- En 2010, «Ma chérie», comme l’appellent familièrement les supporters dispute la Coupe du monde senior en République tchèque puis enchaîne avec l’Afrobasket, organisé en 2011 par notre pays. Aïssata Boubacar Maïga et ses coéquipières tombent en demi-finale face aux Sénégalaises, mais se rachètent en remportant la médaille de bronze face au Nigeria.
Un an plus tard (2012), l’internationale malienne fait parler aux états-Unis, elle remporte le titre de championne de sa conférence et conduit les siennes à la 2è place du Gulf Coast State College de la Floride. Lors de la saison 2012-2013, la Malienne est sacrée championne de l’état de Floride et 4è Nationale des USA.
Avec les Aigles Dames, elle se classe deux fois 5è de l’Afrobasket en 2013 et 2015. Une saison 2015 marquée par le premier trophée international de la meneuse qui se hisse sur la plus haute marche du podium. En 2017 et 2019, Aïssata Boubacar Maïga remporte la médaille de bronze à l’Afrobasket avec la sélection nationale, avant d’enlever son deuxième trophée aux Jeux africains de la plage en 2019.
C’est donc sans regret qu’elle annonce aujourd’hui la fin de sa carrière de joueuse. «Tout sauf des regrets. Je vais hors du terrain le cœur paisible, car je n’ai jamais joué avec incertitude. J’ai toujours tout mis sur le parquet, aussi bien aux entraînements que lors des matches», assure Aïssata Boubacar Maïga. Pour sa carrière, ne lui demandez pas surtout quels sont ses meilleurs souvenirs parce qu’elle vous dira que tous les moments sont «sacrés». «J’ai énormément appris de mes échecs et de mes succès», explique-t-elle.
«Que de beaux souvenirs et de belles expériences. Je reste reconnaissante à ce sport, il a fait de moi la femme que je suis aujourd’hui. Grâce à cette discipline, je me suis fait plein de connaissances, rencontré des personnes formidables, j’ai voyagé, j’ai fait des études, bref, le basket m’a permis de vivre des choses que je n’oublierai jamais», souligne la jeune retraitée.
TOUJOURS LE MEME ENGAGEMENT POUR SERVIR LA PATRIE- Aïssata Boubacar Maïga met fin à sa carrière de joueuse, mais reste toujours résolument engagée au service du basket-ball. «Je sors, mais je reste autour du terrain en changeant de casquette à travers ma reconversion de joueuse à celle de coache.
Je ne serai pas dans le terrain rectangulaire à courir, sauter, glisser ou shooter, mais je prends dorénavant la casquette de celle qui dirigera et guidera autour des quatre lignes de ce beau terrain», confie l’ancienne meneuse des Aigles. Et de préciser, «quant il s’agit de servir le Mali, je serais toujours debout sur les remparts. Maintenant, je pense à servir la jeune génération à travers le coaching afin d’impacter et changer des vies et pourquoi pas, avoir un trophée continental».
Membre fondatrice de l’organisation Youth For Change-Mali, alors qu’elle était joueuse universitaire aux états-Unis, «Ma Chérie» est une référence pour sa génération, notamment les joueuses qu’elle a côtoyées au sein de l’Equipe nationale féminine senior.
«Les mots me manquent pour évoquer la personnalité de ma sœur Aïssata Boubacar Maïga et la brillante carrière qui fut la sienne», témoigne Nagnouma Coulibaly, l’une des meilleures rebondeuses du basket féminin du Mali. «Je te dis merci pour ces années passées à tes côtés, des moments forts de joie, de bonheur et souvent de tristesse.
Tu es une grande patriote qui va manquer au basket malien, car tu nous as données de la confiance, de la joie de vivre à un moment aussi important dans notre vie… Ma Chérie, on ne t’oubliera jamais. Que Dieu, le Tout-Puissant, te protège», a ajouté émue l’internationale malienne.
Et au moment de tourner la page de joueuse et d’ouvrir celle de coache, Traoré Aïssata Boubacar Maïga manifeste sa reconnaissance à sa famille, à son cher époux (un jeune officier malien), à l’AS Police, au Djoliba, à la presse et à toute la famille du basket-ball malien pour leur «soutien, estime et encouragement durant ma modeste carrière».
Un beau monde qui lui souhaite plein de succès dans cette nouvelle étape de sa vie.
Moussa Bolly
Source : L’ESSOR